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Je ne te connais pas intimement et ne peux lire dans l'esprit des gens. Mais j'ai tout de même envie de te répondre - en m'éloignant du sujet initial, désolé.Peut-être que j'ai pu craindre les réaction de désapprobation de mes interlocuteurs mais rarement au point de n'en craindre que de l'hostilité. Avoir du mal à exprimer son amour ou simplement sa gratitude fait partie aussi de la timidité. L'exhibition des sentiments dans mon milieu familial "c'est pas le genre de la maison" si tu vois ce que je veux dire.
Une difficulté dans l'expression d'un sentiment personnel à l'encontre d'un individu reste dans l'optique de ce processus d'auto-défense (que ce soit de l'amour, de la gratitude, ...). L'auto-défense inclut la perspective d'une attaque extérieure :
- Si le milieu dans lequel tu te trouves ne te met pas en confiance, tu appréhendes le fait que la structure entière te rejette car tu n'entres pas dans la norme de l'acceptabilité. Dans ce cas c'est moins à toi de faire un effort qu'aux membres de l'ensemble même (pour la famille : un par un en leur exposant tes sentiments ou bien en présence d'un spécialiste); si personne n'y parvient il faut la fuir, du moins trouver de la confiance ailleurs. La famille ne fait normalement pas partie de cette classe, elle est justement un foyer rassurant où l'un des membres comprend et dont le jugement n'effraie plus; l'absence de cette base est difficile à supporter.
- Si le milieu dans lequel tu te trouves te met normalement en confiance (famille habituelle, amis proches), la timidité se base donc sur l'expérience du passé, comme décrite plus haut (une vieille hostilité te hante, tu ne la crains pas forcément). Le travail à accomplir est personnel. Néanmoins nous sommes des êtres de communication : craindre une désapprobation n'est pas censée bloquer ton expression dans un tel cadre, tu es effrayé à l'idée de renvoyer une image négative de ta personne aux interlocuteurs au-delà de la simple réaction qu'il te sera donné de voir. C'est la réaction supposée qui effraie, l'imagination crée de l'angoisse. Tu ne souhaites pas blesser un égo déjà léger, c'est de l'économie.
A mon sens il n'y a de "peur de mal faire" qu'en la prise en compte du regard des autres.
Tu as a priori l'idée de l'expression lorsque tu es timide : tu imagines la scène, tu sais qu'il est commun d'agir de telle ou telle sorte. Le souci c'est le détail que confère l'expérience, la pratique; une expression qui va de plus en plus loin c'est un affaiblissement de l'hésitation et de fil en aiguille, la timidité disparaît - pour ensuite donner des résultats surprenants. C'est un véritable travail de découverte à accomplir couplée à une plongée dans une peur de l'inconnu indissociable de cet acte.
Il y a évidemment la timidité découlant d'un traumatisme humain. Dans ce cas la barrière des relations humaines ayant déjà été franchie, ce n'est pas la franchir à nouveau qui pose problème (puisque l'expérience est déjà connue) mais effacer l'image persistante d'un Autre perturbateur, dans une sorte de confrontation à une phobie de l'être humain ...