Olé !...
Accusé de "crypto-arnaque", le président argentin Javier Milei en difficulté
En Argentine, l'opposition cible le président Javier Milei, visé par des plaintes en justice après avoir mis en avant une cryptomonnaie qui s'est totalement effondrée.
Des parlementaires d'opposition envisagent désormais l'ouverture d'une procédure de destitution à son encore, ou a minima celle d'une commission d'enquête.
Le chef d'État se défend et assure avoir agi "de bonne foi", sans faire la promotion de ce cryptoactif controversé nommé "$Libra".
Le 14 février, le sulfureux dirigeant a partagé sur son compte X un message plein d'enthousiasme. "
L’Argentine libérale grandit !!!", s'est-il écrié, mettant en avant une cryptomonnaie nommée "$Libra", dont l'objectif affiché est d'accompagner le développement des PME. Javier Milei a invité les Argentins à s'y intéresser et à potentiellement investir, renvoyant vers le site du projet.
Près de 50.000 victimes de ces investissements douteux
Si le dirigeant argentin a une formation d'économiste, il n'a pas trouvé ici une poule aux œufs d'or. Le cours de ce cryptoactif a certes rapidement bondi, grâce à des milliers d'investissements de particuliers, mais il a surtout violemment chuté après quelques heures, perdant l'essentiel de sa valeur. L'économiste espagnol Eduardo Garzon a livré un résumé cinglant de la situation : "
Seules neuf personnes ont gagné 87 millions de dollars (83 millions d’euros), tandis que 44.000 autres ont perdu tout ce qu’elles ont misé [...]. Une arnaque pyramidale en bonne et due forme, promue par Javier Milei."
La publication du président n'est pas restée très longtemps en ligne. Finalement supprimée, elle a été suivie du message suivant sur la plateforme X, en forme de mea-culpa. "Je ne connaissais pas les détails du projet et après en avoir pris connaissance, j'ai décidé de ne pas continuer à le diffuser". Javier Milei a également assuré n'avoir "évidemment aucun lien" avec la "présumée entreprise privée" derrière "$Libra".
Milei nie une quelconque promotion
"Je n'ai pas recommandé, je n'ai pas promu, j'ai diffusé", a renchéri le dirigeant en ce début de semaine, convaincu d'avoir agi sans enfreindre le droit et en toute bonne foi. Il a par ailleurs contesté les estimations du nombre de victimes de ces investissements hasardeux, assurant que seuls 5.000 opérateurs y ont perdu des plumes. "Des traders de volatilité" élevée, tels qu'il les a désignés, qui savaient ce qu'ils faisaient et "savaient très bien quel était le risque".
Cette ligne de défense, Javier Milei pourrait devoir la tenir devant à la justice. Une juge fédérale argentine et un procureur ont été chargés de centraliser une vague de plaintes – plus d'une centaine, rapportent les médias locaux. Dans le même temps, une demande d'enquête a également été transmise au ministère américain de la Justice. Elle a été formulée par un cabinet d'avocats représentant une quarantaine d'investisseurs, "principalement argentins".
La présidence argentine a annoncé samedi avoir saisi le Bureau anticorruption pour identifier une éventuelle "conduite inappropriée d'un membre du gouvernement, y compris le président". Tout en assurant que Milei "n'a en aucun cas participé au développement" de la $LIBRA, la présidence a aussi annoncé une enquête distincte sur le lancement de cette cryptomonnaie "et toutes les sociétés ou personnes impliquées".
Javier Milei a reconnu avoir pris "une gifle" avec l'épisode $LIBRA, estimant devoir "élever les murs" autour de lui pour se protéger d'entrepreneurs tels que ceux derrière cette cryptomonnaie.
Sur le plan politique, une telle séquence pourrait aussi lui coûter cher.
Des parlementaires de l'opposition, qui l'accusent d'avoir commis une "crypto-arnaque", ont indiqué qu'ils envisageaient l'ouverture d'une procédure de destitution devant le Congrès. Une menace à prendre au sérieux ? Des observateurs jugent cette hypothèse assez improbable : son lancement requerrait en effet une majorité des deux tiers de la Chambre basse. Pour le politologue Carlos Germano, interrogé par l'AFP, il y a "zéro chance" de la voir aboutir. Certains partis, mesurés devant cette idée, défendent en revanche l'ouverture d'une enquête parlementaire afin d'analyser les tenants et aboutissants de cette affaire.
https://www.tf1info.fr/international/em ... 51529.html