DROITS DES FEMMES
Archéologues harcelées : la municipalité dénonce le "Saint-Denis bashing" et la récupération politique.
Des femmes archéologues travaillant sur le chantier de fouilles de Saint-Denis ont essuyé en mai des remarques sexistes et à caractère sexuel. Des faits largement repris par certains médias ces derniers jours.
La municipalité dénonce leur instrumentalisation et le "Saint-Denis bashing".
"Une mise au point s'avère nécessaire vu les récits inventés qui fleurissent sur les réseaux sociaux." Après la diffusion de plusieurs reportages et articles de presse sur le harcèlement subi par des femmes archéologues sur le chantier de fouilles de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), l'adjointe au maire en charge des droits des femmes dénonce les "propos racistes, islamophobes" tenus depuis sur les réseaux sociaux à l'encontre des habitants de la ville, et déplore du même coup un "Saint-Denis bashing".
Sur son compte Twitter, Oriane Filhol a également retracé la chronologie de cette affaire allègrement reprise ces derniers jours par certains médias tels que CNews ou encore Valeurs actuelles.
"#SaintDenis #Archéologie Une mise au point s’avère nécessaire vu les récits inventés qui fleurissent sur les réseaux sociaux.
Les faits sont simples et malheureusement habituels, comme partout : des femmes sont victimes de harcèlement sexuel et de propos sexistes par des hommes.
4:20 PM · 18 juil. 2023"
La municipalité alertée fin mai
En prévision d'une restructuration du centre-ville, un chantier de fouilles archéologiques a débuté il y a plusieurs mois à Saint-Denis place Jean-Jaurès. "Fin mai", rapporte Oriane Filhol, la direction de l'unité d'archéologie avertit la municipalité que les archéologues femmes qui y travaillent ont essuyé de la part de passants des propos dégradants, "relatifs à leurs corps qui seraient dénudés, à leurs postures, au fait que les femmes n'auraient pas leur place sur le chantier", précise l'élue au micro de France Inter. De quoi les placer "dans une situation extrêmement difficile pour continuer leurs missions", confirme le directeur de l'unité en question, Claude Héron.
"On a mis en place des premières mesures immédiates", explique Oriane Filhol. Des affiches ont ainsi été placardées sur les grilles du chantier, appelant à "respecter le travail des femmes archéologues", et rappelant que l'outrage sexiste est, depuis 2018, une infraction pénale, désormais passible de 3 750 euros d'amende. La présence de la police municipale aux abords du chantier est également renforcée.
Relai médiatique tardif
Jusque là, les incidents n'avaient pas suscité de relai médiatique. Mais les affiches ont attiré il y a quelques jours l'attention d'une journaliste d'Actu Paris, qui contacte alors la mairie pour en savoir plus. Elle publie un article le 16 juillet, intitulé "Saint-Denis met à terre les outrages sexistes aux abords du chantier de fouilles archéologiques". L'information est ensuite reprise par plusieurs médias : BFM TV dès le lendemain, puis le Point, CNews et Le Figaro le 18 juillet.
Elle est aussi relayée sur les réseaux sociaux, en particulier au sein de l'extrême droite. "Ah ? Mais alors où est passée Sandrine Rousseau ?", ironise notamment le polémiste Jean Messiha, porte-parole d'Éric Zemmour durant la campagne présidentielle.
Au micro de France Inter, Oriane Filhol voit dans les comportements subis par les archéologues, la marque d'un "sexisme ordinaire", "très représentatif ce qui se passe tout le temps, avec des hommes qui commentent la tenue des femmes". "J'ai beaucoup été interpellée sur les réseaux sociaux par des gens qui disaient que c'est parce que c'est à Saint-Denis que cela se passe comme ça", regrette l'adjointe au maire. "Mais cela a été complètement transformé.
C'est du 'Saint-Denis bashing' habituel. Dès qu'il se passe quelque chose à Saint-Denis, la fachosphère s'en empare, et explique tout par le fait que c'est un territoire qui serait islamisé. Alors que le sexisme est un problème universel."
À ce jour, aucune plainte n'a été déposée.
https://www.radiofrance.fr/franceinter/ ... ue-7461269