Ribéry vers un forfait ?
Selon France Télévisions qui cite «une source interne à l’équipe de France», la participation de Franck Ribéry à la Coupe du monde serait «très compromise». L’attaquant des Bleus souffre de problèmes au dos depuis plusieurs semaines.
Et si finalement Franck Ribéry avait disputé sa dernière Coupe du monde en 2010, lors du fiasco en Afrique du Sud ? Cette hypothèse, de très improbable il y a encore une semaine, devient chaque jour qui passe un peu plus plausible. A tel point que ce dimanche, France Télévisions cite une source interne à l'équipe de France qui qualifierait la participation du Munichois à la grand-messe brésilienne comme étant «très compromise». Un forfait qui aurait l'effet d'un véritable coup de massue pour l'équipe de France, dont la préparation avait idéalement débuté par un facile succès contre la Norvège (4-0) mais qui perdrait là l'un de ses principaux atouts offensifs. Sans parler de l'importance de Ribéry en dehors du terrain, lui qui est décrit par tous ses partenaires comme «un taulier» et «un patron» du vestiaire tricolore.
Deschamps doit trancher ce lundi
En attendant de voir si cette rumeur sera confirmée, deux faits sont certains. Le premier concerne l'état physique et moral de Ribéry. Le Munichois souffre toujours du dos, un mal qui le handicape depuis plusieurs mois et qui l'a empêché jusqu'à présent de prendre part aux séances collectives avec ses partenaires. Samedi soir, lors de sa conférence de presse, Didier Deschamps n'avait d’ailleurs pas caché son inquiétude, ou tout du moins son manque de certitude quant à l'évolution de sa guérison : «Si on en est là aujourd'hui, c'est qu'il y a quelque chose. On fait tout pour trouver des solutions et il y en a. Il n'est pas là en train de dormir, à ne rien faire. Il a beaucoup de soins, d'exercices adaptés pour qu'il soit dans une condition athlétique optimale et beaucoup plus libéré. L'objectif est de le rendre disponible pour le dernier match contre la Jamaïque dimanche prochain.» Ce qui n'a donc rien de garantie.
L'autre écueil pour le Munichois concerne la date du 2 juin, ce lundi donc, fixée par la Fifa pour la remise des listes définitives de 23 joueurs pour la Coupe du monde (qui peut éventuellement inclure un 24e nom susceptible de remplacer un blessé dans la liste jusqu'à la veille de l'entrée de la France dans la compétition). Deschamps prendra-t-il le risque d'y inscrire un joueur blessé et dont il n'est pas sûr qu'il soit à 100% au Brésil ? D'autres avant lui ont fait l'erreur et la regrettent encore...
Zidane, Desailly, Vieira : les 3 fantômes de Ribéry
En délicatesse avec son dos depuis plusieurs semaines, Franck Ribéry ronge son frein depuis le début de la préparation de l’équipe de France. Ce qui fait remonter de vilains souvenirs à la surface…
«C’était une grosse faute de ma part. Quand tu sélectionnes les vingt-deux meilleurs joueurs, tu ne peux pas focaliser l’attention du monde entier sur un seul qui n’est pas en état de jouer. Parce que les autres ont le même ego. Il n’y avait que des articles sur la blessure de Zizou, et les autres n’en pouvaient plus. La réflexion d’un joueur m’a ouvert tardivement les yeux : «Et nous, on est des cons ?» Je me suis alors dit : Roger, ton groupe est mort.» Dix ans après le crash des champions en titre à la Coupe du monde 2002 en Corée du Sud, dans un entretien accordé à L’Equipe, Roger Lemerre n’avait toujours pas digéré cet échec, lié en grande partie à la désormais tristement fameuse blessure à la cuisse gauche de Zinédine Zidane lors du dernier match de préparation. Incapable de se résoudre au forfait de son numéro 10, le sélectionneur avait alors entretenu l’espoir de son retour, vain lors du dernier match, plutôt que de clairement tourner la page en admettant que tout «Zizou» qu’il était, ce dernier ne pouvait pas non plus accomplir des miracles sans une condition physique adéquate.
Un entêtement néfaste
Cet entêtement à repousser l’idée d’un forfait aurait alors dû servir d’exemple pour les successeurs de Lemerre. Las, il n’en aura rien été puisque deux ans plus tard, pour l’Euro 2004, Jacques Santini commettait sensiblement le même impair avec Marcel Desailly. Touché au genou, celui qui était alors capitaine des Bleus loupait le premier match contre l’Angleterre, revenait contre la Croatie au prix toutefois d’une erreur personnelle synonyme de match nul (2-2) avant de… finir la compétition comme remplaçant. Une gestion catastrophique qui se soldait par une élimination sans gloire face à la Grèce en quarts de finale (0-1). Quatre ans plus tard, c’était au tour de Raymond Domenech de se prendre les pieds dans le tapis Patrick Vieira. Victime d’une lésion musculaire à la cuisse gauche en préparation contre le Paraguay, le milieu de terrain passe une IRM qui détermine un délai de guérison de trois semaines. Mais au lieu de l’écarter de sa liste des 23 au profit de Mathieu Flamini, Domenech décide de l’emmener en Suisse. Une polémique (sur l’utilisation de l’Actovégin souhaitée par le joueur mais refusée par le staff médical tricolore) et une élimination au 1er tour plus tard, sans que Vieira n’ait disputé la moindre minute de jeu, le constat d’échec était une nouvelle fois patent.
Franck n’est pas bien, il ne supporte pas de ne pas jouer
— Noël Le Graët
Pourquoi un tel retour vers un sombre passé ? Tout simplement car d’inquiétants fantômes semblent faire leur retour du côté de Clairefontaine en raison de la blessure au dos de Franck Ribéry. Depuis qu’il a rejoint le centre d’entraînement le 21 mai dernier, le Munichois fait ainsi l’objet d’une préparation individualisée. Et visiblement, cela commence à sérieusement lui peser sur le plan mental. Comme le reconnaissait à demi-mot son ami Karim Benzema : «Il pense à sa blessure, ce qui est normal. Il veut vite revenir et être performant. Mais je ne pense pas qu’il soit énervé. Il est juste contrarié.» Noël Le Graët se voulait, lui, un peu plus explicite sur BFM : «J’étais à côté de lui hier (Ndlr : jeudi), il a un petit peu mal au dos. Il est un peu ronchon. Il n’est pas bien, il ne supporte pas de ne pas jouer. Il a eu une énorme pression. Il aurait eu besoin d’un mois de coupure. Mais bien ménagé, je pense qu’il sera prêt pour la compétition.»
Deschamps bientôt face à un cas de conscience ?
Comme le président de la FFF, personne, aujourd’hui, n’envisage un quelconque forfait de Ribéry pour la grand-messe au Brésil. A commencer par son sélectionneur, Didier Deschamps, qui se dit «pas inquiet» pour l’un de ses principaux atouts offensifs. Pourtant, il suffit d’insister un peu pour ébrécher légèrement cette belle sérénité : «Il est toujours dans son programme adapté. Son retour ? Le plus tôt sera le mieux, mais on ne va pas le brusquer non plus. Il traine ça depuis trois semaines, un mois, avec son club du Bayern Munich. Il a joué la finale de Coupe d’Allemagne sans être à 100%. On peut jouer une Coupe du monde sans être totalement à 100%, c’est déjà arrivé, moi le premier. Mais on donne 100% de ce que l’on a.» Le problème de Ribéry est effectivement celui-ci : après un semestre déjà très délicat au Bayern, quelle conséquence peut avoir cette préparation tronquée sur son état de forme et sa compétitivité au Brésil ? Alors qu’Antoine Griezmann reste sur une prestation intéressante face à la Norvège (4-0) mardi dernier, Deschamps doit-il s’entêter à ne jurer que par Ribéry ? Auteur d’un sans-faute jusqu’à présent dans ses choix, le sélectionneur pourrait vite se retrouver confronté à un douloureux cas de conscience. Et d’autres avant lui regrettent encore leur choix de l’époque…
Un Ribery a seulement 70% ne nous servira pas à grand chose (sans parler de la probabilité que l'on se retrouve avec un groupe de 23 jours dont seulement 22 sont en état de jouer :roll: ). Deschamps doit se résoudre à se séparer de lui et à appeler un des réserviste (probablement Lacazette ou Cabella) en remplacement.