Le petit monde diplomatique de le Pen....
Boulet rouge
«Poutine assassin, Le Pen complice»: la candidate RN sans cesse renvoyée au maître du Kremlin
Ce mercredi, la représentante de l’extrême droite dans ce second tour a donc convoqué la presse pour parler de sa politique diplomatique en cas de victoire le 24 avril. Pour sa conférence de presse, Le Pen et son équipe ont choisi le décor pompeux des Salons Hoches, à quelques rues de l’Arc de Triomphe d’ordinaire réservés pour des mariages bling-bling de jeunes amoureux fortunés ou des cérémonies de diplôme d’écoles privées aussi prestigieuses que coûteuses.
Devant l’entrée, une vingtaine de militants de SOS-Racisme, pancartes à la main scandent : «Poutine assassin, Le Pen complice» sans que cela ne bouleverse le déroulé de l’après-midi.
Marine Le Pen disserte depuis une grosse heure de sa stratégie en termes de diplomatie quand soudain ça s’agite au fond de la salle. En pleine séance de questions-réponses, un homme, se faisant passer pour un journaliste de Russia Today lance à la candidate du Rassemblement national (RN) : «De la part de Vladimir Poutine : “Tu ne me réponds plus, je suis inquiet. Pourquoi tu m’as abandonné ? Tu me répondras de nouveau quand tu seras élue présidente ?”»
Au même moment, Pauline Rapilly-Ferniot, une de ses camarades du collectif Ibiza – qui s’est rendu célèbre en faisant danser le sosie de Jean-Michel Blanquer pendant l’Ibizagate – se lève. La militante, qui est par ailleurs une élue EE-LV de Boulogne-Billancourt, sort une photo grand format en forme de cœur montrant la candidate d’extrême droite et le président russe se serrant la main. La jeune femme est plaquée au sol et exfiltrée sur-le-champ. «On voulait montrer que la politique internationale de Marine Le Pen consiste à être complaisante avec les dictateurs et le danger que son accession au pouvoir représenterait», glisse-t-elle à la sortie.
«Restaurer la place singulière de la France»
14 h 45. Marine Le Pen grimpe sur la scène du Salon Elysée sur laquelle, quelques jours plus tôt, un couple de mariés a dû découper une pièce montée. On installe les journalistes venus en nombre par rangées sur de confortables chaises rouges. La candidate commence : «Je souhaite simplement vous présenter aujourd’hui les grandes lignes de mon projet de restauration du rayonnement de la diplomatie française, de restauration de la place singulière qui est la nôtre dans le concert des nations.» Expression qu’elle dit préférer à «communauté internationale».
Puis, la candidate qui n’attend pas plus que quelques secondes pour citer le général de Gaulle explique que sa stratégie s’appuie sur trois grands principes : la puissance de la France, l’intérêt national avant tout et «le retour des valeurs traditionnelles de la diplomatie française» à savoir l’indépendance, l’équidistance et la constance. Contrairement «à la diplomatie bavarde et ouverte d’Emmanuel Macron», la sienne sera silencieuse et dans l’action promet-elle. Contrairement au président sortant, sa politique étrangère ne se résumera pas à un «aveuglement français à l’égard de Berlin», ajoute-t-elle. Actant des «divergences stratégiques irréconciliables» avec l’Allemagne, Le Pen souhaite mettre fin à «l’ensemble des coopérations avec Berlin» sur le plan militaire.
Un rapprochement Russie-OTAN
Après un long tour d’horizon zone par zone, Le Pen aborde la question de l’Otan. Sujet qui la différencie nettement du président sortant qui n’entend pas se désengager de l’organisation du traité de l’Atlantique nord. La candidate du RN, elle, veut sortir de son commandement intégré. Mais cela ne veut pas dire, jure-t-elle, quitter l’alliance, souhaitant ainsi «dissiper tout malentendu». «Cette politique n’impliquera nullement une soumission à Moscou et jamais la loyauté de la France à l’égard de l’Otan n’a été mise à défaut de 1966 à 2009 quand la France en était sortie», insiste-t-elle.
Attaquée depuis plusieurs semaines – sans en pâtir – à cause de ses anciennes prises de position favorables à Vladimir Poutine, la patronne du RN s’attarde peu sur la question russe. Le Pen se montre toujours favorable à un rapprochement stratégique entre le pays et l’Otan «dès que la guerre russo-ukrainienne sera achevée et aura été réglée par un traité de paix». Le sujet revient au moment des questions des journalistes.
«Vous comprenez que votre proximité même ancienne avec Vladimir Poutine puisse inquiéter», lui demande l’un d’eux. Sa réponse : «Le procès qui m’est fait sur la Russie est particulièrement injuste. Toutes les prises de position que j’ai prise sur le sujet visaient à défendre l’intérêt de la France.» Elle évite de rappeler qu’elle a intégré, dans un de ses tracts de campagne, une photo d’elle à Moscou en compagnie de Poutine…
Puis, pour tenter de montrer qu’elle n’est pas la seule candidate à s’être montrée proche du président russe, elle reprend l’argumentaire matraqué par son parti. A savoir rappeler qu’Emmanuel Macron a reçu Poutine en grande pompe au château de Versailles et au fort de Brégançon durant son quinquennat. «Nos positions n’ont d’ailleurs pas toujours été si éloignées, grince-t-elle. En 2018, Macron disait vouloir arrimer la Russie à l’Europe. Ce n’est jamais que la position que j’ai toujours défendue». «Elle prend vachement de distance avec Poutine, s’inquiète une ministre.
Il va quand même falloir rappeler que son alliance militaire est toujours dans son programme. Marine Le Pen soutient Poutine. Macron était dans un rapport de force diplomatique avec lui.»
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