vivarais a écrit : ↑07 août 2024 18:49
Corvo a écrit : ↑07 août 2024 18:27
Et sur l'ami de Trump qui a pris un malin plaisir à verser de l'huile sur le feu vous avez quelque chose à dire ?
je m'en tape des ragots et des fonds de poubelle
seul ce qui se passe en grande bretagne avec risque d'embrassement ailleurs en occident m'importe
comment supprimer le combustible qui alimente l'incendie
Des ragots et des fonds de poubelles ? Vous ne vous informez jamais ?...
Allez je vous aide :
Émeutes violentes, haine anti-immigration, fake news : quand les réseaux sociaux font le jeu de l’extrême droite au Royaume-Uni.
Depuis plus d’une semaine et l’attaque au couteau qui a coûté la vie à trois fillettes à Southport, dans le nord-ouest de l’Angleterre, le Royaume-Uni est le théâtre d’émeutes violentes sur fond de haine anti-immigration et de désinformation sur les réseaux sociaux. Des slogans anti-migrants dans les rues, une mosquée vandalisée et des scènes de chaos aux 4 coins du Royaume-Uni : des heurts ont éclaté dans une douzaine de villes depuis mardi dernier. À Rotherham, des rassemblements violents ont pris pour cible des hôtels hébergeant des demandeurs d’asile, faisant des dizaines de blessés dans les rangs des forces de l’ordre.
À l’origine de ces rassemblements, de fausses informations hostiles relayées sur les réseaux sociaux. Les spécialistes de l’extrémisme au Royaume-Uni y voient l’œuvre d’idéologues d’extrême droite rejoints par des jeunes désœuvrés, le tout s’inscrivant dans une nouvelle stratégie d’instrumentalisation numérique.
Les réseaux sociaux feraient-ils une nouvelle fois le jeu de l’extrême droite ? Quelles sont ces personnalités qui dictent l’agenda et monopolisent l’émotion médiatique ? Tentative de réponse avec Romain Fargier, chercheur au Centre d’Études Politiques et Sociales de Montpellier et François Debras, politologue à l’ULiège et l’HELMo.
Une instrumentalisation de la violence
Dès le lendemain de l’attaque de Southport, plusieurs personnalités liées à l’extrême droite britannique, ont mis le feu aux poudres en propageant de fausses informations non étayées sur la religion, l’identité et l’origine de l’agresseur présumé. Rapidement, la rumeur a circulé : l’agresseur serait "un demandeur d’asile musulman arrivé en Angleterre par bateau en 2023".
Face à la pression médiatique, un juge britannique a par la suite révélé qu’Axel Rudakubana, l’auteur présumé de l’agression, âgé de 17 ans, était en réalité né à Cardiff au Pays-de-Galles et n’était pas musulman. Cette clarification n’a toutefois pas empêché la fake news de se propager rapidement et de susciter l’émoi, mobilisant au passage les groupes anti-immigrés sur les réseaux sociaux.
Même si l’information erronée est par la suite démentie, le cerveau aura retenu cette première information et restera enfermé dans un cadrage précis
François Debras, politologue à l’ULiège et l’HELMo
"Le but de ce type de désinformation, n’est pas tant d’avoir un message construit et argumenté mais bien d’être le premier, c’est ce qu’on appelle le biais de cadrage, analyse François Debras, politologue à l’ULiège et l’HELMo. Même si l’information erronée est par la suite démentie, le cerveau aura retenu cette première information et restera enfermé dans un cadrage précis. Le but d’une fake news, c’est de cadrer l’information et de forcer la réaction sur cette première information, ici en insistant sur le fait qu’il y a un réel problème de migration en Angleterre."
Un exemple classique d’instrumentalisation de la violence par l’extrême droite selon Romain Fargier, chercheur au Centre d’Etudes Politiques et Sociales de Montpellier : "
On a eu exactement le même cas fin 2023 en Irlande, suite à un fait divers qui avait d’abord suscité une vague de mobilisation de l’extrême droite sur internet avant de se concrétiser par des émeutes. Les ingrédients sont souvent les mêmes : un fait divers tragique, l’omission de certains éléments factuels, la concentration sur l’origine ethnique ou culturelle de l’agresseur et en fin de compte l’appel à la mobilisation sur les réseaux sociaux".
L’extrême droite britannique à la manœuvre
Depuis plusieurs jours, une série de personnalités proches de l’extrême droite britannique sont pointées du doigt pour avoir attisé les violences. Parmi elles,
Tommy Robinson, fondateur du mouvement anti-islam "British Defence League" et l’un des premiers à avoir relayé en masse ces fake news et appelé aux émeutes auprès de ses près de 900.000 abonnés sur X, ex-Twitter.
"Ce que cherche Robinson, c’est avant tout de créer du buzz, de la réactivité avec des propos clivants. Il sait que ses posts vont être perçus par les autres personnalités politiques et par les journalistes et qu’ils vont traduire ces tweets en contenu, en article, en information. De ce fait, il touche deux fois les électrices et les électeurs. Une première fois via les réseaux sociaux et une seconde via cette réaction des schémas traditionnels que peuvent être la télévision, la radio ou la presse écrite", observe François Debras.
Même s’il s’est retiré de la vie politique, Tommy Robinson continue d’agir dans l’ombre et d’utiliser son influence sur les réseaux sociaux "afin de réactiver le champ politique", note le politologue.
Le 27 juillet, il a organisé une manifestation à laquelle ont participé plus de 20.000 personnes à Londres, où il aurait projeté un documentaire reprenant de fausses affirmations sur un réfugié syrien, contre l’avis de la justice britannique.
"Il a été très proche de UKIP (le parti pour l’indépendance du Royaume-Uni, anciennement dirigé par
Nigel Farage, NDLR) mais aussi du parti d’extrême droite britannique, le British National Party. Il existe de réelles chambres d’échos et des dialogues qui ont lieu entre réseaux sociaux, monde médiatique et politique", commente François Debras.
Banni de Twitter puis réintégré par Elon Musk
Plusieurs fois condamné à des peines de prison, notamment pour violences, Tommy Robinson avait été banni à vie du réseau social Twitter en mars 2018 avant d’être réintégré sur X après qu’Elon Musk a racheté le petit oiseau bleu. "Sous couvert de la liberté d’expression, il a remis sur le devant de la scène Internet des militants d’extrême droite qui avaient auparavant été bannis des plateformes", analyse Romain Fargier, chercheur au Centre d’Etudes Politiques et Sociales de Montpellier, qui note également "une tendance à la Silicon Valley, de certains dirigeants de start-up liées au web, de s’orienter de plus en plus vers la droite et vers Donald Trump".
Twitter est devenu un instrument de communication diplomatique
De son côté, Elon Musk n’est d’ailleurs pas resté muet face aux émeutes qui ont éclaté en Angleterre. Sur sa plateforme X, le multimilliardaire américain a répondu à un message mettant les violences actuelles sur le compte de "l’immigration de masse" en écrivant : "Une guerre civile est inévitable".
Ces propos ont provoqué l’indignation de la secrétaire d’État chargée de la Justice britannique Heidi Alexander ; elle a qualifié ces commentaires "d’injustifiables et irresponsables". Elon Musk a également répondu par des points d’exclamation à un message de l’agitateur anti-musulman Tommy Robinson critiquant les propos du Premier ministre travailliste Keir Starmer, qui a qualifié les casseurs de "voyous".
Ce n’est pas la première fois qu’Elon Musk s’illustre de la sorte. "En Belgique, Elon Musk avait également réagi par rapport à l’affaire Dries Van Langenhove", rappelle le politologue François Debras. S’érigeant en directeur d’entreprise, libre, dissident et libertaire, Elon Musk jouit d’une aura persuasive sur son propre réseau social. "Quand Elon Musk réagit à certains tweets, comme ceux de Tommy Robinson, il augmente considérablement leur visibilité ne serait-ce qu’en commentant un simple Emoji".
Les réseaux sociaux remis en cause ?
Face à ce constat, le rôle que peuvent jouer réseaux sociaux dans le relais de fausses informations est régulièrement mis en cause. François Debras rappelle cependant que les réseaux sociaux ne restent qu’un outil et que ce type de campagnes menées par l’extrême droite s’inscrit dans un contexte particulier : "Un réseau social ne crée pas de toutes pièces une situation. Il rebondit sur l’actualité et permet à certains acteurs, notamment Tommy Robinson, de s’inscrire dans ce contexte avec un discours spécifique et de chauffer à blanc certaines personnes ou certains types de personnalités. On a ici un contexte en Angleterre avec un fait divers qui apparaît et qui permet la cristallisation d’un discours ambiant, et l’expression de certains groupes, de certains mouvements ou de certains individus".
La modération des contenus sur les réseaux sociaux serait-elle devenue trop laxiste ? Faut-il interdire et bannir les agitateurs qui profitent de ces plateformes pour propager de fausses informations et inciter à la haine ?
Selon Romain Fargier, il ne s’agit pas d’une solution efficace. "C’est un peu une hydre à laquelle on coupe la tête et qui repousse. Une fois qu’un militant politique a atteint un certain degré de notoriété, notamment sur Internet, le bannissement n’a pas beaucoup d’effet puisqu’il s’est déjà constitué une base de notoriété importante et qu’il s’exprimera sur d’autres plateformes alternatives plus radicales".
Le chercheur prône plutôt une forme d’éducation sur la manière de s’informer sur internet, le fonctionnement des algorithmes et le croisement des sources. "La solution pour l’avenir est peut-être là, notamment pour cette jeune génération qui aura grandi uniquement dans les réseaux sociaux et internet. La solution viendrait plutôt de ce côté-là qu’un bannissement pur et simple des activistes radicaux" conclut-il.
Rappelons toutefois que s'il y a des efforts à faire en matière de prévention, la loi prévoit des sanctions pour toute personne qui inciterait publiquement (en ce compris sur les réseaux sociaux) d'autres personnes à la discrimination, à la haine ou à la violence.
Le 12 mars dernier, le tribunal correctionnel de Gand a condamné Dries Van Langenhove et trois autres militants de Schild en Vrienden, pour infraction à la loi sur le racisme et le négationnisme.
https://www.rtbf.be/article/emeutes-vio ... i-11416480