papibilou a écrit : ↑19 avril 2023 18:08
1 votre conclusion est que, pour moi, le peuple serait idiot , ce que vous me faites dire et que je n'ai jamais écrit ( respectez un peu ce s'écrivent vos interlocuteurs, ce sera un progrès). Je suppose qu'a contrario pour vous le peuple est forcément intelligent. C'est curieux cette manie de globaliser ! Comme si vous n'aviez jamais rencontré et des imbéciles et des gens bien plus intelligents que vous.
Ce n'est pas du tout ce que je dis.
Essayons une comparaison. Si on vous demande de vous prononcer sur un problème ardu de mathématiques, vous allez peut-être avoir du mal à le faire. Moi aussi. Compte tenu de la complexité des textes ( je ne vais pas passer en revue toutes les arcanes de notre système de retraites) comment pensez vous pouvoir demander au " peuple" son avis ? Combien de ceux qui défilent dans les rues ont lu, voire critiqué, les rapports du COR ?
Quand, en 2005, on a demandé aux français leur avis sur le TCE j'ai lu quelques dizaines de pages sur les presque 400 et, vite lassé, j'ai abandonné et j'ai voté sans savoir vraiment le contenu, comme au moins 99,9% des français. C'est là votre conception de la démocratie ?
Mais la population n'a pas besoin de rentrer dans des considérations techniques pour avoir des avis et même parfois des avis bien plus pertinents que ceux des "techniciens".
Limiter les questions financières et économiques à la seule technicité est un poison pour la vitalité démocratique et la vie politique de manière générale.
Premièrement parce que n'importe quelle question économique et/ou financière est fondamentalement politique en ce qu'elle engage la communauté politique, c'est-à-dire les français dans le cas de systèmes politiques nationalement situés.
Deuxièmement, l'argumentaire purement technique est une manière de noyer le poisson pour écarter les "plébéiens" du débat à l'aide d'un jargon et de données chiffrées. J'étudie les sciences économiques et les pratiques, certes modestement, mais même les modèles mathématiques les plus raffinés ne servent souvent qu'à formaliser "rigoureusement" (il y a une idée un peu stupide qui consiste à penser que les chiffres sont rigoureux alors que le raisonnement non mathématique ne l'est pas, c'est à peu près le degré zéro de l'épistémologie) des analyses relativement triviales.
Troisièmement, dans le cas des retraites la "bataille technique" a été largement perdue par le gouvernement. En bon économiste des institutions, j'ai pas mal étudié la protection sociale dans son ensemble et j'ai tout de suite eu des difficultés à comprendre la justification de la réforme des retraites mais je dois avouer être loin d'être un spécialiste. Mais je suis loin d'être le seul puisque notre gouvernement a modifié son argumentaire à plusieurs reprise lors de la "séquence des retraites", l'objectif étant davantage de trouver le bon angle communicationnel plutôt que de dire la vérité. Je rappelle d'ailleurs que
même le conseil constitutionnel, sur lequel je ne vais pas m'étaler maintenant, avou que certains chiffres évoqués par les ministres étaient faux. D'ailleurs l'écrasante majorité des économistes, de tous les courants, ne justifient pas cette réforme.
Macron est aujourd'hui dans une situation d'extrême minorité. Sa légitimité ne tient plus qu'à un fil, il ne lui reste plus que les forces de l'ordre et le formalisme juridique pour tenir sa position. La société civile est largement hostile à ce gouvernement de, pour reprendre leurs termes, "terroristes intellectuels". Justifier les violences policières en parlant du "monopole de la violence légitime de l'Etat" est tout de même un signe de grande médiocrité. Max Weber lirait cela qu'il voudrait en retourner dans sa tombe, même un étudiant de première année de sociologie comprendrait que l'usage dont en fait le gouvernement se situe presque l'exact opposé du concept proposé par le père de la sociologie allemande.
La macronie marquera l'histoire par son aveuglement et sa médiocrité intellectuelle, on se souviendra de Schiappa qui cite Spiderman dans le texte, de Macron qui ne comprend pas qu'il n'est pas possible de prononcer tout et son inverse avec à peine un mois d'intervalle ou encore de Darmanin qui chasse sur les terres de l'extrême droite en allant jusqu'à utiliser leurs concepts politiques.
Ce n'est pas pour rien si même les intellectuels les plus libéraux et consensuels comme Attali, Aghion ou Rosanvallon se désolidarisent, voir s'opposent, à Macron. Ce n'est pas non plus pour rien que ce gouvernement, comme d'autres dans certaines périodes pré-fascistes, fait preuve d'un anti-intellectualisme crasse en évoquant le wokisme, le terrorisme intellectuel, l'islamogauchisme des universitaires, etc...
La tête de Macron ne tient plus qu'à un fil et pourvu que celui-ci craque avant 2027 sinon cela sera un boulevard pour le RN.
"Etre de gauche c'est d'abord penser le monde, puis son pays, puis ses proches, puis soi; être de droite c'est l'inverse" Gilles Deleuze