Je lis avec un certain soulagement le jugement que vous portez sur le Hamas.Once a écrit : ↑26 octobre 2025 09:07 Bonjour
Très incomplètement et très mal.
Vous faites exprès ?Donc vous considérez nécessairement que la création de l'état d'Israël est la faute originelle, CQFD.
J’ai clairement répondu à l’un de vos arguments principaux sur la notion de « responsabilité » concernant tout ce qui a tourné autour de la création de l’état d’Israël et de ses origines profondes et je vous rappelle ce que j’ai écrit plus haut : rebelote !
« Ce n'est pas à Israël qu" incombe "la faute originelle" quand on remonte loin dans le temps: c'est à l'Occident, à 2000 ans d'antisémitisme qui ont causé la nécessité d'un refuge où les Juifs du monde entier seraient enfin en paix. Problème, gros problème, immense problème : le lieu choisi - il n'a pas toujours été question de la Palestine d'ailleurs- et la manière dont les choses se sont passées à partir de la Déclaration Balfour : la violence, l'imposition par la force tout au long du mandat britannique. Avec de multiples révoltes arabes qui ont toujours été violemment réprimées par les britanniques. »
Donc, vous rebondissez complètement de travers sur cette analyse. Pourtant, c’est une réponse argumentée sur une question qui vous préoccupe constamment : celle des responsabilités. Et qui est une excellente préoccupation d’ailleurs puisqu’ elle incite à réfléchir.
Là encore, vous interprétez très mal.Vous condamnez le plan de partage de l'ONU, vous ne comprenez pas comment on a pu installer une nation juive dans un endroit pareil.
Je ne condamne pas le plan de partage de l’ONU en 47 : j’explique ses tenants et ses aboutissants (la mauvaise conscience occidentale de n’avoir su et pu protéger ses Juifs durant deux millénaires– quand elle ne les as pas persécutés- et le désir de leur trouver un refuge… en refilant la patate chaude aux Arabes de Palestine.) Nuance ! Et elle n’est pas mince.
Tiens, au fait : le si généreux plan de « partage » : oui, justement. Profitons-en pour l’examiner d’un peu plus près, ce « plan de partage » que l’on reproche tant aux Arabes de Palestine d’avoir refusé (comme s’ils auraient dû l’accepter!) : était-il si équitable pour les Palestiniens ?
Voyons cela d’un peu plus près : Répartition des terres :
• 55 % du territoire à l’État juif ;
• 45 % à l’État arabe.
Or, les Juifs possédaient alors environ 7 % des terres et formaient un tiers de la population.
De plus, près de la moitié de la population de l’État juif prévu aurait été arabe.
Par ailleurs, examinions d’un peu plus près tout le littoral réservé aux Juifs ( Tel Aviv, Jaffa etc) :
C’était la partie la plus riche de toute la Palestine et de très loin : lieux des grands ports commerciaux pour le transit du pétrole venant d’Irak etc, région riche de grandes villes marchandes et des grands échanges commerciaux vers… l’Occident. Pas fous les Anglais ! Ils se retirent en 48 mais gardent de précieuses cartes en mains avec un allié relais occidental installé au bon endroit et qui leur sera précieux dans cette région du monde sur les plans politique et économique.
Mais là encore, c’est une part d’Occident qui dupe les Arabes. Et ce n’était pas une première : avant la Déclaration Balfour de 1917, le Royaume-Uni avait effectivement laissé entendre aux dirigeants arabes qu’il soutiendrait l’indépendance des peuples arabes de l’Empire ottoman, y compris possiblement en Palestine.
Promesse jamais tenue !
Encore un raccourci franchement tendancieux mais l’on va mettre les pendules à l’heure. Vous en êtes toujours au 7 Octobre et au Hamas.Et à partir de là, vous ne cessez de parler de "résistance arabe". On dirait que vous n'êtes pas si loin de considérer le Hamas comme un mouvement de "résistance".
1) La « résistance arabe » n’a pas commencé avec le Hamas qui, lui, relève d’une toute autre définition : elle a commencé au début du XX° à la suite de la Déclaration Balfour. Et elle a d’abord été une résistance diplomatique et politique avant le passage aux armes.
En effet, pour les Arabes palestiniens, cette promesse est perçue comme une trahison :
• Ils venaient d’être encouragés à se révolter contre les Ottomans (révolte arabe, 1916), en échange d’une indépendance arabe promise par les Britanniques.
• Or, la Déclaration Balfour contredit ces promesses et semble ignorer l’existence politique du peuple arabe de Palestine.
Dès 1918 :
• Des délégations de notables palestiniens (comme Mousa Kazim al-Husseini) adressent des pétitions et lettres de protestation aux autorités britanniques et à la Société des Nations.
• Création des premières associations nationales arabes, telles que :
◦ Le Club arabe de Jérusalem (al-Nadi al-‘Arabi) ;
◦ Le Mouvement musulman-chrétien, symbole de l’unité interconfessionnelle palestinienne contre le sionisme.
Mais rien ne se passe : leurs démarches demeurent vaines .
Alors, les révoltes arrivent : Premières émeutes et révoltes armées (1920-1921)
Deux exemples :
- pendant la fête religieuse de Nabi Moussa, de grands rassemblements arabes à Jérusalem se transforment en manifestations anti-sionistes et anti-britanniques.
• Des affrontements éclatent entre Arabes et Juifs → plusieurs morts et blessés.
Réaction britannique : répression du mouvement, arrestation de dirigeants arabes, dont Haj Amin al-Husseini, futur grand mufti de Jérusalem.
Conséquence : début de la méfiance généralisée entre communautés et radicalisation du mouvement palestinien.
Les émeutes de Jaffa (mai 1921)principal port palestinien.
• Déclenchée par une manifestation ouvrière juive qui dégénère en affrontements entre Juifs et Arabes.
• Bilan : environ 90 morts et 200 blessés, principalement des Juifs.
• Réaction britannique : suspension temporaire de l’immigration juive, reconnaissance de la profonde hostilité arabe au projet sioniste.
Et elle seront suivies de beaucoup d’autres.
Dans les années 20/30, la résistance alterne entre moyens pacifiques (pétitions, congrès, boycott) et violences populaires spontanées contre les colons et les Britannique.
Mais La résistance devient plus structurée politiquement :
• Fondation du Congrès arabe palestinien (1919-1928), réclamant l’indépendance et l’arrêt de l’immigration juive.
• Émergence de familles dirigeantes (notamment les Husseini et Nashashibi), jouant un rôle central dans la mobilisation politique.
Etc etc etc
2) Le Hamas des années 2000 à aujourd’hui : même si il est perçu comme un organisme de résistance par un grand nombre de Palestiniens (mais aussi par une grande partie des populations arabes des pays voisins d’Israël) c’est un organisme terroriste à l’idéologie islamiste clairement morifière pour plusieurs raisons :
a) Son idéologie est celle des Frères Musulmans et elle est totalitaire (et l'on ne veut surtout pas de cela en France !)
b ) Il souhaite la totale éradication de l’état d’israël (et on peut sous-entendre : du maximum de Juifs qui va avec) : on ne peut pas admettre cela.
c) Ses méthodes ne relèvent pas de la résistance mais du terrorisme puisqu’il s’en prend délibérément à des civils.
d) Et il est temps d’être clair au sujet de la différence à faire entre « Résistance » et « Terrorisme » : quand une personne (ou une organisation) lutte politiquement d’abord contre une oppression manifeste et des injustices manifestes d'un plus puissant : c’est de la résistance. Quand elle finit par prendre les armes à la suite de la non prise en compte de ses revendications politiques, c’est de la résistance tant qu’elle s’en prend aux représentants de cette oppression (police, armée). Si un jeune palestinien s'en prend à un policier ou à un soldat israélien en Cisjordanie, cela peut-être considéré comme de la résistance même si Israël le qualifiera de "terroriste". Oui mais : dès lors que le gars jette une bombe dans une pizzeria frappe essentiellement fréquentée par des civils, cela devient clairement du terrorisme.
Le 7 Octobre est un acte de terrorisme perpétré par une organisation clairement terroriste : le Hamas.
Hai capito, amico ? O dovrei ripetermi ?
Edit : ceci étant dit et bien posé, (et pour passer à présent du registre de l'individu ou d'une organisation à celui d'un état) : même si un état a le droit d'utiliser la force, dès lors qu'il utilise des méthodes propres à terroriser une population civile en tuant des civils, on peut dire alors qu'il devient un état terroriste : c'est le cas de l'état d'Israël dès lors que sa réaction légitime au 7 Octobre dépasse les limites de l'acceptable depuis plus d'un an. C'est aussi le cas de la Russie en Ukraine.
Même s'il ne suffit pas de s'attaquer à l'armée ou à des policiers pour se revendiquer "résistant" mais j'imagine qu'on pourra aussi être d'accord là-dessus.
Pour la création d'Israël, votre propos est un peu plus incompréhensible.
Vous avez donné tous les arguments possibles et imaginables contre le plan qui a pu aboutir à la création d'Israël sur le territoire de la Palestine mais... vous ne condamnez pas ce plan
Vous expliquez longuement qu'un état juif n'aurait jamais du se trouver là mais... la faute originelle n'est pas pour vous la création d'Israël
Alors j'ai bien vu que vous argumentez sur l'antisémitisme occidental, la Shoah, etc. Je ne vois pas la pertinence de remonter jusque là, ça me paraît un peu hypocrite.
Les cours magistraux ne sont pas inintéressants mais vos points de vue mériteraient de temps en temps d'être clarifiés.

