Le terroriste qui a tué sept agents de la CIA sur une base américaine en Afghanistan était l’homme responsable de la fatwa lancée contre le professeur toulousain Robert Redeker.
«Que dieu nous envoie un lion pour décapiter cet homme et la tâche n’est pas impossible si le lion vit en France et s’il s’en remet à Allah ! » Ce message, le premier d’une longue liste, a été posté en septembre 2006 sur Al-Hesba, un forum Internet proche d’Al-Qaïda. Il vise directement Robert Redeker et constitue ni plus ni moins une fatwa, lancée contre ce professeur de philosophie toulousain qui, quelques jours plus tôt, avait publié dans « le Figaro » une tribune critique sur l’islam.
Le 31 décembre, le responsable du forum Al-Hesba, Humam Khalil Abu-Mulal al-Balawi, s’est donné la mort en activant une ceinture d’explosifs au sein d’une base américaine en Afghanistan. En perpétrant cet attentat-suicide, il a tué huit personnes : sept agents de la CIA et un agent jordanien. Six autres ont été blessés.
Une infiltration réussie
Cet attentat constitue une véritable victoire pour Al-Qaïda dans la mesure où Al-Balawi avait été approché par les Etats-Unis pour devenir agent double de la CIA. Une infiltration réussie puisque, selon le « New York Times » d’hier, citant des responsables du renseignement américain, Al-Balawi était considéré comme sa meilleure source sur Al-Qaïda…
L’histoire de cet agent double commence il y a plus d’un an. Ce médecin jordanien de 36 ans, très actif dans son soutien à Al-Qaïda, est approché par un espion jordanien allié des Etats-Unis, chargé de le convaincre de soutenir la lutte contre la nébuleuse terroriste. L’entreprise réussit, en apparence du moins, puisque Al-Balawi avait récemment été invité au camp Chapman, un avant-poste de la CIA situé dans la province afghane de Khost. C’est de ce camp ultrasécurisé que les experts de l’espionnage américain déterminent les cibles de leurs drones. Al-Balawi devait fournir des informations urgentes sur le numéro deux du réseau de Ben Laden, Ayman al-Zarkaoui.
En entrant dans le camp de Chapman, il n’a pas subi les traditionnelles vérifications de sécurité : « C’est notre homme, inutile de le fouiller », aurait même déclaré un membre de la CIA, selon le site d’information islamique Ana Muslim. Al-Balawi aurait ensuite rassemblé les agents américains autour de lui, avant d’actionner les explosifs.
En début de semaine, une fois sa qualité d’agent double révélée, la polémique a rapidement enflé. Sous le feu des critiques, les services de renseignements américains. Le chef des services de renseignements militaires américains en Afghanistan lui-même a dénoncé « l’amateurisme et l’ignorance de la réalité locale » dont feraient preuve les espions américains.
Obama critique les agences de renseignements américaines. Dans un discours adressé mardi aux leaders des différentes agences de renseignements, Barack Obama a expliqué que le gouvernement avait eu suffisamment d’indications pour déjouer la tentative d’attentat du 25 décembre, mais n’avait pas su recouper ces informations. « C’est inacceptable, a-t-il expliqué, et je ne le tolérerais pas. »