http://www.lefigaro.fr/actualite-france ... menace.phpLe shopping nocturne sur les Champs-Élysées menacé
Le jugement est attendu jeudi pour Sephora. D'autres enseignes pourraient être concernées par une obligation de fermer à 21 heures.
«À midi ou à minuit, il y a tout ce que vous voulez aux Champs-Élysées.» La chanson de Joe Dassin est-elle toujours d'actualité? À moyen terme, rien n'est moins sûr. Suite à une action en justice de l'Intersyndicale Clip-P*, le magasin amiral du parfumeur, qui reste ouvert, 7/7 jours, jusqu'à minuit voire jusqu'à 1 heure ou 2 heures du matin le week-end, pourrait se voir contraint de fermer ses portes à 21 heures Réponse jeudi. Mais Sephora n'est pas le seul magasin dans le collimateur de l'Intersyndicale. Monoprix, Abercrombie & Fitch ou H & M devraient suivre. Car le travail de nuit (effectué entre 21 heures et 6 heures du matin) doit, selon la loi, être justifié «par la nécessité d'assurer la continuité de l'activité économique ou des services d'utilité sociale».
Or, dans le commerce, ces impératifs n'existent pas, selon l'intersyndicale, qui a fait de la lutte contre l'extension des amplitudes d'ouverture, son principal cheval de bataille. «Après les ouvertures le dimanche, les enseignes prennent de plus en plus de libertés avec les horaires, sachant qu'il est difficile de revenir sur les faits établis, explique Karl Ghazi, secrétaire général de la CGT commerce de Paris, qui parle également au nom du Clic-P. «À coups de boutoirs successifs, les horaires d'ouverture sur les Champs s'allongent: 22 heures, minuit, 1 heure du matin, 2 heures. Et il est question que Sephora ouvre exceptionnellement jusqu'à 3 heures du matin! À quand le tour du cadran? C'est une fuite en avant. Si untel ouvre jusqu'à 23 heures, les concurrents vont vouloir faire de même.»
Un cas particulier
Sephora, qui annonce six millions de visiteurs annuels dans sa boutique des Champs-Élysées, a contre-attaqué par voie de presse, s'offrant un communiqué pleine page pour rappeler que les horaires actuels du magasin sont pratiqués depuis son ouverture en 1996, et que plus de 90 % des salariés sont favorables à cette organisation du travail qui offre des rémunérations plus attractives. La marque précise également que l'obligation de fermer à 21 heures le magasin, qui réaliserait plus de 20 % de son chiffre d'affaires en soirée, menacerait l'emploi de 45 personnes. Jacques Biancotto, représentant de la CGC tempère: «Nous ne sommes pas contre le volontariat à condition qu'il soit écrit et assorti d'une commission de suivi.» Le Clip-P ne cache pas que cette action en justice-coup d'éclat a pour but d'obliger les enseignes à s'asseoir à la table des négociations.
Au comité des Champs-Élysées, qui rassemble près de 160 commerçants du quartier, on plaide le cas particulier: «Il s'agit d'une zone touristique d'affluence exceptionnelle, où l'on flâne plus volontiers le dimanche ou tard dans la soirée. L'ouverture nocturne des commerces est donc importante pour l'attractivité des Champs-Élysées.»
À la Préfecture de Paris, on précise que le fait d'être situé en zone touristique autorise l'ouverture dominicale, mais pas nocturne. En attendant, Jean-Noël Reinhardt, président du comité des Champs-Élysées s'emporte: «Éteignons, fermons, licencions! Joli message envoyé au monde que le spectacle des Champs-Élysées, rideaux tirés à 21 heures et bientôt lumières éteintes, puisqu'il est aussi question d'interdire les éclairages de nuit! Allez voir ailleurs, voilà ce qu'on dit aux visiteurs.» La polémique n'est pas prête de s'éteindre.
* Un comité qui regroupe les syndicats du commerce de Paris (CGT, CFDT, FO, CFTC, SUD et CGC)
On a une entreprise qui réalise 20% de son CA en nocturne, situé sur une avenue touristique très fréquentée à toutes les heures, une situation qui fait que l'enseigne emploi plus de salariés que si elle respectait scrupuleusement la loi et où les salariés qui travaillent de nuit sont mieux payés.
Bref, tout le monde s'y retrouve. Mais non, pour les syndicats, une telle situation est insupportable et il faut y mettre un terme.
Les syndicats, le cancer de la société française.
