Source:La Dépêche.
Un air de télécrochet a soufflé sur le Pôle emploi de Castres mardi dernier, cédant rapidement la place à la polémique. Pour « dynamiser les embauches et éviter la discrimination », la directrice de Pôle emploi Vanessa Serrato et son équipe ont décidé d’organiser des sessions de recrutement à l’aveugle, à la manière de l’émission The Voice, diffusée sur TF1 le samedi soir.
« 25 demandeurs d’emploi se sont présentés tour à tour dans la salle. Face à eux, cinq patrons d’agences intérim étaient assis de dos qui devaient se concentrer sur ce que l’orateur avait à dire », résume la directrice.
À la fin du discours de présentation des candidats, les jurés n’avaient pas de buzzer, mais comme à la télévision, ils se retournaient pour faire face à l’orateur. « 11 d’entre eux ont été embauchés. Nous étions très satisfaits, mais depuis, les syndicats sont montés au créneau. »
Les demandeurs d’emploi avaient-ils le choix ?
Alerté par ces sessions de recrutement atypiques, SNU-Pôle emploi s’est montré très surpris par ces pratiques. « Il y a dérapage. On fait n’importe quoi pour paraître moderne », estime Frédéric Morlot, du syndicat SNU-Pôle emploi à Castres.
« Nous tentons d’innover pour favoriser les rencontres entre les professionnels et les demandeurs d’emploi. Je ne comprends pas cette polémique. Tous les participants sont volontaires. Nous les avons préparés pour tenir un discours accrocheur », assure pour sa part Vanessa Serrato.
Reste que certains chômeurs trouvent eux aussi cette démarche légère, voire un peu rabaissante. « Je n’ai pas fait partie de ce casting, mais cela m’aurait mis mal à l’aise. Je cherche un emploi, je n’ai pas le temps de jouer », prévient Matthieu, un Sud-Tarnais de 29 ans.
Une guerre interne:
Un sentiment partagé par Frédéric Morlot qui estime que les demandeurs d’emploi ne peuvent pas dire non à leur conseiller. « Nous sommes pris dans une guerre interne. Cela nous dépasse. Contrairement à d’autres agences en France, nous n’avions pas adopté les codes de l’émission. Nous étions concentrés sur notre mission de favoriser les embauches », confie Vanessa Serrato.
Elle précise que Pôle emploi continuera de « casser les codes des sessions de recrutements ». « C'est une initiative locale. 11 embauches sur 25 candidatures, cela me redonne le sourire », conclut la directrice. Le service de communication de Pôle emploi national a toutefois décidé que ce type de session de recrutement serait suspendu.
https://www.ladepeche.fr/article/2018/1 ... mique.html