Fiscalité sur les riches : l'exemple norvégien en débat

[Yaroslav]

Un impôt sur la fortune qui fait fuir des riches mais ne vide pas les caisses est possible, la Norvège le prouve

Par Le Télégramme avec AFP
Le 24 octobre 2025 à 12h11

En Norvège, l’impôt sur la fortune, qui concerne 20 % des habitants disposant d’un revenu, a contribué à un exil fiscal de riches contribuables, sans que cela pèse nécessairement sur les finances publiques.

• « Il est juste qu’avec ma fortune, je participe au pot commun », affirme le Premier ministre norvégien, Jonas Gahr Støre, lui-même multimillionnaire.

La Norvège est l’un des rares pays d’Europe à avoir conservé un impôt sur la fortune, instauré dans le royaume scandinave dès le XIXe siècle. Celui-ci s’applique aujourd’hui aux contribuables dont le patrimoine net (fortune moins dettes) dépasse 1,76 million de couronnes (150 000 euros). Au-delà de cette somme, ils sont assujettis à une taxe de 1 %, un taux qui passe à 1,1 % à partir de 20,7 millions de couronnes. Des seuils bas qui font que sur 5,7 millions d’habitants, environ 720 000 s’en acquittent, soit « quelque 20 % de la population adulte disposant d’un revenu », relève Mathilde Fasting, économiste du think tank libéral Civita.

Sans cet impôt, des Norvégiens « aisés » ne paieraient rien
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En Norvège, l’actuel gouvernement travailliste fait valoir qu’il est important que les plus riches contribuent au généreux État-providence du pays, et souligne que si l’impôt sur la fortune était supprimé, certaines des personnes les plus aisées ne paieraient tout simplement plus d’impôts.
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300 multimillionnaires et milliardaires norvégiens partis en Suisse

Comme la taxe Zucman, l’impôt sur la fortune norvégien englobe le patrimoine productif (parts dans une entreprise, outils de production, fonds de commerce, etc). Entre 2022 et 2024, dans les mois qui ont suivi le relèvement de son taux de 0,85 % à 1 %, quelque 300 multimillionnaires et milliardaires norvégiens sont partis poser leurs valises en Suisse, y compris l’un des plus gros entrepreneurs du pays, Kjell Inge Røkke. Mais, selon Floris Tobias Zoutman, professeur d’économie à la Norwegian School of Economics (NHH), cet exode est dû à un tour de vis fiscal global, et non au seul relèvement de l’impôt sur la fortune. Car, au même moment, le gouvernement a aussi augmenté l’imposition des dividendes et des plus-values, aujourd’hui taxés à 37,8 %.
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Une taxe pour retenir de force les entrepreneurs en Norvège ?

Le mouvement de départs semble avoir nettement ralenti depuis un durcissement, en 2024, de « l''exit tax » qu’il était jusqu’alors possible de contourner.
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Malgré ces départs, les recettes tirées de l’impôt sur la fortune, grâce à son assiette large, augmentent régulièrement : de 27 milliards de couronnes en 2022 à 34 milliards estimés pour 2025, selon le ministère des Finances. Pas de quoi lever les inquiétudes des milieux libéraux. « Nous savons qu’au fil du temps, les gens qui s’expatrient arrêteront d’investir en Norvège ou orienteront leurs investissements dans le pays où ils vivent », commente Mathilde Fasting de Civita.

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