Emporté par l’énergéticien EDF UK, un consortium a été créé pour mettre au point un démonstrateur permettant de stocker de façon stable de l’hydrogène. Il embarque également l’Université de Bristol, l’autorité britannique de l’énergie atomique UKAEA et la société anglo-germano-néerlandaise Urenco. Cette dernière exploite 3 usines d’enrichissement de l’uranium en Europe. Elle se classe deuxième au niveau mondial pour cette activité, loin devant Orano auparavant connu sous le nom d’Areva.
Le groupement a reçu pour son projet une enveloppe de 7,7 millions de livres sterling de la part du fonds Net Zero Innovation Portfolio (NZIP) pour la recherche sur les technologies et systèmes bas carbone, soit l’équivalent de 8,92 millions d’euros selon les cours du mercredi 30 novembre 2022. Dépendant du département britannique des Affaires, de l’Energie et de la Stratégie industrielle, cet organisme espère ainsi développer un stockage innovant de l’hydrogène.
Sous forme hydrure métallique
Comment peut-on réemployer l’uranium appauvri (UH3) obtenu du recyclage ? Par exemple pour former des contrepoids sur les avions. Ce sont ainsi plusieurs centaines de kilos de ce matériau qui peuvent se retrouver dans la queue des gros porteurs afin d’équilibrer les gouvernes et d’éviter les vibrations en vol susceptibles de provoquer de lourds dégâts.
Si ce choix peut apparaître curieux pour un usage dans des appareils civils, on le justifiait à l’époque par une très grande densité permettant d’obtenir la masse souhaitée dans un volume moins important. L’aviation dispose d’autres solutions désormais, ouvrant à de nouvelles exploitations moins exposées. Dans l’uranium appauvri, l’hydrogène se stocke sous une forme hydrure métallique stable à pression et température ambiantes. Et ce, avec une densité doublée par rapport à de l’hydrogène liquide. Il suffit de chauffer le tout pour que les molécules H2 se libèrent sans perdre leur pureté. Ce qui autoriserait à conserver ainsi l’hydrogène destiné à la mobilité et à tout autre emploi dans des piles à combustible.
Une technologie déjà exploitée à petite échelle
Si l’infrastructure que doivent réaliser les partenaires du consortium constituera une véritable nouveauté visant à exploiter ce scénario à grande échelle, la technologie de stockage de l’hydrogène dans de l’uranium appauvri n’est pas une nouveauté.
« Il s’agira d’un premier démonstrateur technologique mondial qui est une belle et passionnante traduction d’une technologie éprouvée de stockage des isotopes de l’hydrogène dans le combustible pour la fusion nucléaire que l’autorité britannique de l’énergie atomique utilise depuis plusieurs décennies à petite échelle », rapporte Tom Scott de l’école de physique de l’université. Il est l’un des architectes de la technologie HyDUS (Hydrogen in Depleted Uranium Storage) qui va s’activer à construire cette installation sur le campus de l’UKAEA situé à Culham, un village distant d’une dizaine de kilomètres d’Oxford.
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