Petit cachottier...
Ce que Nicolas Sarkozy a oublié de vous dire dans le communiqué publié avant son incarcération
Peu de temps avant de disparaître derrière les portes de l’établissement, l’ancien chef de l’État a diffusé un message… tout aussi vindicatif que caricatural.
POLITIQUE - Un «
scandale judiciaire », un «
chemin de croix »… Ce mardi 21 octobre, Nicolas Sarkozy est en prison. Mais avant de disparaître derrière les portes de la Santé, l’ancien chef de l’État a diffusé un dernier communiqué sur ses réseaux.
Un message à la fois combatif, vindicatif, mais aussi caricatural, et parfois mensonger. On vous le décrypte, point par point, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article.
«
Je suis innocent »
Le 25 septembre dernier, Nicolas Sarkozy a été reconnu coupable d’association de malfaiteurs dans le cadre du procès libyen par le tribunal de Paris. Il a été condamné à cinq ans de prison ferme avec exécution provisoire, une condamnation en première instance pour laquelle il a fait appel.
«
Ce n’est pas un ancien président de la République que l’on enferme ce matin, c’est un innocent », assure pourtant Nicolas Sarkozy dans son message. S’il va bien dormir en prison à partir de maintenant, et donc même avant son procès en appel, l’ancien chef de l’État est cependant toujours présumé innocent, jusqu’à la condamnation définitive.
Mais être innocent, et être présumé innocent, en droit, ce sont bien deux choses différentes.
Une affaire « sans financement » illégal ?
« Voilà donc une affaire de financement illégal sans le moindre financement », ajoute-t-il ensuite. Là encore, Nicolas Sarkozy joue avec le flou. L’ancien président a effectivement été relaxé pour financement illégal de campagne électorale. En revanche, il a été reconnu coupable d’avoir laissé deux de ses plus proches collaborateurs se rapprocher de la Libye de Kadhafi pour financer sa campagne présidentielle de 2007.
D’un côté, les juges ont établi qu’il y avait bien eu des flux d’argent depuis la Libye.
De l’autre, selon le jugement, des espèces non déclarées ont bien circulé dans la campagne de Nicolas Sarkozy. Mais pour les juges, la procédure n’a pas démontré de manière « indubitable » que ces espèces étaient issues de fonds libyens.
Par ailleurs, aucune preuve non plus ne montre que Nicolas Sarkozy ne savait que ces espèces circulaient, même si son trésorier Éric Woerth était, lui, bien au courant. L’ancien président de la République a donc été relaxé.
Un « faux » document
Pour Nicolas Sarkozy il s’agit d’une « instruction judiciaire au long cours lancée sur la base d’un document dont la fausseté est désormais établie ». Le document en question est révélé par Mediapart en 2012. Une note officielle du régime libyen datée de 2006 qui établit noir sur blanc la conclusion d’un accord pour soutenir Nicolas Sarkozy dans sa campagne présidentielle. Elle promet aussi un financement pouvant aller jusqu’à 50 millions d’euros.
«
C’est la note qui surtout révèle un élément fondamental à savoir une rencontre secrète à Tripoli de Brice Hortefeux avec un terroriste condamné par la justice française, raconte Fabrice Arfi journaliste à Mediapart sur le plateau de BFM TV le 29 septembre. Et cette rencontre secrète est l’un des fondements de la condamnation de Nicolas Sarkozy. »
Dans son jugement rendu le 25 septembre, la présidente du tribunal a expliqué ne pas s’appuyer dessus, car il était « probablement faux ».
Il n’a donc ni pesé dans les réquisitions du parquet ni dans le jugement rendu. Par ailleurs, même si la présidente émet ce doute, par le passé, la justice, saisie par Nicolas Sarkozy lui-même, a affirmé par trois fois qu’il ne s’agissait ni d’un faux matériel ni d’un faux intellectuel.
La théorie du complot
« J’éprouve une peine profonde pour la France qui se trouve humiliée par l’expression d’une vengeance qui a porté la haine à un niveau inégalé», peut-on lire en fin de communiqué. Depuis sa condamnation, Nicolas Sarkozy crie au complot, accusant Mediapart, le PNF, les magistrats d’acharnement.
Un discours contre la justice qui rappelle celui de Marine Le Pen, lors de sa propre condamnation en première instance et qui s’est banalisé dans la classe politique.
Mais alors y a-t-il une cabale générale contre Nicolas Sarkozy ? Difficile à croire quand on retrace le palmarès judiciaire de l’ancien chef de l’État encore embourbé dans plusieurs affaires et déjà condamné dans deux autres :
de manière définitive dans l’affaire des écoutes, et en première instance puis en appel pour l’affaire Bygmalion. La cour de Cassation doit maintenant rendre sa décision le 26 novembre.
https://www.huffingtonpost.fr/politique ... 56229.html