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par avrilou » 24 août 2013 08:33
Soixante millions de morts depuis 1945!
Un étude internationale révise à la hausse les effets du nucléaire et propose des normes plus drastiques.
C'est une solide dose de poil à gratter que quarante-six scientifiques viennent de glisser dans la boîte aux lettres de diverses institutions internationales, dont la Commission européenne. Le premier rapport (1) du Comité européen sur les risques de radiations (2) remet en cause les normes et méthodes d'évaluation qui ont prévalu jusqu'à présent en matière de radioprotection.
Sollicitée et financée par le groupe Verts européens, il y a cinq ans, l'élaboration de cette étude a été coordonnée par le chimiste anglais Chris Busby et a rassemblé une palette d'experts « indépendants » du monde entier. Nous avons développé une méthodologie qui remédie aux manquements bien connus de la commission internationale de protection contre les rayonnements (CIPR), expose Chris Busby, cheville ouvrière de l'étude. Le modèle du CIPR a une base physique datant d'avant la découverte de l'ADN. Comme tous les modèles, elle est de nature mathématique, réductrice et simpliste. Bref dépassée.
Historiques, ces modèles prennent pour base d'analyse la quantité de cancers et de leucémies constatés suite à l'explosion de Hiroshima en 1945. Une relation linéaire trop simple, estiment les experts, qui déplorent l'absence de prise en compte de facteurs liés à l'exposition interne (ingestion et inhalation de particules) à la base de nombreux cancers, notamment aux abords des usines de retraitement de plutonium, en Russie. Mais les cancers ne sont pas les seules affections visées, pointe l'étude, qui évoque les mutations de l'ADN induites par la catastrophe de Tchernobyl, en 1986.
Un facteur de risque multiplié par soixante
Afin de revoir l'évaluation des risques lors des expositions aux rayonnements ionisants (essais nucléaires, pollution historique, proximité de centrales), l'étude a créé de nouveaux facteurs de pondération dits de « danger biophysique » ou de « danger lié la biochimie de l'isotope ». En appliquant ces principes aux données officielles des Nations Unies, l'impact sur la santé humaine d'une faible irradiation chronique est multiplié par soixante ! Si bien que le total des morts par cancers est estimé à quelque 61,6 millions depuis 1945, contre 1,1 million selon les sources officielles. Le nombre de cancers est pour sa part évalué à 123,2 millions contre 2,3. L'étude estime en outre que les radiations ont induit une importante mortalité infantile et foetale (3,4 millions).