Ben voyons !
Éric Zemmour : le miroir de Poutine et la nostalgie de l’empire
« La Russie, j’en prends le pari, n’envahira pas l’Ukraine » déclarait le candidat Eric Zemmour sur France 2 le 9 décembre 2021. Depuis le début de l’invasion, Eric Zemmour doit s’expliquer sur ses déclarations pro-Poutine. Comment comprendre sa position ?
La Russie joue un rôle particulier dans l’idéologie de Zemmour : ancienne puissance impériale qui cherche à prendre sa revanche historique, elle préfigure le positionnement international que le candidat voudrait voir la France adopter.
Extrait :
Dans cette conception, seules les grandes puissances se parlent entre elles. Éric Zemmour réclame par exemple la neutralisation de l’Ukraine, sans jamais imaginer prendre en compte l’avis des Ukrainiens. Il condamne l’élargissement de l’Otan sans se demander pourquoi les Polonais, les Baltes, les Hongrois… ont demandé à y entrer. Cette vision de la puissance reste coloniale : certains décident, parce qu’ils sont les plus forts, les autres ne comptent pas. « Dans l’histoire, on ne négocie qu’entre Seigneurs, jamais avec un vassal », déclare-t-il par exemple lors de son « meeting pour la paix » à Chambéry. Et les rapports de domination ou de conflit entre les peuples restent, de même, empreints de préjugés coloniaux. On prend ainsi la mesure de la régression historique du programme de Zemmour car le projet européen est né sur les ruines de la Seconde Guerre Mondiale, mais aussi sur l’échec des projets coloniaux européens et le choix d’une autre lecture historique de la puissance. Au final, sa conception de la puissance apparaît anachronique, intoxiquée de nostalgie coloniale et d’un goût étrange pour l’orgueil revanchard des « vaincus de l’histoire ».
https://tnova.fr/democratie/internation ... e-lempire/