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POLITIQUE SOCIALE -
DE JULIEN DAMON
1.875 euros mensuels de dépense publique par SDF
[ 10/03/08 ]
Le gouvernement vient d'annoncer 250 millions d'euros supplémentaires pour la prise en charge des
SDF. Et les associations, gestionnaires de ces services de prise en charge, de rétorquer qu'il s'agit
d'un plan manifestement insuffisant, voire d'une provocation. La somme est pourtant absolument
considérable. Tentons d'y voir clair.
Depuis une vingtaine d'années, en réponse au problème très visible des sans-abri, des dispositifs
aujourd'hui qualifiés d'urgence sociale ont été créés. Ces services et équipements varient selon les
villes et les départements. Ils proposent des centres d'accueil d'urgence, des centres d'hébergement
et de réinsertion sociale (CHRS), des accueils de jour, des Samu sociaux, une ligne téléphonique
gratuite d'urgence pour les sans-abri, le « 115 ».
La Cour des comptes recensait, pour fin 2005, 13.000 places d'hébergement d'urgence, 9.000 places
à l'hôtel et 31.000 places en CHRS. Pendant la période hivernale, une dizaine de milliers de places
supplémentaires d'accueil peuvent être ouvertes. S'ajoutent quelques milliers de logements adaptés,
par exemple dans des « résidences sociales » ou des « maisons relais ». On doit également compter
36.000 places dans des centres et des hôtels pour demandeurs d'asile. Au total, ce sont, pour les
sans-domicile, une centaine de milliers de places, avec des modes de gestion et de financement
différents et effroyablement compliqués.
La prise en charge des SDF forme maintenant un système alambiqué, mêlant travail social salarié et
bénévolat, grandes institutions publiques et petites associations privées, aide sociale obligatoire et
action sociale facultative, interventions de l'Etat et des collectivités territoriales. Ce sont quasi
intégralement les fonds publics qui font vivre les opérateurs, principalement associatifs.
Chaque hiver voit naître son lot d'initiatives médiatiques - les dernières en date étant celles des
Enfants de Don Quichotte sur le canal Saint-Martin ou en face de Notre-Dame à Paris - et de
polémiques concernant l'adaptation des accueils, le financement des services, la coopération des
associations, les responsabilités des uns et des autres.
Les crédits affectés à l'urgence sociale et à la réinsertion sociale sont en constante augmentation. Il
s'agit probablement d'une des dépenses publiques qui a le plus abondamment crû depuis le milieu
des années 1980. A ce moment, ils ne représentaient rien.
En 2002, ils pesaient, à la seule charge
de l'Etat, 500 millions d'euros ; plus d'un milliard en 2006. Il faut y ajouter les dépenses des
collectivités locales, difficilement évaluables, mais représentant certainement un minimum de
plusieurs dizaines de millions d'euros. Il faut encore y ajouter le montant des prestations sociales,
dont bénéficient les personnes « sans résidence stable ». Toutes prestations légales confondues
(avec le RMI et les allocations familiales par exemple), c'est une dépense d'environ 400 millions
d'euros. On peut considérer que les pouvoirs publics dépensent au moins 1,5 milliard d'euros, et
probablement plutôt 2 milliards, spécifiquement pour les SDF. Ceci étant une estimation fragile, mais sensée
Qui sont donc les SDF et combien sont-ils ? La fondation Abbé Pierre, corroborée par l'Insee,
dénombre 3 millions de mal-logés, et, parmi eux,
100.000 personnes sans domicile fixe. La plupart
d'entre elles se trouvent dans des centres d'hébergement. 10 % seulement sont dans la rue. Si on
accepte cet ordre de grandeur de 100.000 SDF, on aboutit à une dépense par individu extrêmement
élevée. Le nouveau quart de milliard d'euros porte la dépense mensuelle par SDF à 1.875 euros par
mois. La France est certainement le pays au monde qui dépense, directement et indirectement, le
plus en direction des SDF.
L'intervention sociale, en conditions extrêmes, est naturellement coûteuse. Il est toutefois loin d'être
assuré que la dépense soit aujourd'hui des plus efficientes... En témoigne la récurrence annuelle des
controverses et des revendications. Ce n'est cependant pas en ajoutant des moyens sur les mêmes
objectifs ni en critiquant l'insuffisance de ces moyens que le dossier avancera. Pourquoi donc ne pas
se fixer véritablement, comme d'autres pays l'ont fait, l'objectif « zéro SDF » ? A l'aune de cette visée,
tous les instruments et moyens, particulièrement élevés, affectés à ce pan fondamental de la lutte
contre l'exclusion, pourraient être revus, utilement.
JULIEN DAMON est professeur associé à Sciences po.
Alors tes potes qui viennent d'ailleurs,et les chiffres que tu conteste sans arrêt,cher dino,les voila!ya plus qu'a lire! :roll:
« Ainsi s'éteint la liberté, sous une pluie d'applaudissements. » Star Wars, épisode III
"nul bien sans peine".....