Les embauches de complaisance sont un épiphénomène. Il y a un bordel généralisé dans la fonction publique, pas seulement territoriale. Ce qui est en cause, c'est l'inflation normative et l'enchevêtrement des compétences, qui créent des besoins en postes de fonctionnaires. Plus il y a de normes, plus il y a besoin de fonctionnaires pour les faire appliquer. Quelques exemples :papibilou a écrit : ↑12 janvier 2025 19:42Pas d'embauches de complaisance ? Réveillez vous.jeandu53 a écrit : ↑12 janvier 2025 19:06
On a déjà parlé de ce rapport de la Cour des comptes... Le sujet n'est pas nouveau : oui, la réduction des effectifs de la fonction publique territoriale est nécessaire. Mais je ne crois pas que les maires se livrent à des embauches de complaisance pour des raisons électorales : je pense que les sur-effectifs sont surtout la conséquence d'une mauvaise organisation généralisée, d'un enchevêtrement des compétences...
En revanche la création de communautés de communes a provoqué des doublons.
- Dans les hôpitaux, la tarification à l'activité et le codage des actes pourrissent la vie des médecins et nécessitent, si on veut libérer du temps pour les médecins, de créer des postes administratifs supplémentaires. Lire (CECI).
- Pour les procédures d'expulsions de clandestins, on sait que la loi est très favorable aux clandestins à qui elle offre une multitude de droits, recours, contre-appels... Il y a quelques mois, à l'occasion du meurtre de Philippine par un Marocain sous OQTF, j'ai appris que, pour garder un clandestin en centre de rétention pendant le délai maximum (80 jours, je crois), il faut passer 4 fois devant le Tribunal administratif... Tout ça, c'est du boulot pour les services préfectoraux (qui doivent gérer tout un tas de dossiers d'expulsions qui prennent du temps), pour les magistrats (qui ont peut-être mieux à faire que statuer plusieurs fois sur un même cas), pour les flics (qui ont mieux à faire que perdre du temps dans des escortes), pour les départements (qui financent les centres d'hébergements)...
- En matière de maintien de l'ordre, on sait que le droit pénal est très laxiste. Il est très protecteur des mineurs, notamment. Du coup, les flics passent beaucoup de temps à monter les dossiers administratifs (pour éviter que les procédures ne soient invalidées par le juge) et pourtant, il n'est pas rare que les flics retrouvent dans la rue des gugusses qu'ils ont arrêtés un ou deux jours plus tout, et qu'ils devront arrêter à nouveau en cas de récidive. Beaucoup de boulot inutile, pour les flics, pour les juges, qui pourrait être évité avec un droit pénal plus simple (et notamment avec la suppression de l'excuse de minorité).
- En matière de droit de l'urbanisme, il existe tout un tas de documents, schémas directeurs, plans d'orientations, prévus par la loi, devant être élaborés, tantôt par les communes, tantôt par les communautés de communes, tantôt par les départements, tantôt par les régions, et parfois par des organismes spécifiques (voir ceci, par exemple). La confection de ces documents prend du temps, coûte de l'argent, mobilise des postes de fonctionnaires, nécessite aussi le recours à d'onéreux cabinets de conseil...
- La politique de l'eau mobilise aussi tout un tas d'intervenants. Voir CECI, par exemple : on ne me fera pas croire qu'on ne pourrait pas faire plus faire simple.
- Le statut de la fonction publique en lui-même est très lourd. Dès qu'une mairie veut promouvoir un agent, le changer de poste, ou lui verser une prime, il faut passer par tout un tas d'organismes consultatifs (centre de gestion, comité mixte paritaire...). Sauf faute grave, on ne peut pas licencier un agent si son poste est supprimé, c'est pourquoi on a des cas d'agents payés à ne rien faire (lire CECI, par exemple). Je serais d'avis de supprimer purement et simplement le statut de la fonction publique, sauf pour les métiers relevant des missions régaliennes de l’État (police, justice, armée, agents des impôts).
- Les fusions horizontales, entre entités d'un même échelon (des communes entre elles, des régions entre elles) sont une fausse bonne idée, car elles coûtent plus cher qu'elles ne rapportent. D'ailleurs, c'est dans les plus petites communes que les frais administratifs sont les plus faibles... Ce qu'il faut, c'est une fusion verticale, pour réduire l'empilement administratif. Je serais d'avis de supprimer les communautés de communes et les départements, pour ne garder que les communes et les régions (dont le tracé pourra être revu). Les coopérations intercommunales doivent demeurer possibles, à condition d'être librement choisies, sous forme de syndicats intercommunaux, qui fonctionnaient très bien avant.