Lafayette nous voilà !!!...
«Mort à la gauche» : à Paris, une extrême droite clairsemée rend hommage à Charlie Kirk
Entre slogans recyclés, discours convenus et assistance famélique, l’extrême droite française a tenté ce vendredi 19 septembre de transformer le rassemblement en l’honneur de la figure trumpienne assassinée en tribune politique.
Ne pas laisser retomber le soufflet de la récupération politique.
Après les heures d’antenne sur la bollosphère, les empilements de tweets indignés de Le Pen, Bardella, Ciotti et de la fachosphère en général, c’est au tour du rassemblement d’«hommage» à Charlie Kirk. Un évènement monté à la va-vite par l’extrême droite ce vendredi 19 septembre à Paris mais qui, sur place, avait – aussi – des allures de meeting. Pour mobiliser, en sus du «martyr» du leader de la jeunesse trumpienne assassiné le 10 septembre, les réseaux pro-Trump français à la manœuvre avaient repris le thème de la «liberté d’expression» pour surfer sur la manifestation identitaire monstre du week-end dernier à Londres. Les figures de la radicalité étaient aussi là :
des identitaires Damien Rieu et du collectif Némésis à l’ex-soralien Vincent Lapierre, en passant par les jeunes RN-compatibles du syndicat étudiant La Cocarde. L’objectif était de faire de belles images, mais aussi de bander les muscles.
Las, il n’y a finalement pas eu besoin de sortir le boulier pour les compter.
Sous le soleil et par un mercure élevé pour la saison, ils n’étaient que peu nombreux, sans doute à peine 200 personnes, à se serrer sur le cours la Reine (VIIIe arrondissement), au pied de la statue de Lafayette. Le «symbole de l’amitié entre la France et les Etats-Unis» mis en avant par les organisateurs, Republicans Overseas, la branche française du parti républicain américain.
Mémoire de «Charlie Hebdo» détournée
Sur place, ce recoin de la petite contre-allée située en face d’une entrée de service du Grand Palais, tout près des Champs-Elysées, fourmillait de vieux messieurs bien mis, de jeunes femmes BCBG et de jeunes hommes à la coupe bien rase. Tous ont écouté religieusement les discours attendus des têtes d’affiche du jour. Quelques spectateurs appartenant à la frange la plus radicale de la mouvance étaient de la partie, à l’image de jeunes femmes, dont certaines membres du groupuscule néofasciste Luminis, qui ont déployé sans sourciller une banderole «Je suis Charlie» sur fond d’hymne américain. Le même slogan avait été utilisé sur le visuel de l’événement, s’appropriant les mots qui avaient mobilisé la planète entière pour défendre la liberté d’expression au lendemain de l’attentat contre le journal satirique, en janvier 2015.
Après quelques personnalités américaines, dont le porte-parole de l’ambassade, venus parler de leur «martyr», le ton est devenu plus politique quand les influenceurs ont pris la parole.
Sur scène, Damien Rieu, téléphone à la main tel un rappeur de seconde zone, a convoqué la mémoire «des Vendéens massacrés par la terreur rouge» dont on se demande bien ce qu’ils viennent faire là. En tout cas, un spectateur a jugé bon d’hurler «Mort à la gauche» pour y répondre. «Ce qui est arrivé aux Etats-Unis arrivera en France», a prétendu Mathilda, porte-parole du groupuscule Némésis,
oubliant qu’en France comme outre-Atlantique, c’est l’extrême droite qui tue dans l’immense majorité de violences politiques.
Jeunes de la Cocarde bien présents
La succession de prises de parole sur la «menace antifa» qui, c’est bien connu, ferait régner la terreur dans les rues, continue de convaincre les convaincus. Autre «hit» du soir : l’air du «on peut plus rien dire», chanté en chœur par un aréopage vu sur CNews ou chez Hanouna, entendu sur Europe 1 ou Sud Radio, hantant les colonnes du JDD. «Plus fort» aura été finalement le seul slogan lancé par la foule face à un micro défaillant.
Toujours mal à l’aise quand il s’agit de prendre position, le RN demande habituellement à ses troupes de se tenir éloignées des manifestations, et plus particulièrement de ces raouts radicaux. Les jeunes de la Cocarde, vivier du parti, étaient pourtant annoncés et bien présents avec leur président Edouard Bina. Anne Sicard et Eddy Casterman, députés du petit parti de Marion Maréchal, Identité-Libertés, un satellite du lepénisme, ont également tenu à passer une tête. Ce qui n’est pas surprenant car ces mêmes élus ont fait leur beurre sur les réseaux sociaux du courrier envoyé en début de semaine au ministre de l’Intérieur pour lui demander (notamment) d’armer légalement certains des orateurs du soir face une hypothétique menace des «antifas» et des «transactivistes». Une sorte de service après-vente en somme.
https://www.liberation.fr/politique/mor ... AQZO3GM4I/