La loi du silence Le volumineux rapport qui accable l'église catholique - France 2
Les abus sexuels commis par des membres des ordres religieux étaient "rarement portés à l'attention du ministère de l'Education par les autorités religieuses en raison d'une culture du silence", regrette la Commission d'enquête.
"Quand le personnel religieux commettait des abus, le problème était plutôt traité avec des procédures disciplinaires internes et avec la loi canonique. La Gardai (police irlandaise) n'était pas mise au courant", ajoute-t-elle, soulignant que "des hommes ayant déjà commis des abus sexuels quand ils étaient membres d'ordres religieux continuaient à exercer en tant qu'enseignants".
"La honte extrême" du primat d'Irlande
"Je suis profondément désolé et j'éprouve une honte extrême", a déclaré dans un communiqué le primat d'Irlande, le cardinal Sean Brady, assurant que la hiérarchie catholique "restait déterminée à faire tout le nécessaire pour faire de l'Eglise un lieu de sécurité, de vie et de joie pour les enfants".
Le ministère de l'Education "complice du silence"
Le rapport stigmatise également le ministère de l'Education qui, "dans les rares occasions où il était informé, se rendait complice du silence". Réagissant pour le compte du gouvernement, le ministre de l'Education, Batt O'Keeffe, a présenté sa "sincère et profonde compassion" aux victimes, s'engageant à "tirer les leçons du passé".
L'une des victimes, John Kelly, a quant à elle estimé que "rien dans ce rapport n'était significatif en termes de justice rendue". Un organisme mis sur pied par le gouvernement parallèlement à la commission d'enquête a déjà versé près d'un milliard d'euros de dédommagements à 12.500 des quelque 14.500 victimes qui se sont manifestées.
Abus sexuels, humiliations, mauvais traitements...
Les pensionnaires étaient "dénigrés et humiliés quotidiennement" et leurs draps souillés montrés en public. Les fratries étaient séparés et les contacts avec les familles limités. Les enfants souffraient "souvent de la faim". Les logements étaient glacials, spartiates et lugubres". Les sanitaires étaient rudimentaires.
Outre les abus sexuels, le rapport dénonce également de nombreux autres mauvais traitements, qu'ils aient été physiques, tels "des punitions corporelles sévères", ou mentaux. Les enfants étaient soumis à des "pratiques humiliantes" qui faisaient régner un "climat de peur".