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Jamais? Si les USA trouvent un allié plus fiable qu'Israël dans la région, ils lâcheront ce pays sans aucun remord. La diplomatie nous fait croire qu'il s'agit d'une alliance "éternelle", mais en réalité c'est juste du donnant donnant, si les USA s'en trouvent perdants le soutien s'arrêtera aussi sec...latresne a écrit : ↑15 février 2024 15:09Les EU ne lacheront jamais Israël.Les pays arabes le savent et Netanyahu mieux que personne.Once a écrit : ↑15 février 2024 12:15
Une remarque toutefois : il arrive parfois que les dirigeants israéliens les plus extrémistes usent et abusent de ce fameux complexe de Massada pour justifier de nombreuses attaques dites "préventives" de tous ordres en Syrie, ou au Liban et même en Iran. En violant les espaces aériens de ces pays et, parfois même avec la complicité de pays qui les contrôlent : je pense à la Russie qui contrôle l'espace aérien de la Syrie et y laisse les avions israéliens bombarder régulièrement des positions du Hezbollah.
Certes, on peut dire que "la meilleure défense c'est l'attaque", même si c'est parfois en violation de certains règles internationales, mais ces initiatives bellicistes hors sol récurrentes peuvent générer des risques d'extensions de nouveaux conflits au Proche-Orient. Et ce qui se passe actuellement en Mer Rouge le prouve en entravant 40 % de la navigation internationale marchande.
En fait, Israël est animé par deux choses : oui, ce complexe de l'encerclement qui remonte à des siècles et dont il peut user et abuser, légitimement parfois, cyniquement dans d'autres cas.
Mais, depuis sa création en 48, Israël est aussi animé par une sorte d'hubris - une hubris animée par le sentiment d'une impunité totale nourrie par la Shoah et- désormais, mieux que la Shoah que les médias occidentaux ne cessent de traiter en boucle depuis des décennies, mieux que la Shoah donc parce que tout récent : les massacres du 7 octobre par le Hamas.
Une hubris, une ivresse de sa toute puissance et de ses pouvoirs face à des adversaires qui ne lui arrivent manifestement pas à la cheville.
Une hubris lui permettant tous les paris et toutes les audaces avec la bénédiction tacite d'une partie de la communauté internationale, regardant momentanément ailleurs ou exprimant des récriminations de pure forme quand Israël semble vraiment dépasser les bornes.
Oui, mais : on sait ce que c'est que l'hubris, ce sentiment de démesure de soi-même. On sait aussi à quoi l'hubris peut mener, et pas que dans la légende : la destruction et l'anéantissement de soi-même. Ce qui ramène à l'histoire tragique du peuple hébreu et des différents sorts tragiques de son état.
Pour en revenir à la situation présente, il est clair que le 7 octobre peut constituer une occasion unique pour Israël. Une occasion dont ce pays a toujours rêvé : la question taboue du fameux "transfert" qui préoccupait déjà les responsables sionistes (dont Ben Gourion) bien avant la création d'Israël, d'ailleurs.
Pourtant, déjà, les sionistes de l'époque en envisageaient les répercussions négatives possibles au niveau international, ce qui les faisait hésiter. Et on peut légitimement penser que les dirigeants actuels se tâtent eux aussi, parce que le défi est vraiment énorme, d'éjecter comme ça plus d'un million de Palestiniens tandis que le monde entier les observe. La "rue arabe" notamment. Et pas que la "rue arabe" des pays arabes. Mais celle des pays européens aussi, avec ses millions de citoyens de confession musulmane.
Même au moment de la guerre de 48, Israël,- en dépit de nombreuses massacres à l' encontre de civils palestiniens qui sont désormais bien sourcés- Israël n'est pas arrivé à faire fuir toute la population arabe de Palestine.
Dans une sorte de pré-science Ben Gourion le savait déjà que jamais Israël ne parviendrait à chasser tous les Arabes de Palestine. "Ou alors, écrivait-il judicieusement, il faudrait le faire AVANT la création d'Israël" :
" Nous devons obtenir maintenant l'évacuation des Arabes de la vallée du Jezréel, et, si, tel n'est pas le cas, il est possible que nous ne l'obtenions jamais. Si nous ne parvenons pas à enlever les Arabes de nos communautés... ce ne sera pas faisable facilement et ce sera peut-être même infaisable une fois l'état juif établi." Alors les droits des minorités seront nécessairement garantis et le monde entier qui nous est hostile aura l'oeil fixé sur notre comportement vis-à-vis de nos minorités. Ceci doit être fait maintenant."
(Journal de Ben Gourion, 12 Juillet 1937/ cité par Benny Morris)
Mon point de vue est que, même aujourd'hui, même avec le prétexte du 7 Octobre, Israël n'arrivera jamais à réaliser cette utopie : le transfert de tous les Palestiniens hors d'Israël.
Il restera toujours des Palestiniens en Israël. Et même s'il n'en reste pas beaucoup, le peu qu'il restera suffira toujours à inviter Israël à se regarder dans un miroir, avec peut-être, au bout du bout, une forme de mauvaise conscience.
Une mauvaise conscience de même nature que celle qui anime une bonne partie de l'Europe occidentale depuis la Shoah.
Une Europe qui n'a jamais su protéger durablement ses Juifs. Et qui pardonne tout d'avance à Israël.