Victor a écrit : ↑11 septembre 2025 12:19
Trinquer avec une militante pro-hamas qui défend donc toutes les atrocités commises par
cet ignoble mouvement terroriste,
1) D'abord une précision préalable :
moi aussi je considère le Hamas comme un groupe terroriste et je vais expliquer pourquoi.
Parce qu'il s'en prend indistinctement à des militaires mais aussi à des civils. Et le 7 octobre, c'étaient à 90 % des civils innocents.
Ceci dit et étant bien posé, le Hamas n'est pas considéré comme une organisation terroriste par tous les états de la terre. Loin de là. Ainsi, la Russie, la Turquie,
la Norvège, le Brésil, la Chine, la Syrie, les Philippines et d'autres pays ne reconnaissent pas le Hamas comme une organisation terroriste.
Le RU, quant à lui, établit une différence entre la branche armée du Hamas (considérée comme terroriste) et sa branche politique. C'est dire à quel point la question divise : rien d'étonnant à ça quand il s'agit de dictatures comme la Russie ou la Chine etc , plus étonnant quand il s'agit de la Norvège.
2)
Pour préciser mon propre point de vue : toute situation d'oppression, d'injustice, de domination et d'occupation peut légitimer une réaction à cela. C'est de la résistance. Mais attention : tant qu'elle s'en prend à des représentants de cette oppression (militaires et policiers), c'est de la résistance. Dès lors qu'elle concerne des civils (même en terme de "victimes collatérales") c'est du terrorisme. Le 21 août 1941, au métro Barbès, un jeune communiste Pierre Georges tire à bout portant sur un militaire de la Marine allemande, l'aspirant Alfons Moser : à ma connaissance, c'est le premier acte de résistance française à l'occupation allemande. Pour les Allemands, c'est de suite considéré comme un "acte terroriste". Pour moi (et je ne suis pas le seul) : c'est de la résistance à une situation donnée.
3) Tout cela pour dire que si le Hamas ne s'en était pris qu'à des militaires israéliens le 7 octobre, son action aurait pu mériter un autre qualificatif que celui de "terroriste" : cela n'a pas été le cas. Cela a bien été une action terroriste que l'on peut légitimer de crime de guerre et de crime contre l'humanité. Et - quand on connaît un minimum l'histoire du peuple juif- on peut comprendre que ça a réveillé des souvenirs insupportables au peuple israélien (tous les pogroms qu'il a subis au cours des siècles jusqu'à la Shoah)
4) Il y a eu un attentat palestinien contre des civils il y a quelques jours à Jérusalem Est annexée par Israël faisant 6 victimes (et aussitôt applaudi par le Hamas ) :
c'est un acte terroriste.
5)
Par contre, si des Palestiniens s'en prennent à des militaires israéliens (et rien qu'à eux) couvrant les implantations de colons en Cisjordanie annexée, cela devra être considérée comme de la résistance à une occupation illégitime.
Le problème étant que l'acteur dominant du conflit (c'est à dire : l'état d'Israël) dira, lui, que c'est du terrorisme. Comme l'Allemagne nazie avait elle-même qualifié d'acte terroriste l'assassinat (pourtant ciblé sur un militaire occupant) l'acte du résistant Pierre Georges : et la répression allemande a été terrible (fusillades d'otages communistes mais aussi ... premières rafles de juifs considérés comme des complotistes)
6) Il faut cogiter un minimum là dessus :
c’est que l’acte de qualifier des groupes ou des individus n’a rien de neutre : il s’agit en réalité d’un processus politique charriant des dynamiques de domination et de résistance et illustrant les relations de pouvoir qui s’exercent entre les parties opposées d’un conflit. L'asymétrie de puissance se reflète dans le discours, où les assignations portent des conséquences concrètes et souvent dramatiques pour les parties faibles et les peuples qu’elles prétendent représenter.
La terminologie « terroriste », particulièrement, de par le flou délibéré qui l’entoure, participe à l’expulsion des désignés du champ moral des locuteurs, invisibilise l’asymétrie des rapports de force, efface l’historicité des conflits et occulte les dynamiques internes aux groupes désignés - ouvrant la porte à la mise en place de mesures liberticides et mortifères.