Le cabinet de conseil Mc Kinsey dans le viseur de la justice.

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Fonck1
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Re: Trop d'argent dépensé par l'Etat depuis 2018 pour des cabinets de conseil.

Message par Fonck1 » 21 mars 2022 15:59

Dernier message de la page précédente :

le chimple a écrit :
21 mars 2022 15:35
sofasurfer a écrit :
21 mars 2022 09:49
On a pourtant des hauts fonctionnaires bien formés, qui ont un haut niveau d'expertise et qui sont rompus a l'exercice de prise de décisions au niveau national.

Alors pourquoi pas compléter l'expertise avec une analyse tierce, mais c'est une erreur que de substituer l'expertise publique par celle privée, car les objectifs et les visions sont différents...
Humour ??
"il y a aussi des poissons volants mais ce n'est pas le modèle du genre "
Merci Gabin !!!!
https://www.youtube.com/watch?v=erQ0I_GrMIg
L 'ENA est avant tout une fabrique de politicards , baltringues qui n'ont pas réussi les concours d'entrée dans les grandes école"s comme Saint Cyr , Polytechnique !! :content36
Chaque fois qu'une entreprise d'état a voulu .. et c'est un pléonasme car ils ont quasi l'exclusivité .. mettre un de ces incompétents à se tête , ça ne s'est pas terminé par une faillite parce que le mot n'existe pas dans le fonctionnariat mais par un renflouement d'office sans sanction ..
A si , celle de se retrouver politicards à temps plein et finir soit au conseil d'état , conseil constitutionnel ou à la cour des comptes !
Chez ces gens là , le chômage n'existe pas .. s'il n'y a pas de place , l'administration en crée comme par exemple le cas de préfet sans affectation !!!!
https://www.capital.fr/economie-politiq ... ux-1386924
non sofa a raison.
mais tant qu'il n'y aura pas dans l'administration une obligation de résultat, et surtout plus de pragmatisme, on avancera pas.
les mecs sont pas idiots, c'est juste qu'ils s'en foutent et jouent avec un fric qui n'est pas le leur.
« Ainsi s'éteint la liberté, sous une pluie d'applaudissements. » Star Wars, épisode III
"nul bien sans peine".....

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Re: Trop d'argent dépensé par l'Etat depuis 2018 pour des cabinets de conseil.

Message par sofasurfer » 21 mars 2022 16:05

le chimple a écrit :
21 mars 2022 15:35
sofasurfer a écrit :
21 mars 2022 09:49
On a pourtant des hauts fonctionnaires bien formés, qui ont un haut niveau d'expertise et qui sont rompus a l'exercice de prise de décisions au niveau national.

Alors pourquoi pas compléter l'expertise avec une analyse tierce, mais c'est une erreur que de substituer l'expertise publique par celle privée, car les objectifs et les visions sont différents...
Humour ??
"il y a aussi des poissons volants mais ce n'est pas le modèle du genre "
Merci Gabin !!!!
https://www.youtube.com/watch?v=erQ0I_GrMIg
L 'ENA est avant tout une fabrique de politicards , baltringues qui n'ont pas réussi les concours d'entrée dans les grandes école"s comme Saint Cyr , Polytechnique !! :content36
Chaque fois qu'une entreprise d'état a voulu .. et c'est un pléonasme car ils ont quasi l'exclusivité .. mettre un de ces incompétents à se tête , ça ne s'est pas terminé par une faillite parce que le mot n'existe pas dans le fonctionnariat mais par un renflouement d'office sans sanction ..
A si , celle de se retrouver politicards à temps plein et finir soit au conseil d'état , conseil constitutionnel ou à la cour des comptes !
Chez ces gens là , le chômage n'existe pas .. s'il n'y a pas de place , l'administration en crée comme par exemple le cas de préfet sans affectation !!!!
https://www.capital.fr/economie-politiq ... ux-1386924
On peut critique l'ENA, ceci étant pour y entrer il faut avoir un sacré niveau, le concours est un des plus difficiles. Donc il n'y a rien d'étonnant qu'ils aient les meilleurs places dans l'administration ( que je leur laisse bien volontiers) et qu'ils ne connaissent pas le chômage.

Ils ne sont pas que préfets, mais surtout conseillers ministériels, directeurs d’institutions ou d'établissements DGS, etc.

Une administration, ca ne fonctionne pas comme une entreprise, c'est pourquoi ces élites sont formées pour gérer une administration...
L’ouverture d'esprit n'est pas une fracture du crâne

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Re: Trop d'argent dépensé par l'Etat depuis 2018 pour des cabinets de conseil.

Message par Peracetic » 21 mars 2022 17:42

bonsoir
comme disait M Audiard la France est mal gérée depuis le dernier des Valois , avec Macron cela ne s’est guère arrangé … !!!!!

vincent
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Re: Trop d'argent dépensé par l'Etat depuis 2018 pour des cabinets de conseil.

Message par vincent » 21 mars 2022 17:53

le chimple a écrit :
21 mars 2022 15:35
L 'ENA est avant tout une fabrique de politicards , baltringues qui n'ont pas réussi les concours d'entrée dans les grandes école"s comme Saint Cyr , Polytechnique !! :content36
Chaque fois qu'une entreprise d'état a voulu .. et c'est un pléonasme car ils ont quasi l'exclusivité .. mettre un de ces incompétents à se tête , ça ne s'est pas terminé par une faillite parce que le mot n'existe pas dans le fonctionnariat mais par un renflouement d'office sans sanction ..
A si , celle de se retrouver politicards à temps plein et finir soit au conseil d'état , conseil constitutionnel ou à la cour des comptes !
Chez ces gens là , le chômage n'existe pas .. s'il n'y a pas de place , l'administration en crée comme par exemple le cas de préfet sans affectation !!!!
https://www.capital.fr/economie-politiq ... ux-1386924
faut pondérer

L’ENA souffle 70 bougies ! La vénérable institution a vu défiler sur ces bancs plus de de 5.000 élèves. Ces anciens sont-ils tous devenus de hauts fonctionnaires zélés ? Pas franchement… S’ils sont obligés de consacrer dix ans de leur carrière à la fonction publique, ils sont ensuite nombreux à rejoindre le secteur privé.

En 2013, l’ENA arrive même 6ème dans le palmarès mondial des écoles qui fabriquent les grands patrons, selon le Times Higher Education. L’école nationale d’administration arrive juste derrière Polytechnique et HEC. Mais alors, qui sont ces chefs d’entreprise français qui sont passés par l’ENA ?

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Re: Trop d'argent dépensé par l'Etat depuis 2018 pour des cabinets de conseil.

Message par danielle49 » 21 mars 2022 18:15

Depuis que la Terre n'est plus plate, il était légitime d'imaginer un monde tournant un peu plus rond!
Nous sommes déçus...tout ça pour rien!

jabar
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Re: Trop d'argent dépensé par l'Etat depuis 2018 pour des cabinets de conseil.

Message par jabar » 21 mars 2022 18:55

Très bon article du monde diplo sur le sujet.

https://www.monde-diplomatique.fr/2021/ ... EMPS/64030
L’externalisation des services publics, angle mort du débat électoral
Quand l’État paie pour disparaître

Écrire des lois, distribuer les professions de foi électorales, commander des masques, organiser les campagnes de vaccination… De plus en plus de missions de service public sont confiées à des cabinets de conseil, tel l’américain McKinsey. Le coût exorbitant de ce recours est pourtant exclu de la discussion démocratique, tout comme la perte de savoir-faire de la fonction publique qui en découle.
par Arnaud Bontemps, Prune Helfter-Noah & Arsène Ruhlmann


«Bienvenue chez VFS Global, le partenaire officiel des autorités françaises à Alger », proclame le site d’un prestataire chargé de trier les dossiers de visas pour la France (1). Depuis dix ans, Paris lui confie le traitement des demandes qui lui sont adressées dans certains pays du monde, comme l’Algérie. Mais l’externalisation des fonctions régaliennes touche tous les pans de l’action publique, au point que peu y échappent, de la médiation culturelle à l’aide sociale à l’enfance. La situation a pris un tour singulier depuis une dizaine d’années : les pouvoirs publics lancent désormais des appels d’offres dits « d’assistance à maîtrise d’ouvrage » pour sélectionner des prestataires à même de les aider à… sélectionner ou gérer des prestataires.

La plupart des Français ont découvert que la mise sous pli et la distribution de la propagande électorale avaient été confiées à des prestataires privés lors des régionales de juin 2021 : de nombreux électeurs ont été privés des documents — brochures, bulletins, enveloppes de vote… — nécessaires au bon exercice de leur droit de vote. Certains ont également à l’esprit la décision de sous-traiter le remplacement du logiciel de paie des militaires Louvois, qui a coûté 283 millions d’euros au contribuable sans jamais fonctionner et a finalement été abandonné. Mais les exemples abondent, parfois tout aussi problématiques : l’externalisation d’une partie de la flotte d’hélicoptères de l’armée ; le recours aux voitures radar privées pour superviser le stationnement en ville ; la gestion des remplacements des enseignants du premier degré, confiée à la start-up Andjaro ; sans oublier certains consulats protégés par des sociétés de sécurité internationales, parfois sans la moindre présence de gendarmes.

Le recours à l’externalisation est souvent présenté comme une manière d’adapter les services publics aux besoins et contraintes du XXIe siècle, ainsi que l’affirment des institutions comme la Commission européenne, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ou, en France, le secrétariat général à la modernisation de l’action publique, puis de la transformation publique, qui y est même en partie consacré. Il s’inscrit en réalité dans une longue histoire de recours à des entreprises privées pour assurer l’exécution de certaines des missions de la puissance publique. Dès le XVIIe siècle, la monarchie confie la construction de canaux de navigation à des investisseurs privés, tout en gardant la haute main sur la propriété des réseaux de navigation intérieure, inaugurant ainsi le régime de ce qui deviendra des « concessions » de service public. La pratique se développe au XIXe siècle, notamment au niveau territorial, et certaines des plus grandes inventions techniques du siècle se répandent en France par ce biais : des chemins de fer (auprès d’un cartel de grandes compagnies) à l’éclairage public, en passant par le gaz ou l’alimentation en eau potable.
Une administration sous-dotée

En partie, les grandes nationalisations des années 1930 à 1950 contribuent à revenir sur cette pratique. De nouvelles entreprises voient le jour qui replacent la gestion et la commercialisation des réseaux d’électricité, de gaz ou encore de chemin de fer sous la tutelle directe de l’État. Un temps jugée inefficace, voire archaïque, la logique de l’externalisation n’avait pas dit son dernier mot. Elle redevient synonyme de modernité à partir des années 1970, aux États-Unis et au Royaume-Uni, avant de conquérir la France au tournant des années 1980 sous l’influence des théories dites du new public management (« nouvelle gestion publique »).

À partir de 1995, l’externalisation passe du statut d’outil à celui de boussole politique dans le projet, partagé par l’ensemble des gouvernements français successifs, de « réforme de l’État ». Dotée de toutes les vertus dans les discours publics, l’externalisation constitue une lame à double tranchant pour le pouvoir : d’un côté, elle offre une réponse court-termiste à la cure d’austérité qu’il impose aux administrations qui, ne pouvant plus recruter, se voient contraintes d’y recourir ; de l’autre, elle permet d’évider le service public de l’intérieur, tandis que les grandes privatisations lancées en 1986 puis à partir de 1997 (Air France, autoroutes…) complètent le tableau sur le flanc extérieur.

Un tournant s’opère avec la révision générale des politiques publiques (RGPP), menée entre 2007 et 2012. Concrétisation d’une annonce de campagne de M. Nicolas Sarkozy qui promet le « non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux », la RGPP se traduit par une banale course aux économies, dans tous les domaines. Elle innove toutefois dans la mesure où sa mise en œuvre implique des cabinets de conseil internationaux, souvent d’origine nord-américaine, tels que McKinsey & Company ou le Boston Consulting Group (BCG), jusque-là habitués à intervenir dans des pays ne disposant pas d’une administration forte. D’abord accueillies avec réticence par les grands corps chargés de les encadrer, ces prestations jusqu’alors presque inédites en France à ce niveau de l’État se banalisent. Le marché du conseil en secteur public gonfle à mesure que les effets de la « réforme de l’État » sur le fonctionnement des administrations se font sentir. De la conception stratégique, comme la rédaction de l’exposé des motifs d’un projet de loi (2), jusqu’à des missions opérationnelles de réforme du permis de conduire, de changement du logiciel de paie des militaires, presque plus aucun interstice n’échappe aux cabinets de conseil face à une administration volontairement sous-dotée et donc souvent dépassée.

Phénomène ancien, l’externalisation reste entourée d’un flou conceptuel, en dépit de sa généralisation : comme si la banalité du phénomène s’accompagnait d’une prévention à l’analyser. Une grille de lecture purement juridique, portant sur la nature des contrats signés entre l’État et ses prestataires, éclaire peu la nature du dispositif : elle conduit à distinguer le recours à un cabinet de conseil de la sous-traitance de la gestion de l’eau par une commune, mais à le confondre avec un achat de stylos. Or, bien que relevant de deux modalités contractuelles distinctes — d’un côté un marché public (de fourniture de biens ou de services), de l’autre une délégation de service public —, les deux premiers exemples découlent d’une même logique politique : confier à un acteur privé la réalisation de tout ou partie de l’action publique.

En additionnant les comptes de l’État, des collectivités territoriales et des hôpitaux publics, le montant des externalisations s’élève en 2019 à 160 milliards d’euros, c’est-à-dire 7 % du produit intérieur brut (PIB) ou l’équivalent du quart du budget de l’État. Au total, environ les deux tiers proviennent des délégations de service public (3), des contrats passés avec des opérateurs privés qui réalisent un service public à la place de l’État, comme dans les transports urbains ou la gestion de l’eau ; le reste regroupe des prestations de service (conseil, gestion, nettoyage, etc.) (4). Un montant aussi considérable n’a pourtant jamais donné lieu à un débat public ou à une information aux parlementaires. Plus étrange encore : il ne fait l’objet d’aucun discours électoral.

Son ampleur pèse sur le fonctionnement des services publics ainsi que sur la capacité de la puissance publique à agir et à prendre des décisions de manière souveraine. La crise du Covid-19 a montré les faiblesses de bien des États européens et la dépendance qu’ils entretenaient vis-à-vis d’entreprises privées, le plus souvent étrangères. On a beaucoup parlé des difficultés de Paris pour s’approvisionner en masques, en respirateurs, en vaccins, mais cette dépendance concerne également la gestion des données personnelles ou les services informatiques utilisés par l’État, à l’image du projet de Health Data Hub, qui vise à rassembler toutes les données de santé des Français dans un même serveur géré par la société américaine Microsoft, et qui soulève d’évidents problèmes de confidentialité.

Mais les conséquences d’une externalisation aussi massive ne se réduisent pas à la somme de ses parties. De recul en détricotage, les mouvements de sous-traitance évident les missions des administrations, provoquent une disparition de savoir-faire et privent les agents publics du « sens » de leur mission — celui qui les avait dans bien des cas conduits à choisir de servir l’État. Car c’est probablement la première des difficultés de cette externalisation aujourd’hui endémique : le recours à des prestataires externes entraîne une perte de savoir-faire, et la puissance publique s’avère désormais incapable de mettre en œuvre nombre de ses politiques de façon autonome.

À ce titre, l’externalisation croissante dans les centres hospitaliers a montré ses effets en période de crise, où la nécessité de modifications organisationnelles rapides et d’ampleur s’est heurtée à la rigidité des contrats existants dans les domaines de la restauration, de la blanchisserie ou du bionettoyage. Lorsqu’il s’agit de fonctions de conception des politiques publiques ou régaliennes comme la santé, le contrôle ou la sécurité, l’externalisation aboutit à un recul de la souveraineté et de la capacité de pilotage du service public sur ses propres missions. Se pose ainsi désormais la question de savoir si le délégant conserve une compétence suffisante pour piloter le délégataire et concevoir le cahier des charges de la délégation.

Le champ du numérique offre un exemple frappant de l’absence d’une volonté publique de se doter de compétences solides en interne, et pour lequel le recours à l’externalisation ne constitue qu’un palliatif de très court terme (mettre en place rapidement des projets informatiques ou sites Internet) sans interroger la perte de capacité technique des administrations sur le long terme. Contrôler un marché informatique, par exemple, suppose un minimum de connaissances à la fois techniques et en matière de gestion de projet. S’en priver expose au risque de passer à côté des principaux enjeux de la question soulevée, et de promouvoir un service inadapté aux besoins des usagers et des citoyens.
Effet cliquet

Ainsi , tout un patrimoine immatériel des services publics, de « compétences métier », de savoir-faire d’organisation, voire parfois de réflexion stratégique, se trouve fragilisé. Le recours aux prestataires privés fonctionne comme un « cliquet » à la fois technique et budgétaire, qui interdit tout retour. Car en pratique, une fois des économies réalisées en externalisant un service, il devient quasiment impossible d’obtenir une rallonge budgétaire les années suivantes pour revenir en arrière. En outre, envisager une « réinternalisation » d’activités nécessite souvent la reconstruction entière de compétences ou de savoir-faire perdus pour la puissance publique. Ce qui s’avère d’autant plus délicat que l’externalisation est ancienne (dix, quinze, voire quarante ans pour certaines activités qui furent un jour internalisées). Le piège peut ainsi se refermer : tout marché public passé conduit à une réduction pérenne de la sphère publique ainsi que des moyens des administrations y ayant recours.

Finalement, la multiplication des intermédiaires réduit l’efficacité de l’action publique. Les agents éprouvent de plus en plus de difficulté à saisir le sens de leur travail. Les usagers et les citoyens se trouvent confrontés aux services clients externalisés de sous-traitants à l’étranger, sans possibilité d’en référer aux personnes décisionnaires et responsables de la fourniture du service dont ils ont besoin. Et les salariés des sociétés sous-traitantes subissent la précarité de conditions de travail dégradées, à l’image des femmes de ménage ou des agents de gardiennage. Soulevant une question : ne serait-il pas temps de renverser la logique de l’externalisation, avant que la perte de souveraineté de l’État la fasse passer du rang de choix stratégique à celui de nécessité ?

Arnaud Bontemps, Prune Helfter-Noah & Arsène Ruhlmann
Respectivement fonctionnaires et consultant, membres du collectif Nos services publics.

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Re: Trop d'argent dépensé par l'Etat depuis 2018 pour des cabinets de conseil.

Message par papibilou » 21 mars 2022 22:58

sofasurfer a écrit :
21 mars 2022 15:09
papibilou a écrit :
21 mars 2022 10:38

Je supose que c'est pareil pour la fonction publique hospitalière.
A mon avis si vous enlevez de la catégorie A les enseignants et la fonction publique hospitalière on est loin des 25% de A. Non ? Je crois avoir lu que la catégorie A en collectivités territoriales est de moins de 10%.
la FPH et l’EN/ESR inclut des cadres administratifs, ca ne change pas grand chose sur le fond. Peux tu stp donner ta source pour les cat A dans la FPT?
Je ne suis pas fichu de faire un lien avec un fichier pdf. C'est sur le site collectivités locales .gouv.fr

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Re: Trop d'argent dépensé par l'Etat depuis 2018 pour des cabinets de conseil.

Message par gare au gorille » 21 mars 2022 23:50

AAAgora a écrit :
19 mars 2022 10:34
papibilou a écrit :
18 mars 2022 17:47
Scandale ou pas scandale ?
Le recours à des cabinets conseils est mal ou pas du tout encadré. Il est donc très probable qu'il y a des abus regrettables.
Ces cabinets coûtent cher.
Sont ils pour autant inutiles ? De 2 choses l une, ou bien l'état dispose des capacités d'investigation, de recherche ou pas. Je rappelle quand même que ces cabinets conseils absorbent une part très importante des jeunes qui sortent des grandes écoles: Polytechnique, Centrale, HEC, ESSEC. L'attraction qu'exercent ces cabinets tient tout autant au fait que l'on fait appel à eux pour des sujets complexes qu'au fait que les rémunérations sont très élevées.
Si l'état savait attirait ces jeunes il n'aurait peut-être pas aussi souvent besoin d'avoir recours aux cabinets en question. Mais comment l'état peut-il proposer des salaires de plus de 40 000 euros à des débutants et des salaires à 6 chiffres aux confirmés ?
.
3 millions à Capgemini pour se pencher sur la reforme des APL......avec à la clé la réduction de 5 euros pour les bénéficiaires des APL !!!

Oui, j'ai entendu ça il y a pas longtemps sur BFM TV. J'ai failli en tomber de ma chaise. Une plétorie de hauts fonctionnaires formés pas l'ENA et 3 millions d'euros versés à un cabinet de conseil pour en arriver à raboter 5 euros sur les APL.
* il pleut doucement sur la ville *
* Et le poète soul engueulait l' Univers *
(Rimbaud)

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Re: Trop d'argent dépensé par l'Etat depuis 2018 pour des cabinets de conseil.

Message par le chimple » 22 mars 2022 06:49

sofasurfer a écrit :
21 mars 2022 16:05
le chimple a écrit :
21 mars 2022 15:35


Humour ??
"il y a aussi des poissons volants mais ce n'est pas le modèle du genre "
Merci Gabin !!!!
https://www.youtube.com/watch?v=erQ0I_GrMIg
L 'ENA est avant tout une fabrique de politicards , baltringues qui n'ont pas réussi les concours d'entrée dans les grandes école"s comme Saint Cyr , Polytechnique !! :content36
Chaque fois qu'une entreprise d'état a voulu .. et c'est un pléonasme car ils ont quasi l'exclusivité .. mettre un de ces incompétents à se tête , ça ne s'est pas terminé par une faillite parce que le mot n'existe pas dans le fonctionnariat mais par un renflouement d'office sans sanction ..
A si , celle de se retrouver politicards à temps plein et finir soit au conseil d'état , conseil constitutionnel ou à la cour des comptes !
Chez ces gens là , le chômage n'existe pas .. s'il n'y a pas de place , l'administration en crée comme par exemple le cas de préfet sans affectation !!!!
https://www.capital.fr/economie-politiq ... ux-1386924
On peut critique l'ENA, ceci étant pour y entrer il faut avoir un sacré niveau, le concours est un des plus difficiles. Donc il n'y a rien d'étonnant qu'ils aient les meilleurs places dans l'administration ( que je leur laisse bien volontiers) et qu'ils ne connaissent pas le chômage.

Ils ne sont pas que préfets, mais surtout conseillers ministériels, directeurs d’institutions ou d'établissements DGS, etc.

Une administration, ca ne fonctionne pas comme une entreprise, c'est pourquoi ces élites sont formées pour gérer une administration...
Dans les autres grandes écoles aussi !!
Oui , ils ne sont pas que préfets mais pour faire préfet sans affectation , il ne faut pas vraiment "" sortir de Saintr Cyr "
Assurés d'avoir leur breloque de la légion d'horreur !
Force est de constat que la plupart de ceux qui ont été bombardé à la tête d'une entreprise d'état , ça a fini en eau de boudin !
Heureusement qu'il y a l'état pour renflouerr leurs conneries !
Je ne dis pas qu'ils dégagent des bénéfices , je dis qu'ils ne fassent pas de dettes et qu'ils soient sanctionnés pour banqueroute !
Comme le reste des dirigeants privés !
Oui , une administration , ça devrait fonctionner comme une entreprise , obligation de résultats !!!!
Ca éviterait à l'état de s'en débarrasser en les vendant au privé qui lui , réussi à dégager du bénef , engraisser ses actionnaires et même payer des impots !
Effectivement , quand cette clique se retrouve conseillés de ministres , pas étonnant que ça finisse mal et qu'ils soient obligés de faire appel à des cabinets privés, dont le reour sur investissement soit rarement au rendez vous !!! :twisted:
...C'est curieux chez les marins , le besoin de faire des phrases ...

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Re: Trop d'argent dépensé par l'Etat depuis 2018 pour des cabinets de conseil.

Message par sofasurfer » 22 mars 2022 08:36

le chimple a écrit :
22 mars 2022 06:49
sofasurfer a écrit :
21 mars 2022 16:05


On peut critique l'ENA, ceci étant pour y entrer il faut avoir un sacré niveau, le concours est un des plus difficiles. Donc il n'y a rien d'étonnant qu'ils aient les meilleurs places dans l'administration ( que je leur laisse bien volontiers) et qu'ils ne connaissent pas le chômage.

Ils ne sont pas que préfets, mais surtout conseillers ministériels, directeurs d’institutions ou d'établissements DGS, etc.

Une administration, ca ne fonctionne pas comme une entreprise, c'est pourquoi ces élites sont formées pour gérer une administration...
Dans les autres grandes écoles aussi !!
Oui , ils ne sont pas que préfets mais pour faire préfet sans affectation , il ne faut pas vraiment "" sortir de Saintr Cyr "
Assurés d'avoir leur breloque de la légion d'horreur !
Force est de constat que la plupart de ceux qui ont été bombardé à la tête d'une entreprise d'état , ça a fini en eau de boudin !
Heureusement qu'il y a l'état pour renflouerr leurs conneries !
Je ne dis pas qu'ils dégagent des bénéfices , je dis qu'ils ne fassent pas de dettes et qu'ils soient sanctionnés pour banqueroute !
Comme le reste des dirigeants privés !
Oui , une administration , ça devrait fonctionner comme une entreprise , obligation de résultats !!!!
Ca éviterait à l'état de s'en débarrasser en les vendant au privé qui lui , réussi à dégager du bénef , engraisser ses actionnaires et même payer des impots !
Effectivement , quand cette clique se retrouve conseillés de ministres , pas étonnant que ça finisse mal et qu'ils soient obligés de faire appel à des cabinets privés, dont le reour sur investissement soit rarement au rendez vous !!! :twisted:

POur l'obligation de résultat c'est deja le cas, un directeur qui ne remplit pas ses objectifs est remplacé et est muté dans un établissement de moindre envergure.

l'ENA et HEC ne forment pas aux mêmes carrières, vouloir réussir le concours de l'ENA c'est vouloir aussi etre moins payé que dans le privé, avoir moins d'avantages etc mais peut etre aussi avoir une carrière sécurisée, on ne peut pas tout avoir.

POur le fonctionnement, c'est différent d'une entreprise car les objectifs sont tournés vers le service au public et non vers la rentabilité. C'est pour cette raison que a l'ENA on forme différemment qu'en école de management. D'ailleurs il y a eu des tentatives de gestion d'un établissement administratif par un cadre dirigeant du privé, a chaque fois ça a été la catastrophe.

Après si tu parles de dettes d'état, elles sont provoquées par les politiques des élus et non par les directeurs administratifs, ca n'a rien a voir.

Enfin si tu estimes que les promus de l'ENA sont nuls, je t'invite à réussir le concours, tu sera alors aussi "nul" que ceux qui en sortent et tu pourras alors critiquer en dehors des clichés habituels. On sent en toi une certaine frustration de ne pas avoir réussi...
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Re: Trop d'argent dépensé par l'Etat depuis 2018 pour des cabinets de conseil.

Message par papibilou » 22 mars 2022 12:15

gare au gorille a écrit :
21 mars 2022 23:50

Oui, j'ai entendu ça il y a pas longtemps sur BFM TV. J'ai failli en tomber de ma chaise. Une plétorie de hauts fonctionnaires formés pas l'ENA et 3 millions d'euros versés à un cabinet de conseil pour en arriver à raboter 5 euros sur les APL.
Moi aussi, bien entendu, ça me choque.
Néanmoins, il serait sans doute injuste de penser que le cabinet concerné s'est contenté de faire cette proposition. Il est hautement probable qu'il a pondu un document de plusieurs centaines de pages, accompagné de propositions chiffrées, motivées etc.. justifiant les émoluments demandés. Ils ne travaillent pas pour rien, mais ils bossent.
Mais que ces propositions n'aient pas satisfait le demandeur pour des raisons politiques est une autre affaire.
D'ailleurs il serait intéressant de prendre connaissance du rapport produit.

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Re: Trop d'argent dépensé par l'Etat depuis 2018 pour des cabinets de conseil.

Message par Jiimmy » 22 mars 2022 12:41

jabar a écrit :
21 mars 2022 18:55
Très bon article du monde diplo sur le sujet.

https://www.monde-diplomatique.fr/2021/ ... EMPS/64030
L’externalisation des services publics, angle mort du débat électoral
Quand l’État paie pour disparaître

Écrire des lois, distribuer les professions de foi électorales, commander des masques, organiser les campagnes de vaccination… De plus en plus de missions de service public sont confiées à des cabinets de conseil, tel l’américain McKinsey. Le coût exorbitant de ce recours est pourtant exclu de la discussion démocratique, tout comme la perte de savoir-faire de la fonction publique qui en découle.
par Arnaud Bontemps, Prune Helfter-Noah & Arsène Ruhlmann


«Bienvenue chez VFS Global, le partenaire officiel des autorités françaises à Alger », proclame le site d’un prestataire chargé de trier les dossiers de visas pour la France (1). Depuis dix ans, Paris lui confie le traitement des demandes qui lui sont adressées dans certains pays du monde, comme l’Algérie. Mais l’externalisation des fonctions régaliennes touche tous les pans de l’action publique, au point que peu y échappent, de la médiation culturelle à l’aide sociale à l’enfance. La situation a pris un tour singulier depuis une dizaine d’années : les pouvoirs publics lancent désormais des appels d’offres dits « d’assistance à maîtrise d’ouvrage » pour sélectionner des prestataires à même de les aider à… sélectionner ou gérer des prestataires.

La plupart des Français ont découvert que la mise sous pli et la distribution de la propagande électorale avaient été confiées à des prestataires privés lors des régionales de juin 2021 : de nombreux électeurs ont été privés des documents — brochures, bulletins, enveloppes de vote… — nécessaires au bon exercice de leur droit de vote. Certains ont également à l’esprit la décision de sous-traiter le remplacement du logiciel de paie des militaires Louvois, qui a coûté 283 millions d’euros au contribuable sans jamais fonctionner et a finalement été abandonné. Mais les exemples abondent, parfois tout aussi problématiques : l’externalisation d’une partie de la flotte d’hélicoptères de l’armée ; le recours aux voitures radar privées pour superviser le stationnement en ville ; la gestion des remplacements des enseignants du premier degré, confiée à la start-up Andjaro ; sans oublier certains consulats protégés par des sociétés de sécurité internationales, parfois sans la moindre présence de gendarmes.

Le recours à l’externalisation est souvent présenté comme une manière d’adapter les services publics aux besoins et contraintes du XXIe siècle, ainsi que l’affirment des institutions comme la Commission européenne, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ou, en France, le secrétariat général à la modernisation de l’action publique, puis de la transformation publique, qui y est même en partie consacré. Il s’inscrit en réalité dans une longue histoire de recours à des entreprises privées pour assurer l’exécution de certaines des missions de la puissance publique. Dès le XVIIe siècle, la monarchie confie la construction de canaux de navigation à des investisseurs privés, tout en gardant la haute main sur la propriété des réseaux de navigation intérieure, inaugurant ainsi le régime de ce qui deviendra des « concessions » de service public. La pratique se développe au XIXe siècle, notamment au niveau territorial, et certaines des plus grandes inventions techniques du siècle se répandent en France par ce biais : des chemins de fer (auprès d’un cartel de grandes compagnies) à l’éclairage public, en passant par le gaz ou l’alimentation en eau potable.
Une administration sous-dotée

En partie, les grandes nationalisations des années 1930 à 1950 contribuent à revenir sur cette pratique. De nouvelles entreprises voient le jour qui replacent la gestion et la commercialisation des réseaux d’électricité, de gaz ou encore de chemin de fer sous la tutelle directe de l’État. Un temps jugée inefficace, voire archaïque, la logique de l’externalisation n’avait pas dit son dernier mot. Elle redevient synonyme de modernité à partir des années 1970, aux États-Unis et au Royaume-Uni, avant de conquérir la France au tournant des années 1980 sous l’influence des théories dites du new public management (« nouvelle gestion publique »).

À partir de 1995, l’externalisation passe du statut d’outil à celui de boussole politique dans le projet, partagé par l’ensemble des gouvernements français successifs, de « réforme de l’État ». Dotée de toutes les vertus dans les discours publics, l’externalisation constitue une lame à double tranchant pour le pouvoir : d’un côté, elle offre une réponse court-termiste à la cure d’austérité qu’il impose aux administrations qui, ne pouvant plus recruter, se voient contraintes d’y recourir ; de l’autre, elle permet d’évider le service public de l’intérieur, tandis que les grandes privatisations lancées en 1986 puis à partir de 1997 (Air France, autoroutes…) complètent le tableau sur le flanc extérieur.

Un tournant s’opère avec la révision générale des politiques publiques (RGPP), menée entre 2007 et 2012. Concrétisation d’une annonce de campagne de M. Nicolas Sarkozy qui promet le « non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux », la RGPP se traduit par une banale course aux économies, dans tous les domaines. Elle innove toutefois dans la mesure où sa mise en œuvre implique des cabinets de conseil internationaux, souvent d’origine nord-américaine, tels que McKinsey & Company ou le Boston Consulting Group (BCG), jusque-là habitués à intervenir dans des pays ne disposant pas d’une administration forte. D’abord accueillies avec réticence par les grands corps chargés de les encadrer, ces prestations jusqu’alors presque inédites en France à ce niveau de l’État se banalisent. Le marché du conseil en secteur public gonfle à mesure que les effets de la « réforme de l’État » sur le fonctionnement des administrations se font sentir. De la conception stratégique, comme la rédaction de l’exposé des motifs d’un projet de loi (2), jusqu’à des missions opérationnelles de réforme du permis de conduire, de changement du logiciel de paie des militaires, presque plus aucun interstice n’échappe aux cabinets de conseil face à une administration volontairement sous-dotée et donc souvent dépassée.

Phénomène ancien, l’externalisation reste entourée d’un flou conceptuel, en dépit de sa généralisation : comme si la banalité du phénomène s’accompagnait d’une prévention à l’analyser. Une grille de lecture purement juridique, portant sur la nature des contrats signés entre l’État et ses prestataires, éclaire peu la nature du dispositif : elle conduit à distinguer le recours à un cabinet de conseil de la sous-traitance de la gestion de l’eau par une commune, mais à le confondre avec un achat de stylos. Or, bien que relevant de deux modalités contractuelles distinctes — d’un côté un marché public (de fourniture de biens ou de services), de l’autre une délégation de service public —, les deux premiers exemples découlent d’une même logique politique : confier à un acteur privé la réalisation de tout ou partie de l’action publique.

En additionnant les comptes de l’État, des collectivités territoriales et des hôpitaux publics, le montant des externalisations s’élève en 2019 à 160 milliards d’euros, c’est-à-dire 7 % du produit intérieur brut (PIB) ou l’équivalent du quart du budget de l’État. Au total, environ les deux tiers proviennent des délégations de service public (3), des contrats passés avec des opérateurs privés qui réalisent un service public à la place de l’État, comme dans les transports urbains ou la gestion de l’eau ; le reste regroupe des prestations de service (conseil, gestion, nettoyage, etc.) (4). Un montant aussi considérable n’a pourtant jamais donné lieu à un débat public ou à une information aux parlementaires. Plus étrange encore : il ne fait l’objet d’aucun discours électoral.

Son ampleur pèse sur le fonctionnement des services publics ainsi que sur la capacité de la puissance publique à agir et à prendre des décisions de manière souveraine. La crise du Covid-19 a montré les faiblesses de bien des États européens et la dépendance qu’ils entretenaient vis-à-vis d’entreprises privées, le plus souvent étrangères. On a beaucoup parlé des difficultés de Paris pour s’approvisionner en masques, en respirateurs, en vaccins, mais cette dépendance concerne également la gestion des données personnelles ou les services informatiques utilisés par l’État, à l’image du projet de Health Data Hub, qui vise à rassembler toutes les données de santé des Français dans un même serveur géré par la société américaine Microsoft, et qui soulève d’évidents problèmes de confidentialité.

Mais les conséquences d’une externalisation aussi massive ne se réduisent pas à la somme de ses parties. De recul en détricotage, les mouvements de sous-traitance évident les missions des administrations, provoquent une disparition de savoir-faire et privent les agents publics du « sens » de leur mission — celui qui les avait dans bien des cas conduits à choisir de servir l’État. Car c’est probablement la première des difficultés de cette externalisation aujourd’hui endémique : le recours à des prestataires externes entraîne une perte de savoir-faire, et la puissance publique s’avère désormais incapable de mettre en œuvre nombre de ses politiques de façon autonome.

À ce titre, l’externalisation croissante dans les centres hospitaliers a montré ses effets en période de crise, où la nécessité de modifications organisationnelles rapides et d’ampleur s’est heurtée à la rigidité des contrats existants dans les domaines de la restauration, de la blanchisserie ou du bionettoyage. Lorsqu’il s’agit de fonctions de conception des politiques publiques ou régaliennes comme la santé, le contrôle ou la sécurité, l’externalisation aboutit à un recul de la souveraineté et de la capacité de pilotage du service public sur ses propres missions. Se pose ainsi désormais la question de savoir si le délégant conserve une compétence suffisante pour piloter le délégataire et concevoir le cahier des charges de la délégation.

Le champ du numérique offre un exemple frappant de l’absence d’une volonté publique de se doter de compétences solides en interne, et pour lequel le recours à l’externalisation ne constitue qu’un palliatif de très court terme (mettre en place rapidement des projets informatiques ou sites Internet) sans interroger la perte de capacité technique des administrations sur le long terme. Contrôler un marché informatique, par exemple, suppose un minimum de connaissances à la fois techniques et en matière de gestion de projet. S’en priver expose au risque de passer à côté des principaux enjeux de la question soulevée, et de promouvoir un service inadapté aux besoins des usagers et des citoyens.
Effet cliquet

Ainsi , tout un patrimoine immatériel des services publics, de « compétences métier », de savoir-faire d’organisation, voire parfois de réflexion stratégique, se trouve fragilisé. Le recours aux prestataires privés fonctionne comme un « cliquet » à la fois technique et budgétaire, qui interdit tout retour. Car en pratique, une fois des économies réalisées en externalisant un service, il devient quasiment impossible d’obtenir une rallonge budgétaire les années suivantes pour revenir en arrière. En outre, envisager une « réinternalisation » d’activités nécessite souvent la reconstruction entière de compétences ou de savoir-faire perdus pour la puissance publique. Ce qui s’avère d’autant plus délicat que l’externalisation est ancienne (dix, quinze, voire quarante ans pour certaines activités qui furent un jour internalisées). Le piège peut ainsi se refermer : tout marché public passé conduit à une réduction pérenne de la sphère publique ainsi que des moyens des administrations y ayant recours.

Finalement, la multiplication des intermédiaires réduit l’efficacité de l’action publique. Les agents éprouvent de plus en plus de difficulté à saisir le sens de leur travail. Les usagers et les citoyens se trouvent confrontés aux services clients externalisés de sous-traitants à l’étranger, sans possibilité d’en référer aux personnes décisionnaires et responsables de la fourniture du service dont ils ont besoin. Et les salariés des sociétés sous-traitantes subissent la précarité de conditions de travail dégradées, à l’image des femmes de ménage ou des agents de gardiennage. Soulevant une question : ne serait-il pas temps de renverser la logique de l’externalisation, avant que la perte de souveraineté de l’État la fasse passer du rang de choix stratégique à celui de nécessité ?

Arnaud Bontemps, Prune Helfter-Noah & Arsène Ruhlmann
Respectivement fonctionnaires et consultant, membres du collectif Nos services publics.
Merci, très bon article en effet.
Vergissmeinnicht

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Jiimmy
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Re: Trop d'argent dépensé par l'Etat depuis 2018 pour des cabinets de conseil.

Message par Jiimmy » 22 mars 2022 12:47

Je souris un peu quand je vois que nous avons d'un côté Papibilou qui nous explique que pour diriger un état il faudrait être une lumière dotée de pouvoirs magiques permettant de garantir une gestion correcte sur tous les domaines dans lesquels l'on sera amené à intervenir. De l'autre côté, nous avons un autre Papibilou qui semble légitimer cette externalisation croissante qui a pour but de faire à la place de nos gouvernants les missions de service public (à quoi cela sert-il d'être un génie puisque tout le travail est fait par d'autres. La preuve donc qu'un idiot serait capable de diriger un état en étant autant assisté).

Conclusion, au prix de toutes les contradictions possibles, certains se sont donnés pour mission de défendre vaille que vaille nos gouvernants actuels dont ils sont probablement de grands admirateurs (ce n'est pas une honte d'être un militant LAREM, mais pourquoi ne pas l'assumer).
Vergissmeinnicht

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Re: Trop d'argent dépensé par l'Etat depuis 2018 pour des cabinets de conseil.

Message par sofasurfer » 22 mars 2022 13:58

papibilou a écrit :
22 mars 2022 12:15
gare au gorille a écrit :
21 mars 2022 23:50

Oui, j'ai entendu ça il y a pas longtemps sur BFM TV. J'ai failli en tomber de ma chaise. Une plétorie de hauts fonctionnaires formés pas l'ENA et 3 millions d'euros versés à un cabinet de conseil pour en arriver à raboter 5 euros sur les APL.
Moi aussi, bien entendu, ça me choque.
Néanmoins, il serait sans doute injuste de penser que le cabinet concerné s'est contenté de faire cette proposition. Il est hautement probable qu'il a pondu un document de plusieurs centaines de pages, accompagné de propositions chiffrées, motivées etc.. justifiant les émoluments demandés. Ils ne travaillent pas pour rien, mais ils bossent.
Mais que ces propositions n'aient pas satisfait le demandeur pour des raisons politiques est une autre affaire.
D'ailleurs il serait intéressant de prendre connaissance du rapport produit.
C'est cela, le cabinet de conseils établit plusieurs propositions chiffrées, avec le cout budgétaire, les économies effectuées et le cout a long terme...
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Pierre Desproges

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Re: Trop d'argent dépensé par l'Etat depuis 2018 pour des cabinets de conseil.

Message par sofasurfer » 22 mars 2022 14:03

Jiimmy a écrit :
22 mars 2022 12:47
Je souris un peu quand je vois que nous avons d'un côté Papibilou qui nous explique que pour diriger un état il faudrait être une lumière dotée de pouvoirs magiques permettant de garantir une gestion correcte sur tous les domaines dans lesquels l'on sera amené à intervenir. De l'autre côté, nous avons un autre Papibilou qui semble légitimer cette externalisation croissante qui a pour but de faire à la place de nos gouvernants les missions de service public (à quoi cela sert-il d'être un génie puisque tout le travail est fait par d'autres. La preuve donc qu'un idiot serait capable de diriger un état en étant autant assisté).

Conclusion, au prix de toutes les contradictions possibles, certains se sont donnés pour mission de défendre vaille que vaille nos gouvernants actuels dont ils sont probablement de grands admirateurs (ce n'est pas une honte d'être un militant LAREM, mais pourquoi ne pas l'assumer).
Il y a ou il y a bien eu des chefs d'état dictateurs comme en Afrique qui n'ont pas fait de grandes études malgré leur faux diplômes et même parfois qui sont a la limite du nécessaire en instruction. Certains ont mis leur peuple dans la merde comme Bokassa, d'autres ont fait de l'émergence comme Omar Bongo. C'est aussi une question de volonté...
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Re: Trop d'argent dépensé par l'Etat depuis 2018 pour des cabinets de conseil.

Message par papibilou » 22 mars 2022 14:53

Jiimmy a écrit :
22 mars 2022 12:47
Je souris un peu quand je vois que nous avons d'un côté Papibilou qui nous explique que pour diriger un état il faudrait être une lumière dotée de pouvoirs magiques permettant de garantir une gestion correcte sur tous les domaines dans lesquels l'on sera amené à intervenir. De l'autre côté, nous avons un autre Papibilou qui semble légitimer cette externalisation croissante qui a pour but de faire à la place de nos gouvernants les missions de service public (à quoi cela sert-il d'être un génie puisque tout le travail est fait par d'autres. La preuve donc qu'un idiot serait capable de diriger un état en étant autant assisté).

Conclusion, au prix de toutes les contradictions possibles, certains se sont donnés pour mission de défendre vaille que vaille nos gouvernants actuels dont ils sont probablement de grands admirateurs (ce n'est pas une honte d'être un militant LAREM, mais pourquoi ne pas l'assumer).
Vous ne reculez décidément devant aucune outrance. Merci de bien vouloir rappeler ou j'ai écrit tout ça : " lumière doté de pouvoirs magiques" "gestion correcte sur tous les domaines..", "génie",..
Mais l'outrance ( que d'aucuns, moins gentils que moi, pourraient qualifier de mensonges éhontés et d'inventions désobligeantes), n'est pas votre unique domaine de prédilection puisqu'il y en a un autre que vous pratiquez avec régularité, celui de l'esquive. Voyezvous à quoi je fais allusion ?
Je vais faire comme si je ne connaissais pas bien votre rhétorique: je ne sais toujours pas pour qui je vais voter.

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