Condamné pour le meurtre d'Agnès à la réclusion criminelle à perpétuité, Matthieu sera rejugé en appel devant la cour de Riom. Une nouvelle épreuve pour la famille de la jeune fille.
Lundi à 14 heures s'ouvrira à Riom (Puy-de-Dôme) le procès en appel de Matthieu, le meurtrier d'Agnès Marin, aujourd'hui âgé de 20 ans. La cour d'assises pour mineurs de Haute-Loire l'avait condamné le 28 juin 2013 à la réclusion criminelle à perpétuité, allant au-delà des réquisitions de l'avocate générale, qui avait réclamé une peine de trente ans. Pour la deuxième fois seulement dans les annales des assises en France, un mineur écopait de la peine maximale, après Patrick Dils en 1989.
La défense de Matthieu n'avait donc pas grand-chose à perdre en faisant appel de cette décision, venue punir un crime d'une rare violence. Malgré son très jeune âge, l'accusé a été reconnu coupable du viol et du meurtre d'Agnès, en novembre 2011, au Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire) et du viol de Julie*, dans le Gard, en août 2010.
Me Szpiner, avocat de la famille d'Agnès, avait alors évoqué "un verdict exceptionnel où l'excuse de minorité a été rejetée pour cet accusé terriblement effrayant, avec l'absence de toute empathie pour ses victimes". Pour la famille d'Agnès, ce procès en appel s'annonce comme une nouvelle épreuve. "C'est extrêmement difficile pour nous tous, confie avec une dignité exemplaire Armel Marin, le grand-père d'Agnès. Pour nous, il est évident que cet assassin épouvantable doit rester le plus longtemps possible en prison. Il ne faut faire aucune littérature !"
Personnalité ultra dangereuse
La peine très lourde pour un accusé si jeune illustrait à quel point ce procès exceptionnel était venu sanctionner un "criminel exceptionnel", selon la partie civile. Tout d'abord par l'âge du prévenu. Matthieu n'avait que 17 ans au moment du viol et du meurtre avec préméditation d'Agnès. La victime elle-même s'apprêtait à fêter ses 14 ans au moment du drame. Mathieu, interne au lycée Cévenol, tout comme l'adolescente, l'avait entraînée un mercredi après-midi dans les bois à proximité de l'établissement, pour la violer, la poignarder et brûler son corps.
Des faits tragiques intervenus seulement quelques mois après le viol dans le Gard de Julie, l'une de ses camarades, totalement traumatisée depuis et qui peine à se reconstruire. Le jeune garçon, "habile" et "intelligent", avait bien été reconnu responsable pénalement. La cour avait estimé qu'il n'était pas atteint de troubles psychiques ayant aboli le contrôle de ses actes. "Il était parfaitement dans le réel. Il n'y avait pas de double qui agissait à sa place", avait alors justifié l'avocate générale. Autrement dit, Matthieu n'est pas schizophrène.
Fils d'un professeur et d'une comptable, qui auront tout tenté pour sauver leur enfant de ses propres démons, le jeune homme porte en lui des "traits pervers actifs et terrifiants", avait alors souligné le ministère public, évoquant même une personnalité "ultra-dangereuse", et un avenir "envahi par des risques majeurs de récidives et le naufrage possible dans la maladie mentale".
Verdict le 10 octobre
Le procès hors norme de cet ado tueur avait aussi mis au jour toute une chaîne de responsabilités. Des manquements graves dénoncés depuis le début par la famille Marin. "Les experts, la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) chargée du suivi de Matthieu, l'établissement scolaire du Chambon (il a fermé ses portes depuis, NDLR) et l'Éducation nationale" sont tous coupables aux yeux des parents de la jeune Agnès. Ils ont depuis assigné l'État pour faute lourde, devant le tribunal de Paris.
Tout comme en première instance, le procès en appel se tiendra à huis clos, à la demande des avocats de la défense. Les débats commenceront le 29 septembre. Verdict attendu le 10 octobre.