da capo a écrit : ↑19 mai 2022 11:10
La mère au foyer ne travaille pas pour un employeur en échange d'argent, mais élevant ses propres enfants, on peut considérer qu'elle est à la fois l'employeur et l'employée de son ''entreprise matrimoniale''.
D'un point de vue économique, si l'activité de la moitié féminine de la population se limite à élever ses enfants (qui ne seront en âge de travailler qu'au bout de 25 ans), que ce soit au moyen de prestations sociales ou bien des revenus élevés du conjoint, je n'ose pas imaginer les conséquences de cette carence temporaire et de ses répercussions sur la consommation intérieure qui, on peut le regretter, demeure un des moteurs du maintien de notre niveau de vie, réputé comme l'un des plus élevés et solidaires de la planète.
Non-obstant leur touchante naïveté, je n' ai pas d'hostilité particulière à l'encontre des théories utopistes en général et le souvenir lointain me revient d'un petit bouquin publié par une association ''adret'' - qu'on appellerait think-tank de nos jours – intitulé : ''travailler deux heures par jour'' et qui m'avait séduit, voire envouté à l'aube de ma vie professionnelle au point où j'en distribuais des exemplaires à mes proches, intrigués par cette nouvelle lubie.
Mais bon, quand aujourd'hui, je feuillette ces pages jaunies, je suis partagé entre la nostalgie qu'elles m'inspirent, la vanité et la sottise attendrissantes de leur discours.
Vous etes surtout victime d'une double illusion qui vous pousse à faire des comparaisons foireuses. Tout d'abord, personne ne mène une vie sans avoir jamais eu d'emploi salarié (inutile de me sortir l'exemple du cygne noir qui ne sera que l'exception confirmant la règle que je viens d'énoncer). De ce fait, votre comparaison initiale est inepte (entre les apports d'un travailleur A et d'un non travailleur B) puisque ce n'est pas sur l'instant T que l'on peut comparer les productions des uns ou des autres.
Un travailleur A peut tout à fait faire une carrière pleine sur un emploi parfaitement inutile, voir meme nocif (car promouvant des valeurs malsaines notamment ou essentiellement malhonnete malgré qu'il soit légal), rapportant peu à l'économie et à la société de manière générale en terme d'éducation, de culture, de sécurité, d'entre-aide (car tout n'est pas qu'affaire de couts/profis économiques meme si vous semblez formater à ne percevoir les choses que sous l'angle des euros), investir son argent principalement à l'étranger et faire des choix de consommation enrichissant majoritairement des acteurs étrangers. Tandis que le travailleur B peut avoir une carrière fortement entre-coupée tout en investissant principalement ce qu'il aura pu gagner, en France au bénéfice d'entreprises Françaises, avoir eu des emplois très utiles, indispensables pour renforcer notre société.
D'autre part, si vous considérez le "détravail" (incarné par le mouvement Nantais que j'exposais à travers le lien que j'avais transmis) comme sot, c'est surtout parce que vous avez intériorisé un tas de normes qui vous font vous illusionner sur la réalité que devrait peut etre prendre le travail.
A savoir, un moyen de vivre et non pas une raison de vivre. A l'origine l'homme travaillait dans un but précis, il allait chasser pour manger et couper du bois afin de se réchauffer. Il n'allait pas s'amuser à tailler l'herbe dans le but de "s'émanciper", pour sa réputation ou afin de s'occuper. Or, c'est bien ce qu'est devenu le travail, une raison de vivre, une occupation, un objet servant à déterminer notre identité et à nous hiérarchiser en tant qu'individus.
Si les ressources étaient mieux réparties et que le travail était rémunéré à sa juste valeur, alors il n'y aurait assurément pas besoin de travailler autant afin de pouvoir vivre. Mais en contre-partie il n'y aurait plus d'individus amassant des fortunes colossales sur le dos d'autres, ce qui est inacceptable pour cette élite qui a très bien su s'adjoindre les services des politiques afin de créer des structures idéologiques qui vous harcèlent des l'enfance de sorte à vous faire prendre gout au travail, de le rendre désirable et de vous le faire miroiter comme le seul élément, l'élément indispensable pour réussir votre vie en tant qu'etre humain (vous avez réussi si vous disposez d'un emploi qui rapporte, hautement valorisé par la société. Vous n'etes rien si vous disposez d'un emploi peu rémunérateur et peu valorisé. C'est bien ce que notre président voulait dire en parlant des gares, n'est-ce pas ?).
Quand bien meme vous bénéficieriez d'un capital hors du commun vous permettant de vivre sans travailler (au sens sans emploi salarié), alors vous le feriez quand meme ET pour votre réputation ET pour l'illusion entretenue concernant le bien-etre qu'il serait censé vous apporter (et comme vous y croyez fortement, il est fort probable que vous finissiez par l'obtenir ce bien-etre).
Vos discours illustrent à merveille l'efficacité de ce matraquage subi qui fait que la "torture" devient aimée et ardemment désirée.