Source:Le Parisien.
Pour les Verts, c'est le congrès de tous les possibles. Celui de la chance historique ou de l'occasion ratée. Ce moment clé dans la vie d'un parti politique se déroulera chez les écologistes en deux temps. Samedi, des élections décentralisées auront lieu dans toute la France et le 30 novembre, une nouvelle équipe dirigeante sera élue autour de la synthèse la plus large possible.
Même s'il n'est pas candidat à la tête du parti, Yannick Jadot sera au cœur de ce congrès, avec la résolution qu'il soutient, « Le Temps de l'écologie », portée par Eva Sas, comme baromètre de son audience. « Yannick Jadot ne manque pas de charisme et il a la légitimité d'un militant écologiste qu'il s'est forgée pendant des années à Greenpeace », estime Matthieu Orphelin. Pour le député, ex-Marcheur et ancien bras droit de Nicolas Hulot, « c'est le moment pour que la ligne Jadot, une écologie de gouvernement, soit validée. »
Vers un remède contre la «maladie infantile» des Verts ?
Or même si ce congrès est présenté comme celui de « l'apaisement », les Verts restent marqués par une acné juvénile dont ils ont décidément beaucoup de mal à se débarrasser : des divisions internes qui jusqu'à présent les ont empêchés d'accéder à la magistrature suprême. Et malgré la dynamique des Européennes, malgré l'ambition de conquérir des villes et des grandes comme la capitale, malgré ses ambitions élyséennes à peine camouflées, Jadot n'a pas encore trouvé le remède à cette « maladie infantile » de l'écologie.
Outre celle de Jadot, trois autres motions seront ainsi en compétition dont deux à la gauche des Verts, « Le souffle de l'écologie », d'Alain Coulombel, « Démocratie Écolo », de Philippe Stanisière et « Grandir ensemble, l'écologie au pouvoir », incarnée par Julien Bayou, porte-parole d'EELV. Cette motion qui, certes, revendique la ligne Jadot tout en voulant la « renforcer » est « parrainée » par David Cormand, l'actuel patron du parti… qui n'a de cesse de se différencier du vainqueur des Européennes. Des critiques implicites d'un Jadot trop libéral ou trop sûr de lui, à des prises de position politiques diamétralement opposées.
Dernière illustration de ces « cinquante nuances de vert » : la marche contre l'islamophobie de dimanche dernier. Alors que Jadot tentait d'expliquer pourquoi il soutenait cette marche mais sans y aller avant de justifier pourquoi il n'y allait plus, Cormand, lui, applaudissait à cette manifestation et soutenait la sénatrice écolo Esther Benbassa qui assumait de se faire photographier avec une fillette affublée d'une étoile jaune à cinq branches … Des divergences que les proches de Jadot cherchent à minimiser …
Une stratégie solitaire qui devra évoluer:
Une fois le congrès passé, tout restera donc à faire. Surtout si le parti, faute pour le moment de réels concurrents à gauche, garde 2022 comme horizon et l'Elysée comme ambition. Yannick Jadot qui, derrière Nicolas Hulot, incarne le mieux pour le moment cette « écologie positive » prête à prendre les commandes d'un pays, a du pain sur la planche. « Il en est conscient », assure-t-on dans son entourage. Parmi ses travaux d'Hercule, la construction d'un corpus idéologique clair et surtout unificateur, notamment sur des thèmes « régaliens » qui, on le voit, sont loin de faire l'unanimité, comme la sécurité, la laïcité, l'immigration ou l'économie.
Sa stratégie, solitaire aux Européennes et au premier tour des municipales, devra elle aussi évoluer. Jadot a déjà saisi la main tendue de François Ruffin, le député Insoumis qui prône une alliance entre « rouges et verts. » Un travail doctrinal et une réflexion stratégiques indispensables pour que les Verts ne restent pas un parti Canada Dry, avec l'apparence et la couleur d'un parti mais pas – encore — un parti.
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