Victor a écrit : ↑31 mars 2020 12:36
Je pense qu'il faut aussi regarder ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas ou mal dans l'économie réelle.
La science économique n'est pas qu'une science théorique.
Justement, mes idées prennent leurs sources à partir d'observations assez simples.
Pour moi le système économique actuel fonctionne mal et arrive en bout de course.
La montée des mouvements nationalistes (que tu qualifies de populistes) prend sa source dans la précarité des classes populaires et dans l'accroissement des inégalités. Lorsque je parle d'accroissement des inégalités, parce que je te vois venir, je ne parle pas des inégalités entre nation qui, elles, tendent à se réduire mais bel et bien des inégalités entre individus au sein des différents pays développés et émergents.
L'incapacité du système économique actuel à inclure dans son fonctionnement les problèmes écologiques, la recherche de profit pour arroser les actionnaires à coup de dividendes (je parle des multinationales et pas des PME évidemment) est prioritaire sur le respect de l'environnement et par là devient prioritaire sur la vie sur Terre.
L'explosion d'un nombre de mouvements sociaux inédits un peu partout à travers le globe et une perte de confiance assez affolante envers les décisionnaires politique.
En ce qui concerne mon expérience personnelle, je n'ai pas une trajectoire classique, dans le sens où je n'ai pas eu une trajectoire linéaire dans le milieu universitaire. J'ai arrêté durant 5 ans mes études pour les reprendre ensuite.
Durant ces 5 années, j'ai travaillé dans de nombreux domaines différents (en particulier pour pouvoir m'offrir le droit de voyager un peu partout à travers le globe), que ce soit en tant qu'ouvrier sur des chaînes de production, en tant qu'ouvrier agricole dans le milieu viticole, en tant qu'employé dans une mutuelle et dans une boutique d'un gros groupe.
Ce qui m'a interpellé à travers ces expériences, c'est la manière dont la recherche perpétuelle de davantage de profits impactent directement la qualité de travail des salariés. Lorsque j'étais ouvrier à la chaîne, la direction n'hésitait pas à accepter toute les commandes des clients tout en évitant les coûts liés à la maintenance des machines, ce qui a entraîné de nombreuses heures supplémentaires et des moments d'intense galère.
Idem lors de mon passage dans une boutique Hema, où le droit du travail était sans cesse bafoué. En moyenne, 3 jours sur 5, il y avait 20 minutes de travail supplémentaire tout les soirs afin de compter les caisses car nos horaires prenaient fin, non pas à la fin de notre journée de travail mais à la fermeture du magasin. Certains collègues faisaient des heures supplémentaires non rémunérés à cause du manque de main d'oeuvre, les employés représentant pour l'entreprise avant tout des coûts et non un investissement.
Mon grand-père est mort de l'amiante, il a remporté son procès fasse à la boîte avec au bout un départ à la retraite avancé mais il n'a pas pu en profiter puisqu'il en est finalement décédé. Aujourd'hui j'ai repris le dossier judiciaire et c'est encore en cours après de longues années.
Tout cela pour dire que notre modèle est complètement déconnecter du réel, la dictature des chiffres n'en finit plus.
Beaucoup d'universitaires travaillent sur l'épistémologie en économie, il en ressort une croyance affolante envers les chiffres et une défiance importante envers les études plus qualitative.
"Etre de gauche c'est d'abord penser le monde, puis son pays, puis ses proches, puis soi; être de droite c'est l'inverse" Gilles Deleuze