Petite tribune qui apporte un éclairage nouveau (enfin pour moi

) sur cette histoire de chocolatine (oui vraiment, c'est plus fort que moi, je ne peux pas lui donner un autre nom à cette merveilleuse viennoiserie

)
Bonjour à tous,
Je n’en avais pas encore parlé - non pas que je me sois endormi sur l'actualité - mais je voudrais ce soir revenir avec vous sur cette histoire de pain au chocolat qui est venu animer le débat des primaires à l'UMP.
Pour ceux qui – contrairement à moi - auraient dormi, je vous remets dans le contexte, Jean-François Copé a enflammé les réseaux sociaux en évoquant, pendant un meeting, l'histoire d'un garçon qui se serait fait "arracher son pain au chocolat" par des voyous essayant de lui imposer par la force le jeûne musulman du ramadan.
Personne n’est dupe, c’est au moment où il était en perte de vitesse dans la course à la tête de l’UMP que Jean-François Copé a dégainé l’artillerie lourde.
Après avoir évoqué le cas de ce jeune garçon, sans doute imaginaire, le politicien français a été accusé de courtiser l'électorat du Front national.
Et c’est ce qu’il voulait, en tout cas, il souhaitait nous faire croire qu’il n’est pas de cet Establishment si souvent dénoncé par Jean-Marie Le Pen.
Analysons la technique, car tout n’est que technique et le texte de son intervention.
D’abord le lieu : Draguignan, dans le Var… comme un hasard ? bien sur que non… pour parler à la droite de la droite mieux vaut être sur ses terres et ça tombe bien, sur la côte d’azur, on y respire quelques relents nauséabonds.
Alors le texte : "Il est des quartiers où je peux comprendre l'exaspération de certains de nos compatriotes, père ou mère de famille rentrant du travail le soir, apprenant que leur fils s'est fait arracher son pain au chocolat par des voyous qui lui expliquent qu'on ne mange pas pendant le ramadan", a donc déclaré le secrétaire général de l'UMP lors d’un meeting à Draguignan.
Cette formule qui fleure bon une France éternelle prise d’assaut jusque dans ses symboles les plus anodins n’est ni hasardeuse, ni spontanée.
Cette formule a été savamment concoctée pour créer le buzz et relancer la campagne sur le flanc droit de François Fillon.
La technique : le meeting de Draguignan a été retransmis en direct sur le site de Jean-François Copé – pour être vu et re-vu - puis la formule a été raccourcie pour tenir en 140 caractères pour être diffusée sur Twitter.
La petite phrase a depuis été abondamment commentée sur les réseaux sociaux, où nombre d’internautes ont dénoncé les appels du pied d’un Jean-François Copé aux abois en direction des électeurs du FN l’enfermant dans la posture de celui qui dénonce ce que d’autres n’oseraient pas dire explicitement.
Pourtant le nouveau chantre du "racisme anti-blanc" avait déjà évoqué le cas de collégiens empêchés de goûter en paix à la sortie des écoles pour cause de ramadan dans son livre "Manifeste pour une droite décomplexée".
Mais moins préparé, l’argument n’a pas fait mouche.
Je re-cite du Jean-François Copé – ça fait deux fois ce soir…
"Je pense à ces parents d'élèves traumatisés parce qu'un de leurs fils, qui prenait son goûter à la sortie du collège, s'est fait arracher sa nourriture des mains par une bande de jeunes qui se prenait pour une brigade iranienne de promotion de la vertu : pas pendant le ramadan !, avait-elle ordonné", écrit-il en page 41.
La formule a donc volontairement été re-calibrée pour plus d’impact.
Les "parents d’élève" sont devenus des personnes "rentrant du travail le soir" afin de cibler plus précisément un électorat de travailleurs populaires, que l’extrême droite présente invariablement comme exaspérés par les étrangers et les "assistés sociaux".
Un pain au chocolat incarne désormais le fameux "goûter arraché" pour frapper les esprits.
Le simple croissant au beurre était peut-être trop connoté symbole musulman.
Enfin, il n’est plus question de collège ni de sortie d’écoles. Et là c’est drôle parce qu’il faut remonter jusqu’en 2009 pour retrouver un mois de ramadan qui coïncide avec les périodes scolaires.
L’homme qui prétend ne pas faire dans la langue de bois est en tout cas bien entouré par des spin doctors.
D'où mon affirmation que ce garçon n’existe pas et relève bel et bien de l’imaginaire de Jean-François Copé.
Décidément, il devient de plus en plus difficile de croire dans la spontanéité du personnel politique.
Ah, c'est beau la com' politique

Il n'y absolument aucun mérite à exciter les gens. Le vrai héros c'est celui qui apaise.
La laïcité n'est pas une conviction mais le principe qui les autorise toutes, sous réserve du respect de l'ordre public.