La Montagne
Il avait tiré deux coups de fusil, le 15 août, à N******. Un homme de quarante ans, père de trois enfants, a été condamné à neuf mois de prison ferme, hier après-midi, par le tribunal correctionnel.
Ce soir-là, Dominique P**** a eu envie de « faire de la place ». Sauf que dans le jargon de ce bûcheron de *******, c'est autre chose que de remiser quelques meubles au garage. Le 15 août, en pleine nuit, il a empoigné sa carabine et des munitions, avec une idée fixe : « Je voulais aller voir mon beau-frère, qui est aussi l'employeur de ma femme, pour qu'il arrête de l'exploiter. Je voulais lui faire peur. »
" Délire armé "
Cet homme à l'air placide, travailleur mais qui concède un « problème d'alcool », ne mesurait sans doute pas les conséquences de ses actes. Son « délire armé », comme l'a qualifié le procureur de la République, hier après-midi, a tout de même mobilisé vingt-cinq gendarmes et mis en alerte le GIGN...
Le soir des faits, c'est une dispute conjugale qui a mis le feu aux poudres. « A cause du stress, du ras-le-bol? », explique Dominique P***** qui, excédé par son épouse, a fini par tirer une cartouche de fusil « à l'extérieur de la maison. Après, elle me l'a pris (le fusil, NDLR) et c'est là que je suis parti voir mon beau-frère avec ma carabine. »
" J'en ai une dans ma ligne de mire "
L'expédition punitive a été interrompue par un coup de fil : « Les gendarmes m'ont appelé », se souvient le prévenu, qui laisse au président Michel le soin de lire le reste des propos qu'il a tenus aux militaires : « Je veux récupérer mon permis de conduire. Je vous laisse un quart d'heure. Je suis en face d'un bar de Com******, il y a trois personnes en terrasse. J'en ai une dans ma ligne de mire. »
Du bluff puisque Dominique P***** était encore tout près de chez lui. Suffisamment en tout cas pour voir un gendarme sortir de sa maison. « J'y suis allé et j'ai dit que c'était plus la peine de me chercher. Et j'ai tiré en l'air. Ensuite, on est rentré et on a discuté. »
La version des forces de l'ordre n'est pas tout à fait la même. Selon elles, Dominique P***** les aurait bien braquées avec son arme et menacées de mort. Une jeune gendarme, âgée de 22 ans, a même dû arrêter le travail pendant dix jours « tellement elle était choquée » a fait remarquer son avocate, Me D****.
Cette soirée surréaliste s'est finalement achevée sans trop de dégât. Le forcené a été arrêté « non sans difficulté », alors qu'il se proposait de « payer un café » aux gendarmes?
Cinq mois plus tard, Dominique P****** s'excuse. A l'hôpital puis à la maison d'arrêt de Montluçon, où il fabrique des pinces à linge, il a eu le temps de réfléchir. « Il a été mis à l'écart assez longtemps, pense son avocate, Me S****. Il n'a qu'une envie, c'est de retrouver son travail, son exploitation. Ce jour-là, il était dans une logique suicidaire. Il ne faut pas verser dans le sensationnel. C'était un acte fou, certes, mais pas l'acte d'un forcené. Plutôt celui d'un désespéré. »
