il ne va pas faire recette là bas !
Le chef de file des députés Les Républicains est en campagne pour la présidence du parti face au ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau. Manuel Valls, le ministre des Outre-Mer, a dénoncé "une méthode de colon".
C'est une idée qui fait déjà beaucoup réagir. Le patron des députés Les Républicains, Laurent Wauquiez, propose "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon "les étrangers dangereux" visées par une obligation de quitter le territoire (OQTF) et qui refusent de rentrer dans leur pays. "Je propose que les étrangers dangereux sous OQTF soient enfermés dans un centre de rétention à Saint-Pierre-et-Miquelon, hors de l'hexagone", déclare le député de Haute-Loire dans un entretien au JDNews(Nouvelle fenêtre), mis en ligne mardi 8 avril.
"Ils auraient une seule alternative : soit partir à Saint-Pierre-et-Miquelon, soit rentrer chez eux", explique Laurent Wauquiez, précisant que ce territoire se trouve en dehors de l'espace Schengen et que leur retour "dans l'hexagone" pourrait ainsi, selon lui, être "bloqué".
Dans cet archipel français situé à quelque 4 000 kilomètres de la métropole, au large du Canada, "il fait 5 degrés de moyenne pendant l'année, 146 jours de pluie et de neige. Je pense qu'assez rapidement, ça va amener tout le monde à réfléchir", ajoute celui qui est actuellement en campagne pour la présidence des Républicains face au ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau.
"Bien évidemment, cette mesure d'éloignement de l'Hexagone devra s'accompagner d'un vrai allongement de la durée de rétention, comme nos parlementaires l'ont proposé. C'est 18 mois en Italie, illimité au Royaume-Uni", conclut le président du groupe La Droite républicaine à l'Assemblée.
"Le bagne de Cayenne, c'est loin et tant mieux"
Sa proposition a fait rapidement réagir la classe politique. Saint-Pierre-et-Miquelon, "c'est la France, pas une prison ou un centre de rétention", s'est indigné le ministre des Outre-Mers, Manuel Valls, dans un communiqué. "Aucun territoire français ne mérite d'être traité comme une zone de relégation", dénonce-t-il, ajoutant que "l'exil forcé, c'est une méthode de colon, pas d'élu de la République. Le bagne de Cayenne, c'est loin et tant mieux".
"Aucune campagne interne ne doit conduire un responsable politique - qui a exercé de hautes missions gouvernementales et dont je connais le talent - à mépriser un territoire de la République."
Manuel Valls, ministre des Outre-mer
La leader du Rassemblement national Marine Le Pen a aussi réagi sur X(Nouvelle fenêtre) : "La place des OQTF, c'est dans leur pays... sûrement pas dans un territoire français. Les habitants de Saint-Pierre-et-Miquelon ne sont pas des sous-citoyens".
Le député de l'archipel, Stéphane Lenormand, a déploré sur le même réseau social(Nouvelle fenêtre) le "mépris" du député de Haute-Loire pour les habitants de l'archipel. "Quel mépris pour les outre-mer !", a-t-il ajouté. "Les OQTF c'est dans leur pays qu'il faut les renvoyer, pas dans le nôtre. Et c'est un descendant de bagnard [français] qui le dit", a également réagi(Nouvelle fenêtre) Nicolas Metzdorf, député Ensemble pour la République de Nouvelle-Calédonie.
A gauche, de nombreuses voix se sont aussi élevées, à l'image du député Alexis Corbière, ex-insoumis désormais écologiste : "Quand le chef de la droite française réinvente le bagne, aboli en 1938 !", s'est-il indigné sur X(Nouvelle fenêtre). Le macroniste Pieyre-Alexandre Anglade, dont la formation fait partie de la même coalition gouvernementale que LR, s'est également insurgé(Nouvelle fenêtre) : "Tout ce qui reste de républicain chez Laurent Wauquiez, c'est le nom de son parti !".
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