CrazyMan a écrit : ↑08 juin 2023 22:06
La "querelle" gauche-droite a de l'intérêt. Evidemment, les catégories de gauche et de droite n'épuisent pas à elles seules l'étendue de l'ensemble des positionnements politiques mais restent des repères, selon moi, pertinents.
Ce "dépassement" de la querelle gauche-droite permettrait, soi-disant, de pratiquer une politique dite "pragmatique", "réaliste" et "objective". C'est un peu ce que dit Victor lorsqu'il parle de "bonne" et de "mauvaise" politique, il y en aurait une pragmatique et réaliste puis une autre démagogique, populiste, etc...
Pour ma part, je pense qu'être réaliste c'est reconnaitre que tout positionnement politique est partisan et répond à des critères qui sont de l'ordre de l'idéologie. Le terme d'idéologie est souvent utilisée de manière péjorative pour disqualifier la position de son opposant mais, en réalité, il n'y a rien de péjoratif à faire de l'idéologie en politique. La politique, en ce qu'elle est le débat pour choisir quelles doivent êtres les manières de vivre ensemble et en société, ne peut être autre chose qu'idéologique.
C'est notamment sur ce point que la macronie fait preuve, toujours selon moi, d'une bêtise crasse. La "fin des idéologies" est sans doute l'idéologie la plus stupide car elle ne s'assume pas comme en étant une, de ce fait elle ne peut que sombrer dans la bêtise en considérant comme "impossible" toute autre forme de possibilité. En un sens, la fin des idéologies revient à nier la chose politique car à quoi bon disposer d'institutions politiques si, de toute manière, il n'existe pas d'alternative. D'où, aujourd'hui, un reniement complet de la démocratie puisque tout ce qui sort du bloc idéologique de la macronie est de facto considéré comme appartenant au populisme ou aux extrêmes. Et, j'éprouve de grandes difficultés à appeler démocratie un modèle politique dans lequel il n'existe aucune alternative.
Pour en revenir au wokisme et à la cancel culture, on pourrait déjà se demander si la censure ne peut pas avoir du bon. Par exemple, est-ce si intolérable que cela de censurer les idées des néo-nazis ? Devons nous tout tolérer au nom du seul principe de liberté d'expression ? Là encore le curseur sera politique.
En ce qui concerne le "discours antiraciste qui considère l'homme blanc hétérosexuel comme responsable des malheurs de l'humanité depuis le moyen âge", j'aimerais que tu nous expliques qui défend cela. Mais pas comme papibilou qui parle vaguement de quelques IEP en affichant le lien d'une tribune, je te demande des noms, des associations, des institutions universitaires, en bref des choses précises.
J'ai dédié plus de la moitié de ma jeune vie aux sciences sociales (économie et sociologie principalement), je connais relativement bien les études dites postcoloniales même si je suis loin d'en être expert. A aucun moment, je dis bien à aucun moment, j'ai pu lire des travaux qui considèrent l'homme blanc hétérosexuel comme responsable des malheurs de l'humanité. La critique antiwoke démontre, notamment du fait qu'elle est toujours caricaturale, qu'elle connait mal ce qu'elle prétend critiquer. C'est tout de même un peu dommage.
En plus cela a notamment pour effet de régaler l'extrême droite, ce qui semble ne pas forcément toujours vous déplaire à vous, les individus porteurs d'une position politique objective dépassant le clivage gauche-droite.
Le fait d'imposer le clivage gauche-droite comme préalable à tout débat ne contribue selon moi qu'à l'appauvrir. Dans cet ordre d'idée, le débat se dégrade dès que celui qui vous répond ne dit pas ''que dis-tu ?'', mais ''d'où parles-tu ?''.
J'ignore si la ''fin'' des idéologies est une formule de Macron ou de commentateurs avides de concepts, mais il me semble qu'en toute logique, son centrisme rassembleur s'inscrivait dans moins de clivages g-d et moins d'idéologie dans la décision politique. A-t-il dit quelque part que les idéologies avaient vocation à disparaître ?
Je ne vois aucun reniement ou péril de la démocratie dans le fait que les rapports de force entre les formations politiques soient défavorables et de manière prolongée à des partis minoritaires.
En ne l'acceptant pas, tu te poses en procureur dans l'éternel procès en illégitimité intenté aux majorités par ces minorités revanchardes, contrariées par les choix des électeurs qu'elles considèrent implicitement comme des abrutis manipulés. Etre démocrate, c'est accepter la loi du nombre.
Pour revenir au wokisme brièvement, une censure ''utile'' inspire et modifie les lois, encadre une liberté d'expression à laquelle on doit fixer des limites.
La loi s'applique déjà à des préoccupations du wokisme mais selon lui, elles sont ''aslept'' ou insuffisantes.
Concernant le racisme en particulier, on a pratiqué en France une importation de l'antiracisme américain en négligeant leur différence fondamentale : contrairement aux Afro-américains, les Africains de France ont choisi de s'y rendre. La France n'est pas le débiteur des Africains que serait l'Amérique, si l'on veut bien admettre qu'on hérite du statut de victime au bout de dix générations.
Cette culpabilité privilégiée du Male blanc hétérosexuel apparaît quand un africain lui dit de ne pas l'appeler noir, ou de couleur, mais racisé, ou bien se présente comme un descendant d'esclave.
Quand on impute tous les problèmes de l'Afrique à une colonisation terminée depuis 60 ans, ou quand un historien (Pétré-grenouilleau) se voit menacé d'éviction pour avoir traité l'histoire de l'esclavage dans son ensemble (incluant donc l'intra-africaine), au lieu de se cantonner à la traite atlantique comme il se doit.
Quand on entend les Boudjedra, Obono Traoré etc..
Le mâle blanc hétérosexuel actuel est aussi la cible du féminisme ''de combat'' qui lui impute la responsabilité du patriarcat d'antan, avec toutes ses conséquences, des plus banales aux plus cruelles. Il est aussi un héritier, mais du statut de coupable et doit se déconstruire.
J'imagine qu'il faut déplacer le curseur du genre, ou l'oublier..
Plus que le wokisme, l'intersectionnalité ou du moins ce que j'en ai perçu semble cadrer encore plus idéalement sa cible : le mâle blanc hétérosexuel et je la soupçonne d'avoir été conçue dans cette intention.
Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve.
Hölderlin