Victor a écrit : ↑22 avril 2022 10:00
Once a écrit : ↑22 avril 2022 08:15
Je viens de passer en revue la composition actuelle de l'Assemblée :
https://www2.assemblee-nationale.fr/ins ... s/effectif
Compte tenu des forces déjà en présence (ex : 267 députés LREM + 101 LR face à seulement 17 FI, 28 socialistes 17 verts) le renversement d'alliances et la mission s'avèrent objectivement très très difficiles.
Mais, effectivement, après des présidentielles
si déprimantes et décevantes, espérons quand même que les législatives permettront de forger un minimum de contre-pouvoirs face à Macron et que l'Assemblée ne sera pas qu'une simple chambre d'enregistrements des choix et des décisions de l'exécutif.
Si vous pouviez préciser ?
D'abord, le rôle quasiment totalitaire des sondages qui devient insupportable. Mais aussi, parce qu'au bout du bout, nous retrouvons la même finale Macron vs MLP qu'en 2017. Et il y a d'autres raisons encore (et partagées par une majorité de français, je crois ) : la plus importante, peut-être, étant que notre système n'est pas suffisamment démocratique.
Demain soir, des millions de français vont se sentir exclus du jeu et nous aurons un Président élu sur une base électorale faible par rapport au nombre total des électeurs.
L'abstention (+ les votes blancs) risquent d'être les grands vainqueurs de cette élection.
Et puis les élections législatives placées
après l'élection présidentielle ne vont probablement faire que confirmer celle de Macron qui va obtenir une majorité à l'Assemblée.
Bref : il y a des tas de choses qui ne tournent plus rond dans notre système. (En ce sens, la projet de VI° République du programme de Mélenchon est fort intéressant. Par contre, pour des tas de raisons, je pense que sa mise en oeuvre ne pourrait être que très compliquée)
Maintenant, pour en revenir au sujet du topic, l'initiative de Mélenchon n'est pas idiote, loin de là mais je vois mal comment une gauche réunifiée (et précisions de suite :
une gauche réunifiée autour de FI, de son programme et de son leader clivant) aurait la moindre chance de voir le jour en juin prochain pour entraîner un régime de cohabitation !
Et ce, pour de nombreuses raisons :
1) Mélenchon avait tenté exactement le même coup entre les deux tours des élections présidentielles de 2017 et cela n'avait déjà rien donné
2) Les élections législatives n'ont rien à voir avec les élections présidentielles : ce sont des élections moins politiques et plus de proximité. Par exemple, quand il s'agit d'y réélire un député, c'est quelqu'un que l'on juge plus pour le travail déjà accompli que pour son étiquette politique.
3) La dynamique électorale est désormais dans le camp de Macron : de nombreux ex socialistes y ont désormais leurs places et leurs petites ronds de serviette et ne vont pas les perdre pour rejoindre le camp illusoire d'une nouvelle gauche réunie autour de FI
4) La seule possibilité pour FI serait de retrouver une alliance avec le PS d'antan (qui est encore implanté dans les régions et les départements) : au niveau national, il est électoralement défunt et entièrement "aspiré" par la nébuleuse attrape-tout Macron.
5) La rupture Mélenchon avec le PS est irréversible -et ce depuis longtemps- avec un lot de haines personnelles qu'on n'imagine pas !
6) Les seules alliances possibles sont à prévoir avec LO, NPA, PCF et les Verts : mais ce sera bien trop insuffisant pour envisager d'obtenir une majorité de gauche à l'Assemblée.
C'est pourquoi, pour tenter de conclure, je ne vois dans la tentative de Mélenchon qu'une volonté désespérée de tenter d'élargir un peu sa base actuelle de représentation à l'Assemblée (actuellement, seulement 17 députés FI ).
Ceci étant dit (mais ça ce n'est qu'un voeu pieux et un parti pris personnel), j'aurais bien aimé que Macron appelât Mélenchon comme Premier ministre : on aurait pu enfin découvrir un Mélenchon confronté aux dures réalités de l'exercice du pouvoir. Un Mélenchon, qui, depuis des décennies, n'a jamais vécu que dans une confortable opposition, passant son temps à blablater sur les plateaux des médias ou à tenir des discours à la Lénine sur toutes les estrades de France.
Un Mélenchon qui, en 37 ans de vie politique, n'aura jamais été confronté à l'exercice du pouvoir que quelques mois en tant que Ministre délégué de l'Enseignement technique sous Jospin (sans y laisser un souvenir impérissable, d'ailleurs...)
Jospin, lui, au soir de la défaite de 2002 aura eu au moins la décence et la lucidité de se retirer définitivement de la vie politique.
Mélenchon, voilà trois fois qu'il est battu aux présidentielles et trois fois qu'il ne s'estime jamais battu !
Malgré son réel talent d'orateur et de meneur de troupes, je commence sérieusement à me demander s'il ne représente pas au fond le plus mauvais "prétendant" que la Gauche ait jamais eu ces dernières années.
Et je me demande même si la Gauche n'a pas perdu trop de temps à croire en lui et en son programme : parce qu'en raison de sa personnalité trop clivante et excessive, il détruit lui-même tout ce qu'il construit sans laisser vraiment de place à d'éventuels successeurs susceptibles de reprendre le flambeau.
Quel souvenir le monde politique retiendra de lui dans quelques années ! Peut-être celui d'une sorte de grande gueule à la Georges Marchais, bon client de l'audimat des médias ? Ou, plus politiquement, celui d'un guignol utile de la Droite ?
Et puis : qu'aurait-il fait au juste au pouvoir ?
Quand on voit le manque de démocratie interne existant déjà au sein de FI et le nombre de membres sérieux et dévoués qui en ont déjà claqué la porte, on peut légitimement se le demander.
Et puis, vu la complexité du monde actuel et la difficulté (pour ne pas dire : l'impossibilité ) de diriger un pays aussi multiple et divisé que le nôtre, rien n'indique qu'il aurait pu être un bon gouvernant ou qu'il aurait pu être meilleur que bien de ses prédécesseurs.