Once a écrit : ↑17 juin 2024 22:46
Kelenner a écrit : ↑17 juin 2024 20:50
La majorité des électeurs RN n’est pas du tout au désespoir. Y a qu’à voir ici, ce ne sont que cadres supérieurs, propriétaires fonciers, écoles privées et tout le tintouin, y a aucun prolétaire dans le lot. MLP a grandi dans un château et papa Bardella a gavé son rejeton du pognon de l’entreprise familiale.
Ce sont soit des idéologues dangereux, soit des caprices d’enfants gâtés.
Une grande majorité des électeurs du RN vit ans une France rurale ou peri urbaine qui vient de s'exprimer de manière radicale pour de nombreuses raisons : il suffit de regarder une carte de la France issue des dernières élections européennes pour s'en convaincre.Il y a longtemps que des observateurs et des sociologues se sont penchés sur cette France là et l'ont décryptée : je pense aux ouvrages de Jérôme Fourquet
Depuis des décennies, cette France se sent déclassée et humiliée par l'hégémonie culturelle, économique et sociale de la gauche urbaine.
Son tour est venu avec un besoin de revanche et de reconnaissance dont elle ne bénéficiera pas car elle sera vite trahie par ceux qu'elle va élire.
Parce qu'au fond, elle est tout autant méprisée par les cadres du RN qui s'en servent comme base électorale et qui la relégueront à son triste sort une fois arrivés au pouvoir.
L'objectif du RN n'est pas tant l'amélioration de ces Français là que de s'engager dans une nouvelle bataille : celle de viser à une hégémonie culturelle, sociale et sociétale de droite et d'extrême droite remplaçant celle de la gauche ayant prévalu en France depuis 1981 environ.
Le corps électoral de Trump c'est un peu ça. Comme celui d'Erdogan en Turquie.
Tout ceci est juste mais incomplet. La répartition géographique du vote RN est insuffisante pour comprendre le phénomène dans son ensemble. Certes, ils sont forts chez les "petits blancs" de la France périphérique, mais principalement dans les départements dans l'orbite lointaine des grandes villes, avec une identité locale très faible et une population mobile qui se sent "reléguée" par défaut dans une zone où elle ne souhaite pas vivre : typiquement, des départements comme l'Eure, l'Aisne, l'Oise, le Loiret. Des populations socialement proches, mais vivant dans des départements moins "repoussoir", avec une implantation plus ancienne, sont moins perméables au discours "revanchard" typique du RN : c'est le cas du Maine-et-Loire, par exemple.
Par ailleurs, les électeurs RN des ces zones ne SONT PAS exclusivement des "petits", loin s'en faut, et c'est important de le dire. Il y a des travailleurs modestes, beaucoup "d'assistés" qui préfèrent cracher sur d'autres "assistés" sans voir la poutre dans leur oeil, et également un électorat très ancien de petits notables locaux, des agriculteurs gavés de subventions, des artisans et petits entrepreneurs qui pleurent sur leurs "charges" et embauchent au black, des commerçants poujadistes, autant de gens qui n'ont pas de réelles difficultés financières. Leur électorat est complexe, voire contradictoire, ce qui explique les errements idéologiques d'un parti qui chercher à se métamorphoser en même temps que ses électeurs.
En revanche, ton analyse sur l'objectif à long terme du RN est juste. Ils ont besoin de cette population pour imposer leurs thèmes et leur vision de la société, mais ils ne s'en soucient guère -comme dans la plupart des autres partis, les cadres nationaux ne sont pas issus de ce monde, l'ignorent et le méprisent.