Le maire de Levallois encourt dix ans de prison et 750.000 euros d’amende. Isabelle Balkany, qui a tenté de se suicider le 1er mai, devrait comparaître aux côtés de son mari.
Source:Le Figaro.Si discrets dans les montages financiers qui, selon l’accusation, leur ont permis de soustraire au moins 13 millions au fisc entre 2009 et 2015, Patrick et Isabelle Balkany l’étaient beaucoup moins dans leur vie quotidienne. Les époux, aujourd’hui âgés respectivement de 70 et 71 ans, menaient grand train entre leur luxueux moulin de Giverny, leur villa de rêve sur l’île de Saint-Martin et leur riad paradisiaque de Marrakech.
Entrés en politique au RPR, dans les Hauts-de-Seine, à la fin des années soixante-dix, les époux affectionnaient, comme il était de mise à l’époque, les grosses coupures. Ils en laissaient traîner un peu partout ; la responsable d’un pressing a ainsi retrouvé sept billets de 500 € dans la poche d’un complet du maire de Levallois-Perret.
L’instruction démarre en 2013. Les dépenses extraordinaires du couple sont incompatibles avec leurs revenus officiels. Les juges Van Ruymbeke et Simon décortiquent, à travers deux ordonnances de renvoi, les montages de plus en plus subtils qui auraient permis aux prévenus d’acquérir leurs biens immobiliers de manière frauduleuse. Hommes de paille, sociétés offshore, comptes en Suisse, au Liechtenstein, à Singapour, à Panama, les éléments à charge pourraient servir de plan à un «Que sais-je?» sur la fraude fiscale et le blanchiment.
Patrick Balkany, ancien député, proche de Nicolas Sarkozy, connu pour avoir le verbe haut et ne jamais douter de sa bonne étoile - il est candidat à sa réélection en 2020 -, répond en outre de corruption passive et prise illégale d’intérêts: il encourt à ce titre dix ans de prison et 750.000 € d’amende. L’achat de la propriété marocaine fait, en effet, entrer en scène un richissime Saoudien, Mohamed al-Jaber, qui aurait mis la main au portefeuille pour gagner en échange le droit de bâtir deux tours à Levallois.
Montages financiers internationaux:
Le témoin le plus accablant est une vieille connaissance de la politique à l’ancienne: Didier Schuller. Autrefois intime des Balkany, il s’est fait condamner pour ses propres turpitudes. Mais il a dû se sentir lâché par ses anciens amis: il a «balancé» aux juges tout ce qu’il savait sur eux. Qu’il ait ou non dit vrai, il ne réveillonnera plus jamais chez eux à Saint-Martin: la villa Pamplemousse a été saisie et revendue au bénéfice de l’État.
À côté des époux Balkany et de leur fils Alexandre sur le banc des prévenus, prendra place Mohamed al-Jaber. Et aussi Jean-Pierre Aubry, propriétaire fictif du riad acheté via une SCI, Dar Gyucy, dont le nom, c’est curieux, a été forgé sur les prénoms des petits-enfants Balkany. Enfin, un avocat, ex-associé de Nicolas Sarkozy, Me Arnaud Claude, en qui l’accusation voit le cerveau des montages financiers internationaux.
La défense, qui pourra difficilement nier la fraude fiscale, devrait s’attacher à en minimiser l’envergure.
La défense, qui pourra difficilement nier la fraude fiscale, devrait s’attacher à en minimiser l’envergure. Les Balkany ont expliqué avoir bénéficié d’importantes liquidités tirées d’héritages - leurs familles de naissance étaient très fortunées - et non déclarées.
Une incertitude plane cependant sur le procès en deux volets qui s’ouvre ce lundi devant le tribunal de Paris et doit durer jusqu’au 20 juin. Isabelle Balkany a, semble-t-il, tenté de se suicider le 1er mai. Son état de santé, physique et psychologique, est-il compatible avec des débats aussi longs et leur enjeu? La première journée d’audience sera certainement le théâtre d’un premier combat, qui s’annonce âpre, destiné à obtenir le renvoi.
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