Once a écrit : ↑25 août 2022 11:39
sofasurfer a écrit : ↑24 août 2022 14:13
Bah tu proposes aux profs expérimentés de dispenser leurs cours dans un lycée difficile en change d'une prime de 30% en plus du salaire, il y aura des candidats à la pelle...
Même pas sûr. Profs expérimentés riment souvent avec profs ayant pris de la bouteille, de l'âge, sachant fort bien gérer des classes sans trop de problèmes mais peu enclins à devoir se remettre en question dans des établissements plus difficiles.
Par ailleurs : et dans le privé ? Il en manque des profs dans le privé ?
Oui, il en manque aussi. Les contractuels y sont très nombreux et extrêmement mal payés, généralement à peine plus que le SMIC.
Le problème du recrutement est ancien et a de multiples causes. Je ne vais pas revenir sur le désastre des années Sarkozy, sinon je serais obligé d’être insultant pour les sinistres crétins qui l’ont élu. Mais si on veut résumer rapidement :
1) salaires trop peu attractifs, peu de possibilités d’évolution de carrière - un souci communication à toute la fonction publique. Pour un métier qui recrute à bac+5 (ce qui est stupide), il faudrait déjà une augmentation globale de l’ordre de 20% pour redevenir attractif.
2) dans certaines académiques et particulièrement en IDF, c’est la quasi impossibilité de changer de région qui bloque totalement les recrutements. Personne n’a envie de s’engager en sachant qu’il faudra minimum 20 ans pour pouvoir aller voir ailleurs. Du coup, les postes de contractuels deviennent paradoxalement plus intéressants puisque ils permettent de se faire embaucher partout.
3) difficultés spécifiques à certains établissements auxquels la plupart des profs, essentiellement des femmes issus de classes sociales plutôt favorisées et loin des banlieues urbaines, sont très mal préparés. Le fossé est trop grand avec les élèves. Beaucoup renoncent faute de savoir comment s’y prendre, et ça dépasse largement le cadre des histoires d’islam et compagnie, qui restent assez marginales. C’est tout un contexte social qu’il faut apprendre à maîtriser.
Les solutions ne sont pas si évidentes. Augmenter significativement les salaires et en particulier ceux des zones délaissées, en premier lieu l’IDF, est une évidence mais c’est insuffisant. L’organisation est aussi à repenser, la mobilité des personnels doit être beaucoup plus large, la hiérarchie plus efficace et proche du terrain. Mais c’est une lourde machine dont le bon fonctionnement dépend aussi de critères extérieurs qui la dépassent largement. Il faudra du temps pour réparer ce qui a été abîmé, en particulier par le mépris et l’inconscience de la droite.