Tous les pays développés du monde consacrent depuis plus d'un demi siècle une petite partie de leur Revenu National Brut (RNB) à l'Aide Publique au Développement (APD).
Ces pays font partie d'un groupe de l'OCDE qui s'appelle le CAD (Comité d'aide au développement). Ils sont 32, en gros les 32 pays les plus développés du monde.
Voilà la liste des pays qui y participent avec le taux de leur RNB respectif qu'ils consacrent à l'aide au développement (chiffres 2023).
- Norvège
1,09 %
- Luxembourg
0,99 %
- Suède
0,93 %
- Allemagne
0,82 %
- Danemark
0,73 %
- Engagement international des Nations Unies
0,7 %
- Irlande
0,67 %
- Pays-Bas
0,66 %
- Suisse
0,6 %
- Royaume Uni
0,58 %
- Finlande
0,54 %
- France
0,48 %
- Japon
0,44 %
- Belgique
0,44 %
- Canada
0,38 %
- Autriche
0,38 %
- Islande
0,35 %
- Pologne
0,33 %
- Nouvelle-Zélande
0,31 %
- Lituanie
0,3 %
- Estonie
0,28 %
- Italie
0,27 %
- Espagne
0,24 %
- Tchéquie
0,24 %
- Slovénie
0,24 %
- États-Unis
0,24 %
- Australie
0,19 %
- Portugal
0,19 %
- Corée du Sud
0,17 %
- Hongrie
0,14 %
- Grèce
0,14 %
- Slovaquie
0,13 %
On constate que la France est à son rang, ni mauvais élève, ni particulièrement bon élève. Elle est en dessous de son engagement international, en dessous des pays d'Europe du Nord, en dessous de l'Allemagne, en dessous du Royaume Uni, mais au dessus des pays latins et des pays hors Europe.
La Chine et l'Algérie sont évoquées dans les critiques de l'aide française au développement mais si quelques projets existent ou ont existé, ils sont marginaux puisqu'ils ne font pas partie des 20 premiers pays bénéficiaires de l'APD française.
Tableau 1 : principaux pays bénéficiaires de l’APD totale de la France en 2021 (en millions d’euros)
Récipiendaires APD nette (en millions d’euros)
- 1 Brésil
425,1
- 2 Égypte
413,0
- 3 Côte d’Ivoire
348,0
- 4 Mexique
307,7
- 5 Philippines
285,0
- 6 Maroc
277,2
- 7 Turquie
270,3
- 8 Colombie
268,3
- 9 Soudan
264,4
- 10 Sénégal
247,5
- 11 République dominicaine
226,9
- 12 Bangladesh
215,5
- 13 Afrique du Sud
205,3
- 14 Géorgie
201,6
- 15 Tunisie
198,6
- 16 Nigeria
180,4
- 17 Tanzanie
167,9
- 18 Kenya
165,4
- 19 Ukraine
160,8
- 20 Niger
155,3
L'idée portée par l'extrême-droite d'attaquer l'APD vient de l'idée de Musk d'attaquer son équivalent américain l'USAID et de lui couper le robinet - sauf sur les aides consacrées à Israël... (!).
Mais comme le relate bien un article canadien, ça ne se fera pas sans conséquences.
https://www.tvanouvelles.ca/2025/02/15/ ... vie-en-jeuTVA" a écrit :
Démantèlement d’USAID par l’administration Trump: des milliers de vies en jeu
Le gel de l’aide américaine pourrait provoquer une crise humanitaire «historique»
Daphnée Dion-Viens
Dimanche, 16 février 2025
(...)
Le gel de l’aide humanitaire d’USAID, l’agence américaine que le président Trump veut carrément fermer, menace la santé et la vie de milliers de personnes vulnérables dans une cinquantaine de pays. Le «chaos» engendré par le démantèlement annoncé du plus gros joueur en matière d’aide internationale risque de mener à encore plus d’instabilité aux quatre coins de la planète. Tour d’horizon.
(...)
Des femmes privées de soins de santé
Au cours des derniers jours, la scène s’est répétée dans plusieurs pays. Au Kenya ou en Afrique du Sud, des dizaines de cliniques médicales ont fermé leurs portes, conséquence directe du gel de l’aide américaine. Environ 200 000 personnes atteintes du VIH/sida n’ont plus accès aux médicaments rétroviraux présentement, selon Oxfam-Québec.
En Afghanistan, 191 cliniques de santé en zones rurales ne sont plus accessibles, privant la population de soins et de médicaments. «Des femmes doivent se débrouiller pour accoucher seules, elles ne pourront pas avoir de soins pour leur bébé naissant alors que leurs conditions de vie sont déjà dramatiques», affirme Béatrice Vaugrante, directrice générale d’Oxfam-Québec.
Des millions d’enfants qui n’ont plus à manger
En République démocratique du Congo et dans d’autres pays de la région, 4,5 millions d’enfants de moins de cinq ans ne recevront plus d’aide alimentaire, selon le Global Health Council. «C’est gravissime, il y a une problématique de famine dans cette région», affirme Mme Vaugrante, qui revient d’un séjour au Tchad où l’aide alimentaire est aussi suspendue.
Des maladies qui risquent de se propager
L’interruption des activités d’USAID pourrait mener à la propagation de maladies à travers le globe. En Ouganda, au Ghana et au Kenya, 6 millions de personnes bénéficiaient de campagnes de prévention de la malaria, alors que les activités de surveillance de la grippe aviaire, de la polio, du choléra et de la tuberculose sont actuellement suspendues. «S’il n’y a plus ces programmes-là pour faire de la prévention et de la vaccination, il y a de graves risques sanitaires non seulement pour les populations vulnérables, mais aussi pour l’ensemble de la planète», affirme Béatrice Vaugrante, qui y voit un des «plus gros impacts» du démantèlement de l’agence fédérale.
L’agence fédérale a par ailleurs suspendu sa contribution au Programme alimentaire mondial, provoquant la grogne des agriculteurs américains qui y tiraient une partie de leur profit.
Le champ libre pour la Chine, la Russie et les groupes armés
L’aide humanitaire américaine était un «levier d’influence excessivement important» pour les États-Unis, souligne François Audet. La situation actuelle ne peut mener qu’à «une perte d’influence immense» pour l’Occident, au profit notamment de la Chine et de la Russie «qui n’espéraient pas mieux», ajoute-t-il.
En se retirant si brutalement de la scène humanitaire mondiale, l’administration Trump laisse par ailleurs le champ libre «aux groupes armés ou djihadistes qui vont s’approprier ces territoires-là au détriment des populations vulnérables».
«C’est le monde entier qui est en train de se transformer en quelques semaines et les conséquences sont encore assez inimaginables», affirme M. Audet.
Avec la collaboration de Guillaume St-Pierre.