Dernier message de la page précédente :
Et pour aller plus loin j'ai trouvé un peu à l'arrache quelques articles sur ce qu'on entend par "hasard" "finalisme" et "déterminisme".Les différents "hasards" pour parler de l'évolution:
https://www.erudit.org/revue/ltp/2005/v ... 578ar.html
Il n’existe pas et il n’a jamais existé une théorie biologique ayant prétendu expliquer l’évolution des espèces par le hasard, sans autre spécification. Une telle idée n’apparaît jamais que dans un contexte polémique, où des savants, philosophes ou théologiens qui n’aiment pas telle ou telle théorie de l’évolution, la lui imputent. Ceci ne veut pas dire que la notion de hasard n’intervient pas dans l’explication des phénomènes évolutifs. Elle y a presque toujours été présente, notamment dans les versions successives de l’approche darwinienne de l’évolution.
2
La notion de hasard est notoirement ambiguë, en sorte qu’il n’y a pas grand sens à parler de manière générale du rôle du hasard dans l’évolution, comme on le fait trop souvent. Deux conditions doivent être remplies pour que la question de la relation entre hasard et évolution ait un sens. Il faut en premier lieu préciser en quel sens on entend le mot « hasard ». Il faut par ailleurs préciser les contextes scientifiques où les diverses notions du hasard sont utilisées. Faute de satisfaire ces deux exigences, analytique et contextuelle ou, si l’on préfère, philosophique et scientifique, les déclarations générales sur le rôle du hasard dans l’évolution biologique sont stériles.
-----
Stephen Jay Gould a mis l’accent sur la « contingence » de l’évolution à l’échelle des temps géologiques. L’immense succès de cette formule ne garantit pas pour autant sa rigueur. Je pense que les paléobiologistes et les évolutionnistes qui ont repris la thèse de la contingence de l’histoire de la vie à une grande échelle ont mélangé deux idées, qu’on peut dissocier à la lumière des concepts de hasard que j’ai mis en avant.
21
Lorsqu’ils parlent de la contingence de l’histoire de la vie, les paléobiologistes veulent d’abord dire que cette histoire, si elle était rejouée d’autres fois, aurait vraisemblablement un autre cours, et pourtant nous utiliserions les mêmes hypothèses explicatives générales, en particuliers des schèmes d’explication darwiniens, pour expliquer ces histoires différentes. Ceci tient à l’importance et à la complexité des conditions initiales qui interviennent dans les explications évolutionnistes. Si l’on apprécie cette situation épistémologique de manière optimiste, il est possible de dire, comme l’ont fait un certain nombre de philosophes de la biologie, à commencer par moi-même[8], que la biologie est fondamentalement une science historique, c’est-à-dire une science dans laquelle les schèmes explicatifs ultimes sont des schèmes de causalité historique plutôt que des schèmes nomologiques. Autrement dit, tout se résout en dernière analyse dans des chaînes d’événements irrémédiablement singulières. Mais on pourrait aussi dire que cette situation montre à quel point la documentation paléontologique est sous-déterminée par les théories explicatives disponibles, ce qui reviendrait à dire que les théories ne sont pas assez puissantes pour rendre compte des grandes classes de phénomènes auxquelles on a affaire. Ces phénomènes sont dès lors « contingents » par rapport aux théories dont on dispose. Ils sont comme ils sont. Nous retrouvons là la troisième notion de hasard plusieurs fois évoquée. Les faits débordent la capacité explicative des théories disponibles.
L’autre domaine de recherche que nous voudrions brièvement signaler est celui de l’évolution chaotique d’un certain nombre de systèmes biologiques. Dans de nombreux domaines, qui vont de la génétique théorique des populations et de l’écologie théorique à la modélisation des phénomènes paléobiologiques, on tend à faire une place significative aujourd’hui à des modèles non linéaires. De tels modèles conduisent à conférer un degré élevé d’imprévisibilité aux phénomènes, soit parce que leur modélisation met en oeuvre des équations dont les solutions divergent en fonction de modifications infimes dans les conditions initiales, soit parce qu’elles n’ont pas et ne peuvent pas avoir de solution (situation que les mathématiciens connaissent bien depuis les travaux de Poincaré). S’il s’avérait que de tels modèles fussent justifiés dans de nombreuses situations en évolution, il y aurait lieu de souligner là une notion de hasard différente de celles que nous avons examinées.
En conclusion, il est légitime de soulever deux questions. D’une part les diverses modalités du hasard que nous avons identifiées dans le discours évolutionniste sont-elles vraiment distinctes, ou peuvent-elles se ramener à l’unité ? D’autre part, s’agit-il d’un hasard subjectif, c’est-à-dire d’un hasard dû aux limites de notre pouvoir de connaissance, ou d’un hasard objectif ? Les deux questions sont liées. À première vue, toutes les formes de hasard que nous avons évoquées semblent relever d’un hasard subjectif : la chance du jardinier ou du mutant avantagé n’est du hasard qu’au regard de notre connaissance limitée de l’ensemble des séries de causes et d’effets. De même, le hasard stochastique de la dérive aléatoire n’est un hasard que parce que nous n’avons qu’une vision massale et statistique de ce phénomène. La dérive aléatoire des généticiens n’est pas un hasard radical comme celui de la mécanique quantique, c’est un hasard qui résulte de notre incapacité à suivre dans le détail toute la série des événements physiquement déterministes qui interviennent dans la production des gamètes. Enfin la notion de contingence relativement à un système théorique est de manière explicite une reconnaissance de la capacité limitée des modèles théoriques disponibles.
Si tous ces hasards sont subjectifs, il est donc tentant de dire qu’ils renvoient en définitive à diverses situations d’imprévisibilité dont chacune illustre la limitation de notre connaissance.
À première vue, toutes les formes de hasard que nous avons évoquées semblent relever d’un hasard subjectif : la chance du jardinier ou du mutant avantagé n’est du hasard qu’au regard de notre connaissance limitée de l’ensemble des séries de causes et d’effets.
Après, reste le hasard de la mécanique quantique, qui brise toute idée de cause déterministe. Parce qu'à la rigueur, le hasard dans la théorie de l'évolution, ça ne remet pas vraiment en cause le déterminisme...en revanche, en mécanique quantique, c'est radical...d'ailleurs heureusement qu'il n'est pas question de "vie" dans ce domaine, sinon tu aurais pu véritablement venir les titiller sur le hasard
Des articles intéressants:
http://scienceetreligion.com/chaos-hasa ... terminisme
Finalisme/déterminisme/hasard
http://cerbi.ldi5.com/imprimersans.php3 ... i.ldi5.com