Le RN expliqué à mes enfants...

[Corvo]

Tik et Tok Tak et Tak Tik et Tik...ou Toc Toc Toc...comme...qui est là : C'est Bardella ?

Bardella ressemble à cette génération des réseaux sociaux, un peu paresseuse et superficielle, en quête d’espoir et de gaieté. Mais il n’y a pas que TikTok dans la vie.

Les plages de Normandie viennent à peine de retrouver leur douce quiétude après trois jours de magnifiques cérémonies célébrant le courage et l’abnégation de centaines de milliers d’hommes venus d’ailleurs pour nous libérer, nous, les Français, du joug de l’occupant nazi il y a 80 ans. Dans des familles comme la mienne, où les générations sont très étalées, ce fût un émouvant rappel des engagements et sacrifices d’un père et d’oncles qui ont combattu sous des uniformes variés (trois étaient Polonais) pour participer à la Libération de la France, parce qu’« il s’agit de vie et d’honneur » comme l’a écrit mon père, 18 ans, à ses parents pour leur annoncer qu’il rejoignait la France libre en juin 40.

Alors aujourd’hui, j’ai un peu la gueule de bois. Et je ne sais pas ce que je dois dire à mes enfants, dont l’âge est si proche de celui de leur grand-père au moment où il s’est engagé, encore lycéen. Bien sûr, je ne confonds pas le parti de Mme Le Pen et ses dirigeants, et encore moins ses militants, avec ceux qui nous ont envahis et occupés il y a plus de 80 ans. Je ne sais pas avec qui, exactement, le père de Mme Le Pen a fondé ce parti au début des années 70 (des Waffen SS ? des anciens de l’OAS ?) mais au fond peu importe.

Qu’on me comprenne bien : je déteste l’anathème « nazi » jeté à tout bout de champ par l’extrême-gauche au visage des élus du Rassemblement national. C’est faire bien peu de cas de ce qu’était le nazisme, le réduire à quelques opinions dérangeantes, et en cela, c’est indigne. De même, j’ai été révulsée par l’attitude des députés LFI ces deux dernières années au Palais Bourbon, ces cris dans l’Hémicycle, ces harangues de piquets de grève, ces insultes, ce laisser-aller vestimentaire, ces drapeaux palestiniens brandis dernièrement… Tout dénote chez eux d’un profond mépris pour les institutions de la République. Veulent-ils en finir avec tout cela aussi ? Je m’inquiète de leurs discours de haine et d’exclusion à l’encontre de tous ceux qui ne pensent pas comme eux.

Mais rien ne m’a plus soulevé le cœur que l’alliance annoncée par le président des Républicains avec le RN pour sauver une poignée de circonscriptions, et la sienne en particulier, si menacée dans les Alpes-Maritimes. L’honneur commande qu’on ne pactise pas avec ceux que le parti qu’on dirige a combattu pendant des années avec tant de force pour un plat de lentilles.

Surtout, le RN n’est pas n’importe quel parti. Le coup de génie de Mme Le Pen est d’avoir cassé les codes de l’extrême-droite en mettant en avant un jeune homme bien propre sur lui, de lointaine origine immigrée (italienne mais c’est déjà ça) et surtout tiktokeur de talent. Il a séduit les jeunes qui ont voté pour lui aux européennes (32% des 18-24 ans), au point de faire oublier le parti dont il est le dirigeant. Combien de fois ai-je entendu autour de moi, y compris à la maison, des jeunes se pâmer devant son physique, ses vestes cintrées, son sourire impeccable. Ah ! cette poignée de main et ce regard échangés avec Gabriel Attal à la fin de leur débat ! Ils ne disent pas « Je vote RN » mais « Je vote Bardella !» (même s’ils ne votent pas encore) sans chercher plus loin. Ils n’ont jamais écouté ses propos convenus sur l’identité nationale, ses solutions simplistes contre l’immigration (comme sa « double frontière »), son programme économique ruineux, sa méconnaissance du fond des dossiers. Jordan Bardella, au fond, ressemble à cette génération des réseaux sociaux, un peu paresseuse, un peu superficielle et qui en a marre qu’on la bassine avec « la planète qui brûle » tous les jours au collège et au lycée, qui trouve qu’il y a « trop d’immigrés » sauf quand il s’agit de leurs potes, et qui se fiche du « mois des fiertés homosexuelles » (c’est en ce moment) parce que « chacun fait ce qu’il veut en fait, et on s’en fout ». Cette génération a besoin d’espoir, de gaieté, de sourire, et c’est tout cela que l’illusionniste Bardella leur offre.

Il faut leur dire et leur répéter ce qu’est le Rassemblement national, non pas un ramassis de fachos nostalgiques de Pétain, ceux-là sont morts depuis longtemps, mais un parti de nostalgiques tout court, comme l’est Poutine, à qui le RN doit tant, avec son rêve d’empire russe. Il faut leur montrer à quel point ses idées sont simplistes et son programme résolument tourné vers hier, voire avant-hier. Un exemple ? Voici ce que proposait Mme Le Pen pour l’école dans sa campagne de 2022 : la fin du collège unique avec « l’orientation précoce » des élèves en fonction de leurs résultats, le contenu des programmes fixé par le Parlement, les cours d’histoire consacrés à la seule histoire de France, l’uniforme pour tous au primaire et au collège, le retour aux filières « d’avant » au lycée, le rétablissement d’un baccalauréat « débarrassé de toute démagogie » (comprendre : sans contrôle continu), le conseil de discipline au moindre écart avec des « sanctions plancher », etc. Bigre ! Est-ce vraiment cela qu’ils veulent ?

Alors, quand bien même le RN ne serait plus ou plus tout à fait d’extrême-droite, que Jordan Bardella a un joli sourire et que Mme Le Pen ne fait peur à personne, est-ce vraiment raisonnable de s’enticher en 2024 d’un parti qui n’a pour seule boussole que le retour à la France des années 60 ?

Quel que soit son choix le 7 juillet, la France s’en remettra. Ce « cher et vieux pays » du général de Gaulle a surmonté bien pire. Mais pour les jeunes qui votent pour le RN, il serait urgent qu’ils se renseignent ailleurs que sur TikTok.

https://www.lopinion.fr/house-of-kids/l ... es-enfants

[Fonck1]

Les sujets à la noix sur le RN c'est terminé :

par ailleurs :
1. il est spécifiquement demandé de rédiger les sujets dans un soucis de référencement de de droits d'auteur.
2. le sujet doit être lié à,l'actualité.
3. le forum n'est pas un déversoir à frustration.

la modération.