Je pense au contraire qu'il a parfaitement analysé les ressorts profonds de la religion. D'ailleurs son analyse ne sort pas de nulle part, Max Weber avait déjà énoncé plus ou moins les mêmes idées. Pour prendre un exemple parlant, être "catholique" dans la France u 16ème siècle, c'est être du côté du pouvoir royal, de l'Eglise et de l'organisation sociale en place; être protestant c'est soutenir les "grands seigneurs" qui contestent l'autorité absolue du roi, et donc pour un autre type de "contrat social" plus "décentralisé", plus inégalitaire aussi.Victor a écrit : ↑21 mars 2023 16:24Oui j'ai lu le bouquin de Todd sur les structures familiales. Je suis moyennement convaincu. Ya peut-être une part de vrai et encore je n'en suis pas certain.Kelenner a écrit : ↑21 mars 2023 15:49
Non, c’est plus profond que cela. Les textes n’ont que peu d’importance par eux-mêmes, ce qui est intéressant c’est de saisir pourquoi, par exemple, certaines régions d’Europe ont adopté la réforme protestante avec ferveur quand d’autres, particulièrement en France et en Espagne, l’ont violemment rejeté. Il y a effectivement parmi les causes celle du rapport à l’argent, aux inégalités, aux rapports avec le pouvoir, mais encore plus fondamentalement celle de l’organisation sociale, villageoise ou familiale dans son ensemble. Les mythes religieux ne racontent rien si on les prend au premier degré, mais ils sont révélateurs de l’inconscient collectif des peuples.
Je pense surtout que Todd, en bon athée gauchiste, ne veut pas surtout pas donner une importance aux religions. Et qu'il fait tout pour trouver d'autres structures sociales "enfouies" invisibles qui expliqueraient les différences culturelles et civilisationnelles.
Bref, je le sens surtout motivé par des considérations idéologiques (comme l'était en son temps Bourdieu) plus que par la recherche d'une vérité sociologique ou anthropologique.
Si on prend la religion au premier degré, elle n'explique rien; si on analyse sa signification réelle, on peut comprendre tous les mouvements idéologiques de l'Histoire. C'est d'ailleurs reconnaître pleinement l'importance qu'elles ont eu dans la construction des sociétés humaines, et qui ne tient pas à leur "message" apparent.