avrilou a écrit : Où comment déformer mon propos juste pour suivre la tendance...j'espère que tu auras droit à un bon point!
Je n'ai aucun mépris pour les gens exploités, bouffés par leur boulot, fatigués et qui passent leur temps libre à dormir devant la télé ou ailleurs, aucun mépris non plus pour les productifs qui ont tout donné, leur énergie, leur santé pour finalement une retraite tardive et pas toujours le temps d'en profiter.
D'abord parce qu'à des niveaux différents, c'est la condition de la plupart d'entre nous dans ce système marchand, le conditionnement commence à l'école et se termine à la maison de retraite.
Et ensuite parce qu'il ne s'agit pas de juger mais de reconnaître cette servilité, ce que tu sembles incapable de faire parce que toi, tu es un homme libre!
Et tu continues à te raccrocher à des chiffres sans tenir compte de l'empiètement du travail (direct ou indirect) sur notre temps libre et nos vies privées, décrit plus haut.
Je suis pleinement d'accord avec toi. L'emploi salarié, pour lequel j'établis une distinction avec le travail, est un thème essentiel de notre vie.
Au-delà de la stigmatisation opérée à l'encontre de ceux n'en possédant pas et qui se retrouvent par là exclus du système dans lequel nous vivons, l'emploi salarié occupe une place prépondérante dans notre vie (trop importante ?). Nous nous formons du plus jeune âge jusqu'à parfois 30 ans afin d'acquérir un emploi salarié.
Une fois celui-ci acquis, nous l'exerçons 5 jours de la semaine sur 7 (avec 5 semaines de congés par an, à peine un mois sur 12) dans des horaires qui sont bien souvent calés durant la majeure partie de la journée.
Le matin au réveil est consacré à notre préparation afin de nous rendre à notre travail et au trajet que l'on emprunte pour celui-ci (parfois plusieurs heures de la journée ne servent qu'aux trajets). Le soir en rentrant nous sommes lessivés et nous écroulons sur le canapé devant notre télé à attendre l'heure de se coucher pour recommencer une journée similaire à celle que nous venons de vivre (après avoir mangés notre plat tout préparé du fait du manque de temps et/ou d'énergie pour préparer un vrai repas). Le rythme métro-boulot-dodo n'est pas un mythe. N'envisageons pas de sortir nous promener ou de mener une activité parallèle car la fatigue nous assaille et la pensée se trouve parasitée par le fait que le lendemain on remet ça.
Notre moral au quotidien dépend de notre bien-être dans l'exercice de notre emploi. Qu'une journée professionnelle se déroule mal pour que l'on ne se sente pas bien de retour au sein du foyer et qu'ensuite l'on fasse subir notre malaise à notre entourage pourtant innocent.
Pendant de nombreuses décennies les journées se suivent et se ressemblent entre-coupées de périodes de vacances, minces échappatoires à notre quotidien monotone, qui nous font partiellement et provisoirement oubliés l'asservissement que l'on subis. Toute notre vie dépend du travail salarié. La première question qu'un inconnu nous pose lors du départ d'une conversation : "qu'est ce que tu fais dans la vie" ?
L'utilité de notre emploi est quasi invisible. Nous n'avons pas l'impression que ce que l'on fait possède une importance cruciale dans la bonne tenue de la société et cette non-impression d'utilité, l'absence de fierté dans ce que l'on fait est un frein mental à la motivation (finalement uniquement financière) qui nous pousse à exercer notre profession. Cette sensation de vie en pause est déprimante lorsqu'au quotidien elle nous assaille.
Bien sûre je généralise à outrance mais c'est bien là ce que ressentent beaucoup de gens, dont moi le premier
