...................................L’heure du procès pour les bourreaux présumés de Fabien,lynché et brûlé en 2015.................................
Les trois agresseurs présumés de Fabien Lherbier, roué de coups pour «un mauvais regard» en 2015 et laissé pour mort près de sa voiture en flammes, comparaissent ce jeudi devant la cour d’assises du Nord.
Une « boule de feu » au milieu d'un champ, aperçue par un riverain....
Puis à l'arrivée des pompiers, ce 28 mai 2015 près de Phalempin (Nord), cette terrible vision : à quelques mètres d'une voiture en flammes, un bras qui se lève et retombe, le son d'un râle, le corps nu et brûlé, aspergé d'essence, d'un homme au visage gonflé et aux yeux fermés.
Ce corps meurtri, vite identifié par les enquêteurs, est celui de Fabien Lherbier, 41 ans. Son pronostic vital est engagé.
A l'aube, ce grutier père de trois enfants a pour habitude d'aller faire un footing. Parfois, les chiens s'étant échappés du domicile familial, à Libercourt (Pas-de-Calais), il part à leur recherche. Sa femme a prévenu la police municipale : son époux n'est pas rentré. Et pour cause… Sur son chemin, l'ouvrier a croisé la route de ceux qui ont fait basculer à jamais sa vie et celle de ses proches.
A l'origine du déferlement de violence dont Fabien Lherbier a été victime et dont il souffre chaque jour les lourdes séquelles, il n'y aurait, selon un informateur ayant confirmé les éléments d'une lettre anonyme qui orientait vers ses agresseurs présumés, qu'un « mauvais regard ».
Dans le box de la cour d'assises de Douai prendront place, ce jeudi 4 mars et jusqu'au 12, trois jeunes hommes âgés de 24 à 27 ans (l'un comparaît libre).
Les deux principaux accusés, Mohamed A. et son cousin Bilal B., aux casiers de petits trafiquants de stupéfiants, n'avaient que 19 ans en 2015. Ils ont toujours nié toute implication et leurs avocats respectifs, Mes Julien Delarue et Grégory Billet, entendent plaider leur acquittement.
Le troisième, Mohamed B., qui les a désignés tout au long de l'instruction, est jugé pour complicité. Pour « tentative de meurtre aggravée » par un autre crime, soit une « destruction par incendie ayant entraîné une infirmité permanente », tous trois encourent la perpétuité.
Les jambes écrasées par la voiture:
Une scène d'incendie criminel sans témoin ni ADN, sans la parole d'une victime privée de mémoire – traumatisé crânien, Fabien Lherbier mettra des années à reparler et à récupérer quelques souvenirs.
C'est initialement grâce à cette lettre anonyme évoquant les auteurs comme « des barbares », parvenue dans une brigade neuf jours après le drame, que l'enquête s'était intéressée à Mohamed B. et à son entourage. Il est alors identifié comme le conducteur d'un véhicule, suivi par la voiture de Fabien Lherbier, venu remplir un bidon d'essence à 5 heures du matin le 28 mai sur les images de vidéosurveillances d'une station Total.
Interpellé, il passe aux aveux et raconte ce qu'il a déjà relaté à d'autres – en pleurant et en vomissant, rapporte un ami.
Ce 28 mai 2015 à l'aube, l'Opel Corsa de Fabien Lherbier s'engage dans une impasse d'une petite cité de Libercourt. Il y a là Mohamed B., qui fume un joint en attendant quelqu'un, et les deux autres accusés qui boivent de l'alcool, décrit-il. Bientôt, il entend que « ça s'embrouille » et des cris. Fabien Lherbier, qui est sorti de sa voiture, aurait d'abord été frappé par Mohamed A. puis à la tête par Bilal B., qui lui aurait asséné un coup de bouteille.
Alors que l'homme est tombé, les deux cousins l'auraient roué de coups avant de rouler sur ses jambes en manœuvrant sa voiture. Mohamed B. appelle au secours et essaie en vain de s'interposer, affirme-t-il – ses cris et ceux de Fabien Lherbier sont entendus par une voisine, mais « la crainte des représailles » a cloué les langues.
Mohamed B. part cependant avec l'un des cousins à la station, achète un jerrican d'essence, et revient à la cité. Il se serait senti « impuissant » face aux injonctions des deux autres, a-t-il plus tard confié à l'expert psychologue.
Il les voit mettre le corps de leur victime dans le coffre de sa voiture. Il les suit avec la sienne jusqu'au champ de Phalempin. Il les attend, aperçoit de la fumée et des flammes, les autres reviennent. « Je l'ai mis à 6 m », aurait dit Bilal B. sur la route.
«Que la justice reconnaisse la barbarie de ces actes odieux»:
Confronté aux dénégations des deux cousins, y compris lors des reconstitutions, menacé en détention, Mohamed B. n'a jamais varié dans ses déclarations. Mohamed A., qui s'était enfui en Algérie avant d'y être interpellé, et Bilal B. ont toujours contesté, affirmant que leur coaccusé les désignait par jalousie ou pour protéger d'autres.
En dehors de ses accusations, « le dossier est léger, rien ne prouve que nos clients étaient sur les lieux », avancent les défenseurs des cousins.
Fabien Lherbier viendra au procès avec son épouse Cathy et leurs enfants. « Ils sont nerveusement éprouvés, épuisés par l'attente ( NDLR : le procès a été reporté de plus d'un an en raison de l'épidémie) et redoutent de faire face aux deux protagonistes qui nient », soulignent les avocats de la famille, Mes Loïc Bussy et Damien Legrand.
« Je voudrais que la justice reconnaisse la barbarie des actes odieux subis par mon mari. Et qu'eux prennent conscience de ce qu'ils ont détruit », avance Cathy Lherbier, qui s'est battue sans relâche pour « remettre (son) époux sur pied ». « J'attends cela, mais je pense que je vais être déçue parce qu'ils vont nier. »
Source:Le Parisien.