un bel exemple d'échanges européens comme l'on aimerait en lire plus.Chantier de restauration pour la mémoire juive
Le cimetière juif de Bayonne accueille, jusqu'au 15 juillet, un chantier d'été cosmopolite qui a pour mission de restaurer ses vieilles tombes laissées à l'abandon.
Sous un soleil au zénith, une dizaine de personnes s'affairent, pelles et pioches en main, autour des sépultures abandonnées de la partie désaffectée du cimetière juif de Bayonne. Le plus grand cimetière juif sépharade de France accueille depuis le 1er et jusqu'au 15 juillet un chantier d'été organisé par l'association allemande Action signe de réconciliation services pour la paix (ASF). Et il y a de quoi faire pour ces 13 eunes âgés de 19 à 27 ans et venus des quatre coins du monde : Azerbaïdjan, Allemagne, France, Etats-Unis et Biélorussie.
Le cimetière, qui date de 1689, compte environ 5 000 tombes endommagées et envahies par les herbes. La communauté juive de Bayonne, venue majoritairement d'Espagne et du Portugal à l'époque de l'Inquisition, et qui joua un rôle majeur dans le développement de Saint-Esprit, ne garde aujoud'hui qu'un petit noyau de pratiquants. Seules 48 pierres ont une épitaphe rédigée en hébraïque.
Le conservateur du musée d'art et d'histoire du judaïsme de Bruxelles, Philippe Pierret, s'est intéressé à ce patrimoine historique et culturel. Avec l'association ASF, il a monté ce projet de chantier d'été pour restaurer les tombes et créer un inventaire numérique des personnes inhumées. Il y a un an, il est venu, seul, décaper plus de 1 000 tombes pendant trois mois. Il continue aujourd'hui le travail, entouré de son équipe de jeunes volontaires.
Inventaire numérique
Armés de balais, de pioches et de truelles, ils font revenir à la surface les tombes recouvertes de terre et d'herbes, déblaient en dégageant bien les extrémités et les numérotent à la peinture blanche. « Nous avons eu quelques difficultés au début, car la terre était très sèche. L'idée est de verser du gravier entre les tombes déblayées, afin d'empêcher la nature de reprendre ses droits », explique Marine Caron, 26 ans, représentante d'ASF. Les graviers ralentissent en effet la pousse des végétaux et consolident un sol argileux instable. Un grand inventaire numérique sera ensuite réalisé et archivé avec les noms, prénoms et dates de décès des personnes enterrées. Un pinceau imbibé de peinture blanche se charge de numéroter les tombes nettoyées. Après une semaine de travail, les jeunes ouvriers ont déjà déblayé environ 350 sépultures.
« C'est agréable de voir le progrès que l'on fait sur le chantier au fur et à mesure, témoigne Sven Bolwin, un Allemand originaire de Stuttgart. J'ai été séduit par les vieilles pierres et l'histoire qu'elles renferment. »
Rencontres cosmopolites
Et ce travail de groupe est apprécié par tous les volontaires. « Nous avons fait de belles rencontres, apprécie Marine. Les gens d'ici viennent d'un peu partout et sont de religions différentes. Protestants, catholiques, orthodoxes et musulmans ».
« On apprend plein de choses, c'est très enrichissant ! », renchérit Sven, heureux de pouvoir mieux connaître un pays comme l'Azerbaïdjan. Sur le chantier, le français, l'allemand et l'anglais, utilisés comme langues de communication, se mêlent joyeusement.
Ces jeunes bénévoles sont heureux de « faire quelque chose » de leurs mains. « Remettre ces tombes en état, c'est un peu comme leur donner une seconde vie, confie Marine. En déchiffrant les épitaphes et les symboles, l'on identifie les musiciens, les rabbins. Et l'on apprend beaucoup sur les traditions juives. »
Isabella, qui étudie l'économie, aime le côté pratique de ces vacances « pas comme les autres ». « J'ai voulu faire quelque chose de différent pour mon été, explique-t-elle. À l'université, on fait tout avec la tête et rien avec le corps. Ici, on participe, avec nos mains, à raviver la mémoire de ces gens. »
Si les conditions de travail, sous le soleil et la pluie, le dos courbé sur les sépultures, sont parfois un peu difficiles, ces jeunes apprécient le cadre de Bayonne. « On mélange le travail et les vacances, sourit Sven. Car la plage nous attend après le boulot ! » Après l'effort, un réconfort bien mérité pour ces bénévoles.
je sais que ça n'a aucun intérêt pour nos radicaux de service,mais c'est un bel échange européen,car si l'association est allemande, les jeunes qui participent viennent de partout et de toutes les religions.



